Retour sur l'affaire Zyed et Bouna

Publié le 28 Mai 2015

Retour sur l'affaire Zyed et Bouna

Le Drame

 

Le 27 octobre 2005, 10 jeunes rentraient chez eux après avoir joué au foot, parmi eux Zyed, Bouna et Muhittin. Pressés, ils prennent un raccourci par un chantier. Un homme les aperçoit et craignant pour leur sécurité - le chantier étant dangereux -, appelle la police. Deux minutes plus tard, un policier en civil, Flash-Ball à la main était déjà en train de poursuivre les jeunes. Ces derniers prennent peur, la police n’est pas tendre en ces lieux, et se faire attraper un jour de ramadan n’est pas une bonne idée. La B.A.C. (Brigade Anti-Criminalité) lance la course-poursuite, cinq voitures au total sont déployées. Les trois plus rapides réussissent à s’enfuir en direction de la centrale EDF, mais sont encerclés de tous les côtés. Il ne leur reste qu’une seule solution : se cacher dans la centrale.

 

Mais la police ne lâche pas prise, un appel est lancé : « Deux individus sont localisés. Ils sont en train d’enjamber pour aller sur le site EDF. Il faudrait cerner le coin… Oui je pense qu’ils sont en train de s’introduire sur le site EDF… Il faudrait ramener du monde, qu’on puisse cerner un peu le quartier quoi. Ils vont bien ressortir… En même temps, s’ils entrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau. » Ils étaient au courant donc du danger qui menaçait les trois garçons, mais ont préféré maintenir la pression.

 

Apeurés, encerclés, chassés, les trois jeunes restent cachés pendant une bonne demi-heure, avant d’être électrocutés. Un seul survivant, Muhittin, qui sort alors de la centrale, gravement brûlé, va chercher des secours. Entre temps, la police est rentrée au commissariat, comme si de rien n’était. « Aucun délit, ni tentative de délit n’avaient été commis par les jeunes », l’affaire est close pour eux, ils n’ont nullement l’idée de prévenir EDF afin qu’une équipe puisse intervenir, ce qui aurait peut-être pu sauver les garçons.

 

Le bilan est grave : deux morts. Les banlieues s’embrasent et l’État, avec son Ministre de l’Intérieur Sarkozy, souffle sur les braises au lieu d’apaiser la situation. Dans ce climat de tension, un attentat se produit contre une mosquée. C’est la goutte qui fait déborder le vase, les émeutes éclatent, et avec elles, les répressions violentes.

 

L’Injustice

 

Durant le procès des policiers, débuté le 16 mars dernier, sont souvent revenues les mêmes remarques et les mêmes questions :

 

  • Zyed et Bouna étaient-ils des délinquants ?

  • Pourquoi les jeunes se sont-ils enfuis à la vue des policiers ?

 

Tout était mis en place pour que ce soit, non plus le procès des policiers mis en examen, mais le procès de ces deux jeunes, qui ont connu suffisamment de contrôles au faciès et de violences policières pour avoir le réflexe de fuir à la vue de la B.A.C avant que cela ne dégénère en une énième bavure.

 

Dans le hall du tribunal, à l’issue du verdict du 18 mai 2015, grande incompréhension et l’impression, qu’une fois encore, les « banlieusards », comme on aime à les appeler, ces exclus de la République, n’ont pas le droit à la Justice. C’est pourtant de Justice qu’avaient besoin ces familles. Et l’on comprend mal ce qui a poussé les juges à prononcer la relaxe alors que les preuves étaient bien là. Les policiers ont préféré se taire en ne portant pas assistance à deux jeunes innocents. Encore une occasion ratée de montrer que la police n’a pas juste pour mission d’interpeller et mettre en garde à vue, mais surtout de venir en aide à la population.

 

Plus qu’un verdict juridique, c’est un constat politique qui se confirme : deux mondes coupés l’un de l’autre, antagonistes et étrangers et la manifestation du pouvoir de l’un sur l’autre. Il y a dix ans, Sarkozy appelait à « karcheriser » la banlieue, autrement dit à une « épurer » celle-ci. Son action en tant que ministre de l’Intérieur puis Président n’a fait que renforcer l’apartheid social présent dans notre pays.

 

En 2005, l’on avait assisté à trois semaines d’émeutes un peu partout sur le territoire, déclenchées par un terrible sentiment d’injustice, et qui en appelaient à la reconnaissance et au respect du droit fondamental à la vie. Protestation morale contre la police, ses comportements, sa violence et son racisme latent qui n’est que la traduction de politiques discriminatoires et de discours haineux et stigmatisant.

 

Dix ans plus tard, rien n’a changé et c’est toujours avec la même colère que les familles, les jeunes et la population cherchent à comprendre.

 

Pour éviter des drames futurs et lutter contre les injustices subies par les habitants des quartiers populaires, la Jeunesse Communiste appelle au rassemblement contre la ghettoïsation et pour un service public plus proche des populations.

 

https://www.youtube.com/playlist?list=PLesGts17DXSSNjlgQIWCcLBRRqHLM4Lg2

 

 

Le Mouvement des jeunes communistes du Bas-Rhin.

Rédigé par Union des étudiants communistes de Strasbourg

Publié dans #Antiracisme

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