Menaces sur la ligne ferroviaire Colmar-Metzeral : la mobilisation ne fait que commencer !
Publié le 16 Juin 2019
Communiqué de nos camarades des Jeunes Communistes de Colmar :
Début juin, le Conseil régional du Grand Est et la direction régionale de la SNCF avaient décidé de porter une nouvelle attaque à la ligne de train Colmar-Metzeral : la suppression de 20 % des circulations ferroviaires au profit des bus. Mais une mobilisation conjointe d’associations d’usagers et de syndicats de cheminots a contraint récemment la SNCF à renoncer à sa volonté de revoir à la baisse les circulations. Néanmoins, il est difficile de se réjouir pleinement de cette victoire, puisqu’elle ne constitue qu’une partie remise et appelle donc à une ferme vigilance et à de nouvelles mobilisations.
La remise en cause de l’utilité publique de cette ligne de desserte indispensable des communes de la Vallée de Munster rentre dans le processus de destruction du service public ferroviaire et de privatisation de la SNCF, imposé à coups de contre-réformes, de plans de réorganisation successifs et de répression des mobilisations cheminotes. Chapeauté par les directives et les « Paquets ferroviaires » de l’Union européenne depuis 1991, ce processus a enclenché depuis lors des conséquences dramatiques pour le service ferroviaire : des attaques majeures aux conditions de travail des cheminots à une dégradation ininterrompue des services offerts aux usagers. En France, les petites lignes font les frais de l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire : une trentaine de ces lignes ont été supprimées dans les 10 dernières années, constituant une atteinte au droit à la libre circulation des habitants de zones rurales et dégradant notamment les conditions de travail des tous ceux qui sont contraints de se déplacer sans pouvoir faire recours à une voiture.
Malgré les renoncements récents, la sauvegarde de la ligne Colmar-Metzeral reste plus que jamais problématique, d’autant plus qu’aucun engagement n’a été obtenu au-delà de 2020. Depuis 2016, nous assistons à la suppression quasi-totale du personnel d’accompagnement de la ligne, ainsi qu’à la fermeture de la totalité des guichets physiques (sauf celui de Munster) et à l’équipement de seulement une gare d’arrêt sur deux de distributeurs automatiques de billets. De plus, des lignes de bus effectuant le même trajet restent en vigueur aux mêmes horaires des trains : la complémentarité des modes de transport est ainsi remplacée par une logique de concurrence. Comme le rappelle la CGT Cheminots de Colmar et Environs : « Les trajets en bus sont plus longs, entre Munster et Colmar, le train met entre 25 et 30 minutes et le bus 45 minutes (minimum) soit 15 minutes de plus et seulement dans des conditions de circulation optimales. Les trajets en bus sont plus polluants, et incitent les usagers à reprendre leur voiture. Toutes les études sérieuses montrent qu’en cas de remplacement d’un train par un bus, 30 % des usagers reprennent leur voiture. Les conséquences d’une telle réorganisation seraient un engorgement routier supplémentaire dans la vallée avec une augmentation non obligatoire de la pollution au travers de l’empreinte carbone ». Remarquons aussi que bien que la SNCF crie à une baisse de la fréquentation justifiant de revoir à la baisse la circulation, l’étude de la fréquentation a été déléguée à un prestataire externe dont la méthode biaisée et les conclusions partielles ont été vivement critiquées par les syndicats. Il est clair pour nous que la baisse de fréquentation relève exclusivement des choix de management de la direction de la SNCF elle-même et de ses attaques à répétition sur les petites lignes.
Le 8 juin de l’année dernière la ligne Colmar-Metzeral fêtait ses 150 ans, et les promesses de sauvegarde avaient rempli les bouches d’élus et notables régionaux. Mais ils n’ont dupé personne ! Les menaces à cette ligne datent au moins des années 1950-1960, et étaient dues à cette époque à la crise profonde de l’industrie textile de la vallée de Munster : conçue d’abord par le patronat manufacturier de Hartmann au XIXe siècle afin de relier les différentes installations et transporter les marchandises, la reconversion successive de la ligne en faveur du tourisme n’a pas suffi à faire oublier que la raison première de son existence était d’ordre économique. Ainsi, déjà il y a soixante ans l’utilité publique était remise en cause du fait des pertes de profit et, donc, de la perte d’intérêt du patronat local. Aujourd’hui, alors que la crise économique bat son plein en Alsace et que la Vallée de Munster demeure un désert industriel, délaissée par les pouvoirs publics et les investisseurs, le patronat ne peut trouver aucune raison valable pour sauver cette petite ligne utilisée majoritairement par des jeunes et des salariés.
Cette affaire montre une fois de plus la manière dont le capitalisme ravage nos vies et nos conditions de travail. Les menaces à la ligne Colmar-Metzeral trouvent leurs raisons dans la privatisation sauvage de la SNCF à l’heure de la concurrence du rail : l’augmentation incessante des prix et la politique forfaitaire répressive mènent à une dégradation du service et à la baisse de fréquentation, appelant à des nouvelles hausses de prix, etc. En somme, tout est fait pour que ce cercle vicieux ne s’arrête jamais et pour que la baisse de recettes serve d’argument pour franchir des nouvelles étapes dans la privatisation et pour sacrifier le service public sur l’autel de la recherche de profit. Ainsi, les menaces qui pèsent sur les petites lignes ferroviaires demeurent intactes et ne peuvent qu’empirer dans un futur proche.
Le renversement du capitalisme et son remplacement par le système socialiste, aboutissant à la nationalisation démocratique de la SNCF, demeurent la seule solution pour que le service ferroviaire redevienne public, accessible et de qualité, pour que les conditions de travail et de vie de cheminots et usagers soient élevées à jamais.
Pour le socialisme et la révolution : organise ta colère !