Université de Strasbourg : un nouveau service de répression

Publié le 7 Août 2018

Université de Strasbourg : un nouveau service de répression

Pendant l’année universitaire 2017-2018, une mobilisation a eu lieu nationalement et localement contre les réformes du lycée et du baccalauréat (le dispositif ParcourSup), contre la loi ORE (Orientation et Réussite des Etudiants), contre la fin des compensations et des rattrapages. A Strasbourg, outre les interventions policières régulières pour évacuer les facs occupées, la direction de l’université a fait largement recours à une entreprise de sécurité privée, SécuEvent. Sous prétexte d’assurer une vigilance « neutre », vouée à garantir la sécurité de tous dans un contexte de mouvement social, en quelques semaines à peine les vigiles ont été utilisés comme des acteurs majeurs du déblocage. L’efficacité de cette milice privée dans l’entrave et la démoralisation des étudiants en lutte a convaincu Michel Deneken, président de l’Unistra, qu’il était grand temps de perfectionner et pérenniser ce dispositif de coercition. En effet l’Unistra, qu’est depuis longtemps un laboratoire des politiques répressives en milieu universitaire, franchit aujourd’hui un nouveau cap. Au mois de juillet, sa direction, hors de toute instance démocratique, a adopté un double projet : la réorganisation du service de sécurité incendie de l’Esplanade en un Service Logistique Extérieure et Sûreté (SLES) ; la création d’un Département de Sûreté Intérieure (DSI) rattaché à la DALI (Direction des Affaires logistiques intérieures)[1]. C’est notamment au sein de ce nouveau DSI que des personnels de l’administration universitaire travailleront avec des « agents de sûreté ». Nous voyons bien les priorités de notre université : dans un contexte où de nombreux bacheliers n’ont toujours pas reçu d’affectations pour la rentrée 2018, l’Unistra réfléchit déjà à comment mieux museler ses futurs étudiants.

 

De la répression officieuse à la répression officielle : historique d’une escalade sécuritaire

L’obsession sécuritaire de l’Unistra ne date pas d’aujourd’hui. La création d'une milice privée de répression découle de la militarisation progressive de nos lieux d’études. La banalisation de la présence quotidienne de forces répressives sur le campus débutait au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, en janvier 2015 : sous prétexte de la vigilance anti-terroriste, la police à vélo commençait à parcourir régulièrement le campus, procédant à fouilles arbitraires et contrôles au faciès ; en même temps, les premiers vigiles privés étaient placés aux accès des Restos U et s’illustraient déjà dans la surveillance des militants politiques[2].

Un an après, en janvier 2016, après les attentats de Paris et la promulgation de l’état d’urgence, ces vigiles refont surface à l’Unistra : ils président les entrées des bâtiments et se baladent dans les locaux. Une convention est alors signée dans le plus grand silence par les services centraux de l’Unistra et la boîte SécuEvent, sans fournir à la communauté universitaire aucune information quant au montant et à la durée d’un tel contrat. Déjà à l’époque, nous posions la question : « Combien de policiers, combien de gardiens faudra-t-il avant que l’Unistra devienne un lieu plongé dans la privatisation et le délire autoritaire ?[3] ». Déjà à l’époque, nous pointions le risque qu’une telle situation d’arbitraire devienne permanente et systématique[4].

Une première confirmation de nos craintes survenait pendant le mouvement social contre la loi Travail de 2016. Lors des principaux rendez-vous de mobilisation, les vigiles étaient placés aux entrées des facs et procédaient à des contrôles systématiques des cartes étudiantes, afin d’entraver la coordination de la lutte universitaire avec celles des lycéens, des chômeurs, des salariés. Après les violences policières sur le campus central du 17 mars (Fac de Droit) et du 31 mars 2016 (occupation de nuit du Patio), la direction de l’Unistra peaufine sa stratégie : lorsque les manifestations sauvages reviennent sur le campus, les vigiles sont utilisés pour procéder promptement à la fermeture administrative des bâtiments, pour éviter que de nouvelles AG votent l’occupation des locaux universitaires[5]. La mobilisation contre la loi Travail sert ainsi d’expérience à la direction de l’Unistra : elle ne peut pas se permettre d’attendre à chaque fois l’intervention de la police pour évacuer les étudiants en lutte, elle a besoin d’une milice d’intervention rapide présente 24h sur 24h là où il y a besoin.

