Dans le Haut-Rhin, le bénévolat devient obligatoire pour les titulaires du RSA

Publié le 2 Décembre 2016

Dans le Haut-Rhin, le bénévolat devient obligatoire pour les titulaires du RSA

Ce vendredi 2 décembre, le conseil départemental du Haut-Rhin (68) a annoncé la mise en place du contrat de bénévolat en parallèle du RSA. Ainsi les titulaires du RSA, en collaboration avec des associations, ainsi que les partenaires à l'insertion, devront pour pouvoir percevoir l'aide financière de l’État s'acquitter auprès de la collectivité d'heures de travail bénévoles hebdomadaires (7h/semaine). Cette proposition fut promise par le président du département Eric Straussmann, membre des Républicains-Divers Droite, bien que le Tribunal administratif de Strasbourg s'opposait à cette idée de conditionnement du RSA. Suite à la décision du Tribunal rendue le 5 octobre, défavorable à la mesure de Straussmann, ce dernier a pourtant trouvé un escamotage pour la faire passer : l'obligation de bénévolat devient une "incitation" sur la base de contrats d'engagements réciproques. Nous savons tous comment, en régime capitaliste, une incitation signifie souvent obligation, étant donné l'inégalité des positions entre le demandeur d'emploi et le détenteur des moyens de production (ou, dans le cas de la collectivité, le détenteur des moyens de survie matérielle). Les contrats d'engagement qu'on prétend être réciproques ne le sont pas dans la réalité.

Nous rappelons que le RSA est déversé par l’État, soit payé par le contribuable (par nous tous). Dans une certaine logique, il semble assez illogique de demander à une personne en difficulté de recherche d'emploi d'aider bénévolement pour percevoir une aide payée en partie par ses impôts. Par ailleurs, le simple fait de conditionner le versement du RSA est contraire au principe même d'une aide sociale qui en plus s'inscrit dans une logique de "solidarité".

Deuxièmement, si il y a assez de nombres d'heures à faire bénévolement, pourquoi ne pas plutôt embaucher en 25h ou 35h ? Cela montre l'hyporcrysie qui est au fond de la question : en effet, si il y a des heures à faire bénévolement pour les demandeurs de RSA, c'est que quelque part, il y a du travail qui est disponible.

Troisièmement, la politique libérale qui a été menée par les Républicains et le PS entre 2007 et 2016 est la raison principale de la pauvreté des ménages, de la précarité, du chômage : comment peut-on aussi prétendre que les titulaires du RSA, pour pouvoir vivre dignement via une aide payée par le contribuable, donnent de leurs temps bénévolement ? Eric Straussman, par ce procédé, vient d'inventer un nouveau moyen de créer des emplois encore plus précaires !

Nous voyons déjà l'argument idéologique qui nous sera opposé, qui prétend que le bénévolat permet à celui qui le touche de rester inséré dans la société, de contribuer à celle-ci, à la communauté... Mais aujourd'hui ceux qui s'éloignent voire fuient la société, ce ne sont pas les titulaires du RSA, mais les grands patrons, les évaseurs et fraudeurs fiscaux, qui après avoir touché les cadeaux du CICE et du Pacte de responsabilité et de solidarité foutent le camp, délocalisent et créent des déserts d'emploi.

Le MJCF 67 et l'UEC Strasbourg considèrent que le conditionnement du RSA au bénévolat est une pratique inacceptable. Son éventuelle généralisation ne ferait que profiter au patronat parasite, qui aurait encore plus d'intérêt à créer du chômage pour ensuite profiter du travail "bénévole" obligatoire. Nous soutiendrons les luttes des chômeurs contre cette nouvelle attaque à leur dignité : ce qu'il faut créer, ce sont des emplois stables pour tous, et non pas du servage moderne !

 

Mouvement des Jeunes Communistes du Bas-Rhin et Union des Etudiants Communistes de Strasbourg

Publié dans #Précaires-Chômeurs

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