Message de solidarité de l’Union des Étudiants Communistes à l’Union Générale des Étudiants Burkinabé
Publié le 24 Août 2016
Message de solidarité de l’Union des Étudiants Communistes à l’Union Générale des Étudiants Burkinabé, à l’occasion du Conseil Syndical Ordinaire 24-27 août 2016
Camarade Président de l’UGEB,
Camarades de l’UGEB, étudiants du Burkina Faso et d’ailleurs,
Chers invités,
L’Union des Étudiants Communistes (UEC) se réjouit d’avoir été invitée à ce Conseil Syndical Ordinaire (CSO) de l’Union Générale des Étudiants Burkinabé. Elle regrette de ne pas pouvoir y assister pour des raisons matérielles. C’est pour cela qu’elle vous adresse ce message fraternel.
Nous saluons cette marque de confiance et de solidarité étudiante internationale qui est, nous en sommes persuadés, le départ d’une ferme et solide collaboration dans l’intérêt de nos organisations au bénéfice des élèves et étudiants de nos deux pays. Elle marque aussi une nouvelle étape d’une large solidarité internationale de toutes les organisations étudiantes qui se battent pour la démocratie et la liberté dans l’éducation et pour le progrès social dans le monde entier.
Votre Conseil Syndical aura pour but de faire le point des grands axes dégagés lors du dernier Congrès afin de guider l'orientation de votre organisation pour les deux années à venir. Le thème du dernier congrès, le 27ème Congres Ordinaire, et les décisions prises révèlent la perspicacité de l’analyse que vous faite de l’évolution de la vie socio-politique de votre pays et de l’intérêt que vous y attachez, mais surtout l’importance de la tâche. Cela fait de l’UGEB un acteur déterminant dans l’évolution de la vie sociopolitique au bénéfice du peuple burkinabé dans son ensemble. Cela montre qu’au delà de la lutte pour la défense des intérêts matériels et moraux des étudiants, l’UGEB s’est donnée les capacités d’assumer le rôle qui est le sien au côté du peuple dans ses luttes populaires. Nous avons confiance dans l’UGEB qui a à son actif sa longue et riche expérience militante. Nous vous félicitons de prendre ainsi le temps à la mi-parcours de votre mandat pour faire le bilan des axes du congrès afin de bien accomplir votre mission.
Comme vous le savez, l’élévation du « niveau de conscience politique » des étudiants est le meilleur moyen «pour mieux comprendre l’évolution de la situation nationale » afin de vous « situer correctement dans le camp du peuple en vue de défendre et approfondir les acquis de l’insurrection populaire. », nous ne pouvons douter de l’issue de ce Conseil Syndical. Nous saluons le fait que la lutte pour les intérêts matériels et moraux des étudiants soit liée à l’analyse de la situation politique du Burkina dans son ensemble ; une situation politique qui est actuellement influencée par la crise de la phase impérialiste du système capitaliste mondial.
L’insurrection du peuple burkinabé de 2014 a ouvert un processus révolutionnaire qui est loin d’être fini. Les forces réactionnaires qui veulent s’approprier le soulevement populaire demeurent fortes. Elles ont à leurs côtés les puissances impérialistes qui veulent maintenir sous leur joug le peuple burkinabé afin de continuer à l’exploiter. Le départ de Compaoré et l’échec du coup d’État militaire du septembre 2015 ne signifient pas la fin du régime qui a dominé au Burkina durant 27 ans. La nouvelle période de démocratie, qui s’est ouverte après l’échec du putsch militaire, offre l’opportunité de défendre les acquis de l’insurrection, mais aussi d’ouvrir une brèche pour obtenir de nouvelles avancées populaires.
Depuis le début de l’insurrection, la répression politique a été des plus fortes. Nombre d’assassinats politiques restent d’ailleurs sans vérité ni justice, et cela depuis bien trop de temps. Que ce soit pour Thomas Sankara, pour Norbert Zongo, pour Dabo Boukary, ainsi que pour toutes les autres victimes de l’autoritarisme, nous sommes solidaires de la lutte du peuple burkinabé pour exiger vérité et justice.