Cette dérive n’est pas seulement locale, c’est toute une dynamique nationale de privatisation de la « sécurité » des facs qui se prépare. Pour la rentrée 2016, le gouvernement décide de débloquer 30 millions d'euros du budget des universités pour qu'elles payent des agences de sécurité. Cette somme est enlevée du budget du FIPHFP (Fonds d'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique), au rythme de « plus de sécurité, moins d'handicapés ». L’Unistra ne perd pas son temps et la présence de vigiles augmente sensiblement. On en arrive ainsi aux premières interventions physiques à l’encontre des militants étudiants. L’occasion est la cérémonie de départ d’Alain Beretz en septembre 2016 (après 8 ans d’austérité, le ministère c’est bien mérité !) : des militants communistes déploient une banderole dans le hall du Patio, et en quelques minutes les vigiles interviennent, bousculent nos camarades et déchirent la banderole[6]. Dans un état d’urgence permanent, et avec la bénédiction du nouveau président de l’Unistra, Michel Deneken, le campus est littéralement envahi par les policiers et les patrouilles de militaires de l’« Opération Sentinelle » : lors de leurs rondes et fouilles arbitraires, les cow-boys sont constamment accompagnés par les vigiles[7].

La mobilisation de février-juin 2018 contre la loi ORE et ParcourSup est l’occasion pour un bond qualitatif dans l’utilisation de la nouvelle milice privée. Au mois de février, les vigiles ne sont pas encore très nombreux et se limitent aux actions habituelles d’entrave à la coordination des luttes via les contrôles des cartes étudiantes. Leur présence s’accroît dès lors que le mouvement se massifie après le début des occupations en mars et des blocages en avril. Les évacuations des bâtiments occupés sont toujours laissées aux « soins » de la police, mais les blocages plongent la direction de l’Unistra dans une impasse : même en faisant intervenir la police au petit matin pour empêcher le début des blocages, à 8-9h il y a déjà trop de monde sur le campus et l’intervention policière est donc plus difficile, risquant une trop grande visibilité. Pendant des jours, la seule présence de groupes d’étudiants en lutte devant les bâtiments oblige la direction de l’Unistra à décider d’elle-même de leur fermeture administrative.

Des nouveaux éléments font changer de stratégie à l'équipe de Deneken. Premièrement, l’huile sur le feu que jette la présidence autour du clivage entre bloqueurs et anti-bloqueurs ne produit pas les effets espérés. Lorsque certains anti-bloqueurs s’organisent en équipes de véritables débloqueurs, Deneken les légitime en leur fournissant un soutien logistique et l’accès nocturne aux locaux de l’Unistra pour stocker le matériel de blocage ; cependant, les étudiants en lutte continuent chaque matin les blocages malgré tout. Deuxièmement, la grève du 19 avril débauche sur une occupation de nuit de l’UFR de Math-Info : la police l’évacue rapidement, mais elle reste à présider les entrées du campus jusqu’à l’après-midi du lendemain (pendant que la BAC fait des aller-retour en tram d’Esplanade à Université)[8]. Les syndicats de l’Unistra appellent promptement leurs collègues à faire valoir leur droit de retrait, refusant de faire cours et de surveiller les examens tant que la police sera présente sur le campus. Ce droit de retrait pouvant amener à un développement de nouvelles contestations - voire d’une grève enseignante autour de la présence policière -, c’est un risque que la présidence ne veut pas courir.

Pour mettre un terme au mouvement, il ne reste plus que l’option des vigiles. L’équipe de Deneken décide alors, du jour au lendemain, et dans le plus grand silence, que les compétences de ces agents ont changé : ils ne se limitent plus à défendre certains bâtiments et à prévenir certains blocages, ils doivent maintenant tout débloquer par la force, même en intervenant physiquement contre les étudiants. Avec la fin des vacances du printemps et l’approche du début des examens, dès le lundi 30 avril des patrouilles de vigiles commencent à suivre les étudiants au petit matin pendant les blocages, et à débloquer systématiquement après leur passage. Le 30 avril même, des violences ont lieu partout. Pour empêcher le blocage du Palais U, les vigiles poussent les étudiants dans les escaliers et leur jettent des poubelles dessus. Devant Math-Info, les agents s’en prennent individuellement à des étudiants, les bousculent et profèrent des menaces à leur encontre. Une autre patrouille de vigiles tente un déblocage du Patio et une étudiante se prend une barre de fer sur la tête, provoquant l’intervention des pompiers sur les lieux. Le 3 mai, le blocage des examens à l’Institut Le Bel connaît des nouvelles violences. Pour briser la chaîne humaine des étudiants à l’entrée du bâtiment, les vigiles bousculent les jeunes, assènent des coups dans le dos et dans les bras, font des attouchements des parties génitales, profèrent des menaces ciblées et provoquent une bagarre. Le même jour, Deneken annonce à la presse qu’il serait prêt à placer certains examens sous surveillance policière pour empêcher des nouveaux blocages[9].

