Les étudiants étrangers n'ont pas besoin d'une fête mais de mesures concrètes !
Publié le 13 Octobre 2016
Il y a quelques jours, les étudiants de l'Unistra recevaient un message de la part d'Ada Reichhart, conseillère municipale et eurométropolitaine déléguée à la Vie étudiante, les informant de la tenue ce jeudi 13 octobre d'une soirée de bienvenue organisée par Strasbourg Aime ses Etudiants et dédiée aux étudiants et doctorants internationaux du territoire. Une initiative bien sympathique que, comme tous les ans, permettra aux étudiants étrangers du campus de se croiser et passer un moment convivial. Pourtant, cette soirée reste le seul engagement de la municipalité et de l'Unistra vis à vis des étudiants étrangers, et ne permet d'aborder aucun des nombreux problèmes qui pourrissent le quotien de ces étudiants.
Certes, le problème est tout d'abord national. Le constat est simple : bien que nos universités accueillent plus de 220.000 étudiants étrangers, l'enseignement supérieur aujourd'hui en France ne considère pas les étudiants français et les étudiants étrangers comme étant égaux. Des barrières à l'accès et à la réussite des étudiants étrangers sont encore en place à cause de dispositions juridiques et de mesure d'exceptions explicitement discriminantes (Décret du 6 septembre 2011, système de Campus France, droits inégaux quant aux droits au redoublement, à la réorientation, à l'accès aux services sociaux). L'accès aux études supérieures en France pour les étudiants étrangers est rendu presque impossible, à moins de prouver par la taille de leur compte en banque qu'il sont en mesure d’étudier en France. Et la loi sur l’immigration de 2015 ne fait que renforcer le pouvoir des Préfectures et crée un titre de séjour pluriannuel sélectif.
Mais localement aussi, à Strasbourg, nous nous battons depuis des longues années contre les refus de délivrance de titres de séjour de la part de la Préfecture du Bas-Rhin. Les autorités préfectorales en effet ne veulent plus tenir compte des parcours universitaires des étudiants pour leur attribuer un permis de séjour. Sans aucune équipe pédagogique en leur sein, leur jugement est alors arbitraire lorsqu'ils évaluent le parcours scolaire d'un étudiant pour décider sur son visa. Par ailleurs, l'adhésion au système Campus France étant facultative, la direction de l'Unistra a enfin décidé d'y rentrer en décembre 2014 (voir notre communiqué : http://uecstrasbourg.over-blog.com/2014/12/le-cfvu-de-l-universite-de-strasbourg-se-presente-comme-ennemi-des-etudiants-etrangers.html). La langue de bois de la direction de l'Unistra est évidente, lorsque d'un côté vante haut et fort son taux exceptionnel d'étudiants étrangers et de l'autre côté adhère à un système de sélection sociale et politique de ces étudiants.
Les conditions des étudiants étrangers sont une question clé à l'heure de la criminalisation de l’immigration dans les discours et dans les politiques gouvernementales. Si la seule réponse de la municipalité et de l'Unistra est une soirée de bienvenue, c’est aux étudiants et aux personnels de l’université d’organiser la solidarité concrète avec les étudiants étrangers, contre le racisme et la sélection sociale sur notre campus. Nous dénonçons la contradiction dans la politique gouvernementale qui d’un côté affirme défendre la liberté de circulation des savoirs mais de l’autre côté applique une politique stricte vis-à-vis des étudiants étrangers. Quelle différence avec le gouvernement Sarkozy ? Nous n’en voyons aucune.
Puisque l'égalité n'est pas un obstacle à la réussite mais en est au contraire la condition nécessaire, nous portons des revendications pour améliorer immédiatement les conditions de vie et d’études des étrangers. Pour en finir avec l’arbitraire des Préfectures quant au non renouvellement des visas, nous revendiquons que la carte d'étudiant donne lieu automatiquement à une vraie carte de séjour pluriannuelle afin que cesse la mise à mal des projets d’études des étudiantes et étudiants qui ne seraient pas en règle aux yeux de l'État. Nous exigeons l’abolition du Décret du 6 septembre 2011, qui impose aux étrangers, pour pouvoir rester à étudier en France, de devoir posséder un montant minimum de 7.000 euros par année universitaire, ce qui les obliges donc à se salarier, souvent en noir et à temps plein, et les pousse à l’échec scolaire. Enfin, nous exigeons les mêmes droits pour les étudiants étrangers quant au redoublement et à la réorientation, l’extension des aides sociaux aux étrangers et une révision du système de Campus France.
Nous n’accepterons jamais qu’un étudiant qui vit ici et qui étudie ici ne puisse pas rester tranquillement dans notre pays avec son projet d’études et de vie. Aucun étudiant doit vivre avec la peur au ventre à cause des politique d’expulsions massives, de non renouvellement des titres de séjour et de refus de délivrance d’autorisation de travail qu’appliquent les Préfectures. Nous luttons pour que tout ceux qui le souhaitent puissent étudier là où ils le veulent, sans avoir à justifier d'un capital économique minimum ou d'un engagement politique conforme aux exigences de la France !
Union des Etudiants Communistes de Strasbourg