Les impérialistes, leurs fers de lance des diplomaties française et américaine, ont soutenu la dictature de Compaoré et le putsch de la RSP pour stopper l'élan populaire. Rappelons que c’est la France qui a exfiltré Compaoré pour le placer auprès de l'autocrate ivoirien Alassane Ouattara. Aucun soutien réel aux luttes populaires du Burkina ne pourra venir des gouvernements impérialistes. Pire encore, l’instabilité créée par le jeu de ces puissances et par les régimes que continuent à l'alimenter est devenu un terrain fertile pour le terrorisme. L'attentat d'Ouagadougou de janvier 2016 en est la preuve. Ces atrocités ne viennent pas seulement de la fragilité de la situation politique actuelle, mais aussi de la déstabilisation qui a perduré pendant les 27 ans de pouvoir de Compaoré, avec ses trafics et ses liens troubles avec des réseaux du banditisme et de l'obscurantisme au Sahel, le tout sous l’appui silencieux de l’Occident.
Une fois de plus, face au terrorisme et à ses causes qui demeurent éminemment politiques, la riposte doit être populaire et doit s’attaquer à l’impérialisme dans toutes ses formes. Le peuple burkinabé nous a montré le chemin. Nous saluons sa détermination, qui a su renverser la dictature en octobre 2014 et qui a su mettre en échec le putsch militaire en septembre 2015. Nous rendons hommages aux victimes de la répression qui sont tombées dans l'insurrection populaire. Cette dernière et l'échec du putsch militaire sont un espoir pour le Burkina Faso et pour l'ensemble du continent africain. Elles posent les bases pour en finir avec la corruption, le clientélisme, les crimes politiques et économiques, pour obtenir la souveraineté et consolider le processus démocratique, pour sortir du joug de l’impérialisme.
Les burkinabés nous ont confirmé la capacité des mobilisations populaires à déplacer des montagnes. Leurs luttes continuent d'écrire une nouvelle et belle page de l’histoire du « pays des hommes intègres » et du continent africain.
L’Union des Étudiants Communistes est l’organisation sœur de tous les étudiants qui dans le monde veulent relever la tête. Par ses batailles anti-colonialistes et sa participation active aux luttes d’indépendance d'hier, par son engagement internationaliste pour la paix et le progrès social dans le monde d’aujourd’hui, l’UEC rassemble des milliers d’étudiants qui luttent en France pour faire vivre cette solidarité internationale au jour le jour et pour alimenter les rangs de la lutte anti-impérialiste. C’est en ce sens que nous avons consolidé notre travail avec les étudiants palestiniens et kurdes, qui se battent pour l’autodétermination de leurs peuples. C’est en ce sens que nous avons organisé la solidarité des étudiants de France avec les progressistes d’Amérique latine, qui luttent contre les tentatives de déstabilisations impérialistes. C’est en ce sens que nous avons lancé le premier Appel commun pour la Journée de l'enfant africain de 2016.
Ce dernier représente pour nous une urgence de premier plan. En effet, la situation actuelle de l’école sur le continent africain est des plus graves. Sous l’injonction du FMI, plusieurs gouvernements africains ont délaissé l’enseignement public au profit des écoles privées, avec des conséquences néfastes pour l’école publique en Afrique : insuffisance chronique des infrastructures d’accueil, nombre insuffisant d’enseignants et gels de postes, entraves à l’accès des étudiants des classes populaires à un enseignement supérieur de plus en plus élitiste... Toutes les tentatives d’organisation et de mobilisation des élèves et étudiants pour demander des meilleures conditions de vie, d’études et plus de liberté sont réprimées partout à travers l’Afrique. Malgré les changements de gouvernements, les élèves et étudiants affrontent quotidiennement la mort (enlèvements, tortures, viols, assassinats, emprisonnements…) pour défendre et exercer leur droit à s’organiser et à exprimer leurs opinions. La répression est devenue le pain quotidien des directions universitaires aussi. C’est en ce sens qu’en octobre 2015 nous avons soutenu avec détermination la grève des étudiants burkinabés face au CENOU, lorsqu’il les empêchait d’accéder aux chambres en CitéU, les obligeant à cohabiter dans des conditions dégradantes à la Cité-U Kossodo ou pire à dormir à la belle étoile malgré le couvre-feu et l’insécurité. Les étudiants burkinabés, qui ont contribué de manière décisive à la chute de Compaoré, ne pourront pas être réduits au silence.