Après le 3 mai, et l’évacuation de l’Institut de Physique occupé le même jour, la coercition collective est couplée d’une coercition individuelle, ciblant un à un les étudiants mobilisés afin de les nuire personnellement et les démoraliser. Une fois de plus, c’est les vigiles qui sont utilisés à cette fin : les actions de filtrage des entrées ne servent plus seulement à exclure les non-étudiants, mais également à exclure les étudiants en lutte. C’est ainsi que, parmi ces derniers, plusieurs se voient refuser arbitrairement l’accès au Palais U et au Patio alors qu’ils devaient s’y rendre pour des examens. Les vigiles ont ainsi été l’arme utilisée par Deneken pour instaurer un véritable délit d’opinion passible de la privation du droit de passage des examens. Le 9 mai, après le blocage du lycée Pontonniers, un dernier accrochage a lieu à l’entrée du Patio : des jeunes mobilisés tentent d’entrer pour tenir une AG, ils sont bousculés, ceinturés et repoussés violemment ; certains étudiants sont traînés par terre et se font piétiner par les vigiles. Quelques heures après, nous entendons l’un des sous-chefs des agents lire fièrement un SMS à ses collègues : ses responsables le félicitent pour le travail accompli et lui assurent tout leur soutien au cas où… il voudrait porter plainte contre les étudiants !

Avec la fin de l’année universitaire et donc la fin de la mobilisation, les vigiles n'ont pas disparu de la fac, et cela ne fait que banaliser leur présence. La fin du mouvement a été l’occasion pour certains vigiles de se livrer à des règlements des comptes personnels : encore aux mois de juin et juillet, des étudiants et des enseignants se sont fait insulter, menacer et bousculer – sans aucune raison apparente – par des agents en quête de vengeance, sous le regard complaisant de leurs sous-chefs.

En vue de la rentrée, quelques considérations supplémentaires s’imposent. Au cours du mouvement contre la loi ORE, nous avons échangé à plusieurs reprises avec bon nombre de vigiles. Il s’agit pour la plupart d’intérimaires, embauchés à la va-vite pour répondre aux exigences grandissantes de l’Unistra, envoyés en mission sur le campus du jour au lendemain sans aucune précision sur la portée ni sur les limites réelles de leurs compétences. Certains vigiles ont assumé jusqu’au bout la légitimité de leur œuvre répressive et sont venus défendre les bâtiments comme on va à la guerre, munis de protections, cagoules, etc. Mais heureusement, ce n’est pas le cas de tout le monde : beaucoup d’agents nous ont avoué leur déception de se retrouver dans une telle position, d’autres nous ont même confié soutenir la mobilisation. Cependant, pour construire une analyse cohérente et une riposte adéquate vis-à-vis de ce phénomène de vigiles privés à la fac, il est nécessaire d’aller au-delà des cas individuels. Les coupables de leur utilisation violente se trouvent plus en haut, au sommet d’une pyramide de responsabilité qui assure la jonction entre pratiques autoritaires et système capitaliste. Les agents ont dû suivre les consignes de leurs sous-chefs, autrement ils auraient pu facilement être licenciés du jour au lendemain. L’armée de réserve d’intérimaires et précaires grandit jour après jour : SécuEvent n’aurait pas eu du mal à remplacer un agent « trop mou » ou « trop sympathique ». Quant aux sous-chefs, leur rôle était de suivre avec zèle les consignes de l’Unistra et de maintenir l’ordre dans les rangs. Lorsque des agents sympathisaient avec les étudiants en lutte, ils étaient systématiquement rappelés à l’ordre par les sous-chefs. C’était en effet la crédibilité de SécuEvent – donc leur carrière aussi – qui se jouait dans l’efficacité de la répression dont ses agents faisaient preuve : si la boîte se montrait incapable d’opérer une répression efficace, si elle n’arrivait pas à convaincre des précaires d’aller taper d’autres précaires, l’Unistra aurait tout simplement rompu le contrat avec elle et se serait tournée vers une nouvelle boîte. Dans un contexte de concurrence pour s’accaparer le plus de contrats possibles, SécuEvent s’est donc comportée comme toute entreprise : répondre aux exigences du client, garder un contrat, réaliser un profit, maintenir l’ordre dans ses rangs, et peu importe comment.

