Restauration universitaire : la situation se dégrade à la rentrée 2015

Publié le 28 Septembre 2015

Restauration universitaire : la situation se dégrade à la rentrée 2015

Chaque rentrée marque de nouvelles dégradations pour la restauration universitaire strasbourgeoise. Le constat est simple : l’austérité frappe de plus en plus les étudiants même dans un domaine qui devrait être sécurisé !

Fermetures, hausses du prix et formules « CROUS burger »

Le prix du ticket des restaurants universitaires (RU) du CROUS a encore une fois augmenté de 5 centimes, ce qui porte le tarif standard à 3,25€, et cela sans que les services de restauration se soient améliorés en conséquence. Le prix unitaire du ticket CROUS a augmenté de 45 centimes depuis l’année universitaire 2007-2008, alors que la situation générale de la restauration n’a fait que se dégrader.

À Strasbourg, la situation demeure particulièrement précaire. Le RU Pasteur est toujours fermé, en interdisant ainsi l’accès à une restauration universitaire de proximité aux étudiants de la faculté de médecine, de l’école d’architecture ou de l’ÉNA. Mais c’est la situation du RU Esplanade qui a le plus surpris les étudiants lors de cette rentrée 2015, en proposant des formules très chères sur le modèle de la restauration rapide. La dérive du « CROUS burger » que nous avions déjà dénoncé (http://uecstrasbourg.over-blog.com/2014/09/les-conditions-de-vies-des-etudiants-se-degradent-l-afges-sort-de-son-hibernation.html) n’est plus juste un spectre qui hante le campus mais c’est désormais un fait accompli. La formule « pâtes/pizza + entrée » à 3,20€ en 2014-2015 a été transformée en « pâtes/pizza + entrée + boisson » à 4,50€ pour l’année 2015-2016 ! Même constat pour la formule « végé/bio » qui passe également à 4,50€. La possibilité pour les étudiants de choisir leur menu à un prix abordable est gravement limitée et en plus on les incite à consommer des boissons sucrées, et cela malgré les engagements moralisants du CROUS quant à promouvoir une alimentation saine et équilibrée.

C’est la confirmation du passage d’une restauration de qualité à une restauration rapide même dans le domaine universitaire : les CROUS étant obligés de faire des économies pour faire face aux déficits, ils seront obligés de proposer des formules « burger » plus rentables pour eux mais plus chères pour les étudiants !

Le CROUS reprend la gestion du RU La Gallia

La nouvelle est tombée lors de cette rentrée 2015 : après 5 ans de conflit entre l’AFGES et le CROUS de Strasbourg, c’est ce dernier qui reprendra la gestion du RU La Gallia. Un rapport de la Chambre régionale des comptes d’Alsace avait dénoncé en 2011 une gestion opaque et structurellement déficitaire du RU de la part de l’AFGES. Les problèmes dans la gestion du RU avaient été confirmés lors du placement en « chômage technique » de 10 salariés de La Gallia qui dépendaient de l’association.

Dans le nouvel accord, le CROUS reprendra la gestion de l’activité de restauration sociale du RU, alors qu’il siégera avec l’AFGES et la direction de l’Unistra dans un « conseil de direction » pour piloter et animer le restaurant.

Nous saluons la reprise de La Gallia par le CROUS, qui permet de séparer finalement la gestion du RU des activités associatives de l’AFGES. Nous saluons également l’engagement du CROUS à réintégrer les travailleurs licenciés et la mise en place du conseil de direction. Le compromis que ce dernier représente est acceptable en principe, permettant à l’AFGES de continuer à développer ses projets d’animation de la vie étudiante, l’ouverture d’une nouvelle épicerie solidaire et de la cafétéria du Minotaure. Pourtant nous nous réservons des doutes quant aux engagements du CROUS pour que La Gallia reste un RU abordable pour tout le monde. Dans le contexte de crise budgétaire actuelle et du démantèlement des services pour les étudiants, la reprise de la gestion du RU par le CROUS ne signifie en rien une gestion de qualité ni des tarifs abordables. Combien de temps devront-nous attendre avant que le CROUS ne propose aux clients de La Gallia des formules burger ?

Dégradation des conditions de travail et privatisations

Le manque criant de financements gouvernementaux pour assurer le fonctionnement du CROUS est en train de remettre en cause le service public de la restauration universitaire. Après la baisse de 10 millions d’€ de budget de fonctionnement pour l’année 2014, un gel des crédits (une « mise en réserve ») a entrainé une baisse des moyens des CROUS quant à leur budget de fonctionnement pour l’année 2015. Les effets néfastes sont évidents.

D’un côté, les CROUS ne sont plus capable de garantir à leurs travailleurs des conditions de travail dignes et plusieurs dégradations ont été constatées par les syndicats : gels de postes, individualisation des salaires et des carrières, généralisation des CDD mal rémunérés, mobilité accrue des CDI pour pallier aux absences, externalisation des services, etc.

De l’autre côté, vu que les projets gouvernementaux de privatisation des CROUS tardent à s’appliquer, c’est alors l’exclusion tout court des CROUS de la gestion des nouveaux projets de restauration universitaire qui s’impose pour assurer la rentabilité. C’est le cas de l’Eurométropole et de la direction de l’Université de Strasbourg qui ont fait le choix d’exclure le CROUS du projet de rénovation de la Tour Seegmuller (qui deviendra « Maison Universitaire Internationale »). La Cité-Universitaire sera gérée par Amitel alors que les restaurants qui devraient être placés au rez-de-chaussée ne seront certainement pas des RU publics, mais ils seront gérés directement par des entreprises privées. Des tarifs plus chers pour les étudiants et le manque de RU de proximité dans le quartier du Neudorf, où existent d’importantes Cités Universitaires (Weiss 1, Weiss 2, Cattleyas, Bruckhof) seront au menu pour cette année universitaire.

L’augmentation des tarifs sans une augmentation des services, les fermetures de RU, les formules « CROUS burger », la généralisation de la malbouffe plus rentable et la privatisation de la restauration universitaire ne sont rien d’autre que le visage de l’austérité dans nos campus, qui empêche l’accès des étudiants à une restauration de qualité, de proximité et financièrement abordable.

L’Union des Étudiants Communistes de Strasbourg lutte contre la casse des CROUS et du service public de la restauration universitaire. Nous refusons l’augmentation du ticket du RU et nous exigeons son retour immédiat à 2,50€. Nous sommes solidaires des mobilisations des agents du CROUS pour l’amélioration de leurs conditions de travail et nous organiserons la colère étudiante face aux formules « malbouffe » trop chères !

UEC Strasbourg

Rédigé par Union des étudiants communistes de Strasbourg

Publié dans #Université

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