Face aux politiques répressives comme seule réponse aux revendications étudiantes, nous appelons à la solidarité régionale et internationale de toutes les organisations étudiantes progressistes pour l’aboutissement de nos différentes luttes.
Pour l’UEC, la solidarité internationale n’est pas juste un mot. Elle est pour nous l’arme la plus puissante pour que les luttes de nos camarades de partout dans le monde sortent enfin de l’isolement voulu par l’Occident et ses médias complices. Nous voulons donner le plus large écho aux luttes étudiantes dans le monde, faire savoir que partout les étudiants ne baissent pas la tête, qu’ils luttent pour l’amélioration de leurs conditions matérielles et pour le progrès social. A travers nos solidarités, nos échanges et nos luttes communes nous préparons le monde de demain, qui sera fait de coopération internationale et qui mettra la dignité humaine avant tout profit. Pour cela, l’UEC participe aux activités de la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique (FMJD), pour un monde de paix, débarrassé de l’impérialisme. Un monde qu’on ne peut bâtir qu'ensemble.
L’UEC se bat au quotidien en France pour l’augmentation du budget des universités publiques, pour un cadrage national des diplômes assurant une insertion professionnelle digne de ce nom, pour un salaire étudiant qui permette aux étudiants de sortir de la précarité ainsi que de reconnaître leur travail à sa juste valeur. Nous nous battons contre le sexisme, vestige du système patriarcal qui, à l’université comme ailleurs, brise encore aujourd’hui des milliers de parcours de vie et d’études de nos camarades femmes. Nous nous battons en faveur des étudiants étrangers, pour la régularisation des étudiants sans-papiers et pour la fin des pratiques arbitraires des Préfectures qui expulsent nos camarades étrangers ; nous voulons qu’une carte étudiante corresponde à un titre de séjour. Récemment, l’UEC a été en première ligne dans la lutte contre la loi Travail, nouvelle étape dans la dystopie capitaliste de soumettre le monde du travail aux intérêts exclusifs du patronat. Lorsque l’UEC mène ces batailles, il ne se bat pas seulement pour les étudiants de France. Il se bat pour les étudiants du monde entier qui manifestent la volonté de sortir des impasses du système capitaliste. Chaque victoire que nous remporterons en France sera l’espoir de nouvelles victoires dans le monde. Chaque victoire remportée par nos camarades d’ailleurs sera pour nous source d’exemple et de nouvel élan.
L’UEC assume pleinement sa responsabilité envers les étudiants et le peuple burkinabé : nous serons à leurs côtés car nous lutterons en France, ici et maintenant, pour que notre gouvernement soit contraint d’abandonner sa politique de déstabilisation du continent africain. Pour qu’il soit contraint de cesser son soutien aux régimes autoritaires, de cesser son projet de Françafrique, de cesser son silence sur les crimes qui sont commis par les dictatures qu’il soutient.
Nous exhortons à la réflexion pour définir ensemble des axes d’une plus ferme collaboration et une solidarité plus efficace. Pour qu’au-delà des luttes étudiantes nous puissions œuvrer pour libérer définitivement nos différents peuples du joug de la domination capitaliste sous les différentes formes dont elle se manifeste, pour atteindre l’émancipation totale des peuples et établir des nouvelles bases de coopérations internationales inspirées de la solidarité et plus jamais du profit.
Avec ces quelques mots, nous souhaitons que votre Conseil Syndical soit une réussite totale.
Vive l’UGEB ! Vive la solidarité internationale des étudiants !
Fraternellement,
Andrea BENEDETTI, Secrétaire aux relations internationales de l’UEC