Finalement, où se trouve la vraie responsabilité, c’est-à-dire la responsabilité politique ? Le gouvernement de Macron a légitimé toute sorte d’intervention violente à l’encontre des jeunes mobilisés. C’est ce qui a permis à Deneken et à son équipe de choisir la carte de la répression jusqu’au bout, coûte que coûte, refusant tout dialogue et négociation. Tout cela n’est possible qu’à cause du système capitaliste, qui a besoin du recours à la coercition pour assurer sa propre survie : c’est la bourgeoisie qui créé les conditions de la violence policière et extra-policière ; c’est la bourgeoisie qui permet à des boîtes de sécurité privée d’exister et de prospérer grâce à une répression devenue rentable ; c’est encore la bourgeoisie qui crée la misère, la précarité et le chômage, et dans ces conditions matérielles pénibles il est plus aisé de faire accepter à des prolétaires de rentrer dans la milice contre-révolutionnaire en échange d’un salaire. Il est donc clair que pour libérer nos facs de la violence, il n’y a pas d’autre solution que de se libérer de l’emprise de la bourgeoisie et de ses alliés.

Quant aux vigiles, notre ligne doit être également claire. Nous devons nous opposer fermement et œuvrer à la démoralisation des sous-chefs, qui assument jusqu’au bout leur place dans le dispositif répressif. A l’inverse, nous devons développer un travail de conviction en direction du reste des vigiles : nous devons parvenir à convaincre ces travailleurs de se révolter, de refuser de jouer le jeu de la bourgeoisie, de rejoindre notre lutte en coordination avec celles d’autres intérimaires, précaires et chômeurs pour un travail digne de ce nom.

Le nouveau Département de Sûreté Intérieure (DSI) : ni plus ni moins qu’une mesure de répression supplémentaire

Par ce recours arbitraire aux vigiles pour la sous-traitance de la répression, mais aussi par le refus systématique de communiquer officiellement sur leurs compétences, l’Unistra est depuis bien longtemps une zone de non-droit. La loi et les règlements académiques s’appliquent à géométrie variable. Un étudiant qui se mobilise pour son avenir a aujourd’hui moins de droits qu’un étudiant qui ne se mobilise pas : son intégrité physique est incertaine et il est aujourd’hui plus susceptible de succomber à l’arbitraire de la coercition dans ses différentes formes, et ce même en dehors des périodes de mouvement social. La création du DSI est la première étape pour que ce non-droit devienne la nouvelle loi de l’Unistra : le dispositif répressif ne sera plus formellement arbitraire tout en restant qualitativement le même. En somme, la répression restera de la répression, mais elle sera légale (au même titre que la répression policière). C’est un procédé typique du système bourgeois : tout faire pour tuer le mouvement social, au mieux dans une parfaite apparence de légalité via la police et l’appareil militaire, mais au pire en légitimant une violence de type milicien et para-légal. Dans la France des Macron-Collomb-Benalla, comme dans tout système bourgeois digne de ce nom, cela n’a rien d’étonnant.

