Nantes : L'État bourgeois assassine encore
Publié le 6 Juillet 2018
L’Etat bourgeois et sa police assassinent toujours. Mardi 3 juillet au soir, Aboubakar, habitant de la cité de Breil à Nantes, est froidement abattu par un policier. L’homme tentait d’échapper à un contrôle d’identité : enclenchant la marche-arrière, il est vite rattrapé par un policier en place, lui infligeant un coup de feu au niveau de la nuque. L’impact lui est fatal, cet homme de 22 ans rejoint alors l’interminable liste de victimes de violences policières.
Suite à ce meurtre, deux processus se déclenchent. Tout d’abord la couverture juridico-médiatique de l’événement où on expose le casier judiciaire de la victime pour suggérer à l'opinion publique qu'il était forcément responsable, coupable et que les policiers ne pouvaient agir autrement face à cet individu. Nous sommes tous habitués au discours opportuniste et bourgeois cachant derrière le mot « bavure » toute dimension raciste et de classe qui s’exprime dans les actes de la police, un discours qui souvent arrive même à nier complètement le caractère criminel de l’acte de l’agent de police en clamant le recours à la légitime défense. Parallèlement à la gesticulation politicarde, les résidents de la cité de Breil se révoltent : le meurtre d’Aboubakar illustre l’insécurité que fait subir au quotidien la police aux habitants des quartiers prolétaires. Cela fait deux jours à présent qu’Aboubakar a été assassiné et chaque nuit depuis des émeutes éclatent dans la cité de Breil. Ces émeutes sont l’expression immédiate de la colère d’un prolétariat qui subit de plein fouet non seulement la précarité et le chômage, mais également la gestion néocoloniale de son espace de vie.
La division raciste du travail mise en place par la bourgeoisie se reflète dans la relégation géographique des populations issues de l’immigration dans les quartiers prolétaires. C’est parce que les quartiers prolétaires abritent ceux qui ont le plus d’intérêt dans le renversement violent de l’ordre actuel que ceux-ci sont la cible de l’État raciste et bourgeois ainsi que de sa milice armée.
Les capitalistes jouent le rôle de leurs propres fossoyeurs en cela qu’ils génèrent la colère des travailleurs par l’exploitation et la domination, qu’ils essayent de détourner cette colère par la propagation du racisme. Comme corollaire, les violences policières sont justifiées comme étant nécessaires à maintenir la sûreté, mais leur seule raison d’être repose dans l’obsession de la bourgeoisie de maintenir l’ordre social, c’est-à- dire l’ordre raciste et de classe.
La répression est l’un des moyens de l’Etat raciste et bourgeois pour assurer sa domination : la répression physique (meurtres et violences policières) se prépare et se justifie par la répression idéologique (la propagation du racisme et la criminalisation médiatique des quartiers prolétaires).
La colère de la cité de Breil est alors bien légitime. Nous n’appelons pas au calme comme le font tous les populistes, qui ne sont du côté des travailleurs que jusqu’au moment où leur colère dépasse les institutions bourgeoises. Nous appelons à que cette colère aille plus loin, en s’organisant d'avantage, qu'elle aille vers la grève et les blocages économiques mais aussi en sortant du cercle vicieux de l’action/réaction et en posant un objectif révolutionnaire : pour en finir une fois pour toutes avec les crimes policiers, il faut en finir une fois pour toutes avec l’Etat raciste et bourgeois. Sans mettre fin à la société capitaliste, toute révolte est vouée à l’échec et ne fait qu’enclencher un sursaut de répression et de justification juridico-médiatique. Il est alors temps de passer de la contestation à l’offensive, de renverser un ordre capitaliste qui est par définition – par ses nécessités intrinsèques – un ordre raciste.
Les organisations de résistance et d’autodéfense dans les quartiers, aujourd’hui existantes de manière embryonnaire, doivent se développer et se coordonner avec le reste des organisations de classe engagées dans cette lutte révolutionnaire. L’union de notre classe autour de l’objectif révolutionnaire est la seule chose pouvant à court comme à long terme nous permettre de gagner de la force face à ceux qui nous oppriment. Seuls, nous serons toujours plus en danger face à une police raciste obéissant aux institutions bourgeoises. Ensemble, organisés, nous assurerons nous-mêmes la sécurité de chacun et nous gagnerons des victoires vers l’extinction de l’Etat bourgeois et de sa police.
Mouvement des jeunes communistes du Bas-Rhin