Manifestations de policiers : l'impunité ne leur suffit plus !
Publié le 24 Octobre 2016
Depuis le 17 octobre 2016, des policiers de la région parisienne ainsi que ceux des grandes villes de l'Hexagone ont décidé de manifester en armes, cagoulés, en service, illégalement pour dénoncer le « manque de moyens » pour lutter contre la criminalité mais également « l'insécurité » ressentie. Ces manifestations victimaires sont largement suivies par les médias, véhiculant encore et toujours la même idéologie au service de la classe dirigeante. Cette propagande affirme que la police nous protège et cache le fait qu'elle ne soit pas là pour maintenir un ordre social en frappant et humiliant de manière permanente les prolétaires et les racialisés. Cette propagande, nous l'avalons depuis notre enfance. Malgré le fait qu'elle fonctionne assez bien sur la population, les seules soutiens que les policiers ont pu recevoir durant ces manifestations (faibles en nombre) ont été les applaudissements de la bourgeoisie prenant son apéro sur les Champs-Élysées et des idiots utiles du capitalisme, l'extrême droite !
Pour décrire cette institution, Matthieu Rigouste dans son livre « La domination policière » écrit : « Les rondes et la simple présence, l’occupation virile et militarisée des quartiers, les contrôles d’identité et les fouilles au corps, les chasses et les rafles, les humiliations et les insultes racistes et sexistes, les intimidations et les menaces, les coups et les blessures, les perquisitions et les passages à tabac, les techniques d’immobilisation et les brutalisations, les mutilations et les pratiques mortelles ne sont pas des dysfonctionnements ; il ne s’agit ni d’erreurs, ni de défauts de fabrication, ni de dégâts collatéraux. Tous ces éléments sont au contraire les conséquences de mécaniques instituées, de procédures légales, de méthodes et de doctrines enseignées et encadrées par des écoles et des administrations. Même les meurtres policiers sont pour une grande partie des applications d’idées et de pratiques portées par les différents niveaux de la hiérarchie policière et politique. Le mot « police » à lui seul contraint chaque fois qu'il est prononcé et par sa seule existence. Toute la police est violence jusque dans ses regards et ses silences ».
Nous rappelons que la police est un instrument de domination, le bras armé de l’État bourgeois, sa force répressive. Son rôle est plus ou moins dilué dans la vie quotidienne. Tout dépend de notre couleur de peau, du quartier où nous habitons et de nos convictions politiques. Karl Marx donne un tout autre rôle à l’État que la proposition hégélienne voulant que l’État soit le stade suprême de la Logique et incarnant la Raison. Marx affirme au contraire que l’État vient de la société civile et qu'il est le produit d'intérêts socio-économiques. L’État n'est pas un idéal ni une fin en soi, mais c'est est un moyen qui sert bel et bien des intérêts de classe, en l'occurrence la classe dominante. La police est justement l'outil de cet État, ce qui fait tenir en place le capitalisme et qui mate les révoltes. La lutte contre les violences et les abus policiers est indissociable de la lutte pour le renversement de l’État bourgeois par le peuple en arme : l'abolition du rôle de classe de la police et la mise en place des vraies institutions d'autodéfense populaire ne peuvent se faire sans l'abolition du caractère de classe de l’État et sa dissolution.
Aujourd'hui, l'impunité policière ne leur suffit plus. Certains policiers souhaitent que leur comportement violent et leur volonté d'humilier, qui sont avant tout présents quotidiennement dans les quartiers populaires puis lors des manifestations, n'engendre pas l'autodéfense populaire. Ils sont hantés par l'émergence d'une volonté renaissante de ne plus subir les crimes policiers et de s'organiser pour les contrer. Depuis 2005, nous pouvons compter au moins 98 personnes tués par la police1. L'auto-organisation populaire et sa massification pour lutter contre les crimes racistes et les violences de classe est primordiale. Cleo Silver, membre du Black Panthers Party, l'a affirmé clairement: « À un moment donné dans l'histoire, si nos parents ne se défendent pas, quelqu'un doit se lever et se défendre, quelqu'un doit dire : "Nous n'accepterons plus ce type de traitement, nous nous défendrons" et, sans aucun doute, je dirais que c'était une question d'autodéfense, et c'était notre nom : le Parti des Panthères Noires pour l'autodéfense ! ». Aujourd'hui encore, aux États-Unis comme en France, ces mots sont toujours justes. Face aux crimes policiers, nous lutterons encore et toujours avec toute notre ferveur révolutionnaire pour obtenir vérité et justice et d'en finir avec l’État policier.
C. B. pour l'UEC Strasbourg
1Liste des victimes par le collectif « Urgence notre police assassine ! » : http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/123663553