L’usage systématique de vigiles au sein de l’Université a bien évidemment déjà été dénoncé pendant la mobilisation. C’est maintenant un département qui est dédié à la « sécurité », au sein duquel travailleront des « agents de sûreté ». Ils seront notamment chargés de missions de surveillance, renseignement et prévention à l’égard de « vols, dégradations de locaux, incivilités, intrusions, mouvements visant à nuire aux personnes et/ou aux biens, etc ». Si certains se posent la question du lien avec les mouvements étudiants, il suffit de constater que, même si le projet a été validé officiellement au mois de juillet, c’est bien depuis le mois d’avril 2018 que la direction de l’Unistra travaille là-dessus... c’est-à-dire depuis le début des blocages. Malgré tout le zèle de la langue de bois de notre direction universitaire et de ses règlements, l’Unistra ne se donne pas tant de peine pour prévenir « les incivilités » de manière vague. Le seul but du DSI est bel et bien de rationaliser et de mieux coordonner la coercition contre les étudiants en lutte ! La lettre du texte officiel du DSI sera interprétée d’une manière à cibler tout étudiant qui relève la tête et qui se mobilise. Un banc de la fac utilisé pour un blocage ? ce sera un vol ! Une banderole attachée dans un amphi ? ce sera une dégradation ! Une poubelle devant une entrée de la fac ? ce sera une incivilité ! Des étudiants rentrant en cortège dans un bâtiment pour y tenir une AG ? ce sera une intrusion ! Une occupation de jour ou de nuit ? ce sera un mouvement visant à nuire aux personnes et/ou aux biens !

 

Aucune concertation des instances décisionnaires, aucune transparence

Le nouveau département est d’ailleurs uniquement l’œuvre de la direction de l’université : aucune instance décisionnaire n’a pu donner son avis sur ce projet, les conseils centraux n’ayant pas été consultés. Quant au passage devant le Conseil d’administration, il n’y en a pas eu. En quoi ce projet ne devrait-il pas passer devant les diverses instances élues de l’Université, si ce n’est car il est avant tout la décision d’une direction répressive, déterminée à empêcher toute forme de contestation pour les années à venir ?

Deneken non seulement veut museler les étudiants en lutte, mais il entend museler également les représentants élus des personnels de l’Unistra qui doivent s’exprimer sur le projet. Pourtant, c’est bien des personnels de l’université qui seront affectés à ce nouveau département, qui devront y travailler selon lesdites missions, qui devront exercer contre leur gré un métier qui n’est pas le leur. Le fait est tellement grave que, pour la première fois, les membres du CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) le 4 juin, puis du CTE (Comité technique d’établissement) le 28 juin, ont unanimement refusé de voter ce projet de réorganisation.

Aussi, nous sommes persuadés que, tout comme en 2015-2016 lors de l’apparition des premiers vigiles sur le campus, cette fois non plus la direction de l’Unistra ne se daignera pas de communiquer officiellement aux étudiants les nouvelles mesures de « sûreté », ni par un mail via l’ENT ni par un communiqué officiel sur son site internet.

 

Un moyen de défense supplémentaire pour une université « d’élite »

La direction de notre université utilise toujours tous les moyens qui lui sont possibles, en passant de la sécurité privée jusqu’aux interventions policières, pour défendre son modèle : le modèle d’une université « d’élite ». Deneken défend avec ardeur ce modèle d’université, qui doit être compétitive au niveau mondial avant tout, afin de s’accaparer d’un maximum d’Initiatives d’Excellence (IDEX), de Prix Nobels, de partenariats avec le privé, de programmes internationaux, etc. Ce n’est donc pas le fait de prodiguer des connaissances ni d’être plurielle dans la création des savoirs qui importe, mais d’obtenir le plus d’investissements et de donner des moyens en grande partie aux secteurs de recherche « utiles » pour ces mêmes investisseurs. Ce modèle d’université est avant tout utile pour une classe, la bourgeoisie, qui créée seulement les savoirs dont elle a besoin, en diminuant de plus en plus l’accès du prolétariat au sein de cette instance de connaissance qu’est l’université. Il faut ainsi, pour défendre cette Ecole de classe, des moyens pour museler les contestations à ce modèle. Et quoi de mieux pour cela qu’un département qui soit en charge de la répression !

 

La Jeunesse Communiste du Bas-Rhin s’oppose catégoriquement à ce Département de Sûreté Intérieure qui n’aura comme fin que l’utilisation de moyens coercitifs de plus en plus sophistiqués pour réprimer et empêcher toute forme de mobilisation qui contesterait les réformes actuelles et futures, ces mêmes réformes qui favorisent la destruction de l’université publique et le renforcement de l’Ecole de classe.

La Jeunesse Communiste du Bas-Rhin reste mobilisée pour une université entièrement publique, accessible à toutes et tous, débarrassée des logiques de rentabilité, de compétitivité et de sélection sociale, et qui soit un lieu de création libre et indépendante de savoirs dans tous les domaines.

 

Mouvement des Jeunes Communistes du Bas-Rhin

 

 


Publié dans #Université, #ParcourSup

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