Concert de Black M à Verdun : la seule perdante est la vérité historique !

Publié le 24 Mai 2016

Concert de Black M à Verdun : la seule perdante est la vérité historique !

Le débat s’enflamme autour de la pertinence du concert du rappeur Black M à Verdun le 29 mai, lors de la cérémonie officielle de commémoration de la bataille homonyme (février - décembre 1916). Face aux menaces de l’extrême droite (FN, GUD, fdesouche.com, etc.), accusant le chanteur de tenir des propos « anti-France », le maire de Verdun a décidé d’annuler le concert, malgré le soutien de François Hollande lui-même.

Mais tout ce débat n’est qu’un leurre. Il a été alimenté jusqu’à atteindre des proportions démesurées justement car il arrange tous les participants. Ce débat était exactement ce qu’il fallait tant au gouvernement qu’aux fascistes pour faire oublier le véritable enjeu des cent ans de Verdun : l’analyse autour des causes qui ont porté 700.000 hommes français et allemands à mourir pour une guerre qui n’était pas la leur. Ceux qui ne veulent pas de Black M, ainsi que le gouvernement qui a tenté d’imposer sa présence, sont les deux faces d’une même pièce. Une fois de plus les groupuscules fascistes s’avèrent les idiots utils du système. Avec cette querelle, ils offrent au gouvernement l’excuse pour pouvoir enfin détourner le débat sur ce qui a vraiement été la Grande Guerre, et le résoudre à une question de pertinence d’un concert et de ce que sont les « valeurs de la France ».

Face aux volontés d’oublier les causes de la grande boucherie de Verdun lors de sont 100ème anniversaire, l’heure est au contraire à la lucidité dans l’analyse des événements qui ont pu produire un tel drame.

Les poilus ont été envoyés au massacre pour satisfaire les besoins impérialistes de la bourgeoisie française et de son gouvernement. Le prétexte de la défense nationale a été utilisé pour se lancer dans une guerre avec laquelle la France entendait faire barrage à l’expansionnisme économique de la bourgeoisie allemande. Leurs ennemis, les soldats allemands, ont été envoyés au massacre eux aussi pour satisfaire les appétits impériaux croissants de la bourgeoisie du deuxième Reich. Cette dernière était entravée dans son expansion économique et coloniale par un statu quo international hégemonisé par France et Royaume-Uni. Dans les deux camps, la guerre a servi aussi de prétexte pour museler le mouvement ouvrier et socialiste et faire croire que l’intérêt de prolétariat et bourgeoisie à la défense nationale était le même.

Avec leur victoire et la capitulation des institutions « républicaines », les groupuscules fascistes remportent la bataille idéologique autour du sens historique de Verdun. L’image des poilus en tant que fervents patriotes et défenseurs de la nation, et dont l’honneur héroïque serait à porter en exemple, offusque l’autre image, la vraie, celle des poilus en tant que prolétaires envoyés à mourir pour les intérêts de la classe bourgeoise.

Au delà de toute réflexion inutile sur les tactiques militaires de tel ou tel camp qui ont pu porter au massacre, ce dernier est avant tout la responsabilité des gouvernements de guerre, utilisés pour résoudre dans le conflit mondial les intérêts divergents des bourgeoisies des Etats en lutte, visant à obtenir par la guerre le contrôle sur une économie en voie de mondialisation.

Qui est alors le vrai gagnant de la querelle autour du concert de Verdun ? C’est encore une fois la classe capitaliste, que pour les 100 ans du massacre qu’elle-même a causé réussit une fois de plus à se soustraire de toute analyse critique. Les débats et les attaques politiques se sont concentés sur un rappeur et pas sur les atrocités que des intérêts économiques concurrents ont pu générer dans le passé et qui génèrent encore aujourd’hui. Rater l’analyse historique sur Verdun, c’est rater l’identification de ce qui a toujours provoqué les conflits armés et qui continue à les générer : le capitalisme.

Conscients de l'horreur impérialiste de la Première Guerre mondiale, nous estimons qu’un moment festif est tout à fait inapproprié. Cette querelle est révélatrice du libéralisme libertaire qui gangrène la société. À travers ce concert, les autorités voulaient nous dire que certes la guerre est horrible, mais que ce n’est pas grave car on peut penser à autre chose et s’amuser, en évitant surtout de réfléchir et tirer les enseignements du passé. Or, il y a un temps pour tout : un temps pour le recueillement, pour la réflexion, et un temps pour l'amusement. On ne peut pas mélanger les deux. Le massacre de centaines de milliers d’hommes méritait autre chose que la venue de Black M. L’invitation d’un artiste qui fait débat a été du pain béni pour les forces de la réaction, gouvernement et groupes fascistes, qui ont su profiter de l’occasion pour détourner l’attention médiatique autour d’un concert plutot que sur les atrocités de Verdun.

A tous ceux qui ne veulent pas réduire la journée du 29 mai à une simple commémoration de l’inexistant héroïsme patriotique des poilus ni à un moment de fête et concerts, nous proposons l’alternative de la vérité historique, seule à pouvoir donner les clés pour comprendre le présent et le changer. Parce que nous ne voulons plus des Verdun, nous commémorons les poilus en tant que victimes de la guerre impérialiste hier, et victimes de la propagande ultra-nationaliste d’aujourd’hui. L’exemple de Verdun n’aura pas servi à un changement dans la politique extérieure de la France tant que celle-ci sera toujours dans les mains de la bourgeoisie. Les gouvernements de la classe capitaliste continuent à envoyer des soldats français aux quatre coins du monde sous prétexte d’interventions humanitaires, cachant la défense ou la conquête de nouvelles positions économiques. Le renversement de cet état de choses est aujourd’hui plus que jamais nécessaire pour construire un monde de paix et de fraternité entre les peuples.

 

Mouvement Jeunes Communistes du Bas-Rhin et Union des Etudiants Communistes de Strasbourg

Concert de Black M à Verdun : la seule perdante est la vérité historique !

« Quels sont les antagonismes qui ont jusqu'à présent été la cause de guerre, et qui en seront la cause tant qu'ils subsisteront ? C'est la concurrence capitaliste universelle, la concurrence entre différents groupes de puissances capitalistes, l'antagonisme des intérêts entre des systèmes capitalistes rivaux convoitant les richesses de la terre (matières premières, main-d'œuvre, marchés). Mettons donc un terme à cette concurrence, en faisant des richesses du globe le patrimoine commun de l'humanité ! Substituons au capitalisme qui divise la société en classes et en hordes barbares, vouées à s'entre-détruire, la société socialiste qui réconciliera et unira toutes les familles de l'humanité ! L'édification de cette Internationale de l'avenir, de cette Internationale de la victoire, telle est la mission de l'Internationale militante actuelle dont la révolution sociale est le moyen. Car cette dernière seule peut préparer aujourd'hui la paix et détruire la cause des guerres futures.

Qui veut la fin, veut les moyens.

L'impérialisme et la guerre, ou le socialisme et la paix ! Il n'y a pas de troisième solution. »

(Karl Liebknecht, avril 1918).

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