Enquête sur "l'islamo-gauchisme" à l'université : rhétorique réactionnaire et dévoiement des sciences
Publié le 18 Février 2021
Alors que la loi "confortant les valeurs républicaines" (loi Séparatisme) vient d'être adoptée, Frédérique Vidal s'est empressée de s'aligner sur les positions d'extrême-droite de son collègue de l'Intérieur Gérald Darmanin (ex-LR, ex-Action française).
Nous partageons la réaction de nos camarades des Jeunes Communistes Lyon aux propos de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Nous en profitons pour souligner que hier la moitié des députés PCF, dont Fabien Roussel, se sont contentés de s'abstenir lors du vote final de cette loi que nous avons dénoncé à maintes reprises. Cette énième trahison d'une partie de la direction du PCF ne fait qu'éclairer davantage la nécessité de la reconstruction d'un Parti communiste sur des bases révolutionnaires claires, marxistes-léninistes, sans compromission vis à vis de l'Etat bourgeois, de la barbarie raciste et impérialiste du Capital.
ENQUÊTE SUR « L’ISLAMO-GAUCHISME » À L’UNIVERSITÉ
Ce mardi 16 février à l’Assemblée, la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal a annoncé la mise en place d’un « bilan de l’ensemble des recherches » qui se déroulent à l’Université, afin soi-disant de distinguer « ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ». Derrière cette seconde catégorie, c’est bien la question de « l’islamo-gauchisme » qui « gangrène » l’Université que Vidal avançait dimanche sur CNews. Entre répression du militantisme, censure et casse de la recherche et de l’enseignement supérieur, la dynamique réactionnaire du gouvernement prend un nouvel élan.
RHÉTORIQUE RÉACTIONNAIRE ET DÉVOIEMENT DES SCIENCES
Ainsi, derrière la volonté affichée de mener une étude « scientifique » on assiste à une distorsion de la notion de « sciences » par une rhétorique classique : la « science » serait purement objective et neutre, elle ne devrait pas suivre une démarche politique/philosophique, ce qui justifierait de réprimer les travaux scientifiques qui vont dans une direction différente. Mais différente de quoi ? Différente des travaux qui suivent la ligne « républicaine », c’est à dire les travaux scientifiques qui servent les intérêts de la classe dominante et son gouvernement, qui suivent la ligne idéologique bourgeoise et sont déclarés « purement objectifs et neutres ».
Ce postulat de départ sur la neutralité scientifique est faux, les sciences comme toutes les composantes de la société répondent à des intérêts divergents, des intérêts de classe, et derrière cette enquête commandée par le gouvernement, représentant suprême des intérêts de la classe capitaliste, il s’agit bien d’assurer l’hégémonie de l’idéologie bourgeoise.
Ce qui est d’autant plus grave, c’est que ce dévoiement de la recherche scientifique implique également un dévoiement du corps de la recherche et de l’enseignement. En effet, cette étude est commandée au Centre National de la Recherche Scientifique, dont les missions, comme le rappelle la Conférence des Présidents d’Université, « ne sont en aucun cas de produire des évaluations du travail des enseignants-chercheurs, ou encore d’éclaircir ce qui relève “du militantisme ou de l’opinion” ». Bernard Toulemonde, ancien professeur de droit à l’université de Lille, précise dans un article du Monde que « même s’agissant d’un enseignant-chercheur vantant l’antisémitisme – il y a au moins deux cas où des professeurs ont été sanctionnés –, c’est la juridiction universitaire qui est compétente. » L’État entend bien reprendre les rennes, alors même qu’il pousse en parallèle à « l’autonomisation » sur le plan économique – c’est à dire la privatisation.
RÉACTION, CENSURE ET RÉPRESSION
D’après Vidal, à la suite du ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer ainsi que d’une cohorte d’universitaires réactionnaires qui n’hésitent pas à honteusement s’approprier la mort tragique de Samuel Paty, c’est donc « l’islamo-gauchisme » le fléau dans les universités. Ainsi ce terme n’est plus un leitmotiv de l’extrême droite ou une blague de mauvais goût du milieu militant, mais bien un nouvel élément de langage adopté clairement par le gouvernement pour pointer du doigt un responsable.
Pourtant en France ce n’est ni l’Islam ni les organisations politiques « de gauche » ou les syndicats qui détruisent l’enseignement et la recherche publiques, qui brisent les statuts, précarisent les emplois à l’université, ni même qui instaurent des restrictions d’accès aux archives sur des périodes sensibles de l’histoire de la France comme la guerre d’Algérie, la guerre d’Indochine ou encore le régime de Vichy.
Avec la destruction programmée de l’enseignement et de la recherche publique, le gouvernement affiche clairement sa volonté de répression des enseignants et chercheurs syndiqués ou non et des étudiants mobilisés, dans la juste lignée des mesures qui ne cessent de passer en force, par décret s’il le faut en justifiant de l’État d’Urgence Sanitaire : loi contre les séparatismes, loi de Sécurité Globale, loi de programmation de la recherche (qui criminalise notamment les étudiants mobilisés)…
On assiste, dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche, dans le milieu universitaire comme dans les autres pans de la société, à une dynamique de réaction intense, qui répond aux nécessités économiques de dépérissement de la société impérialiste française. Ces mesures préparent le terrain au fascisme, comme ce fut déjà le cas par le passé en France et ailleurs. Nous devons nous dresser, sur tous les fronts, contre ces attaques violentes contre nos droits, contre nos vies, nous défendre et lutter pour arracher à la clique réactionnaire gouvernementale notre dignité !
Pour une recherche scientifique aux mains des travailleurs, libérée des chaînes du profit et orientée vers la réponse aux besoins sociaux et environnementaux,
Contre la barbarie capitaliste, contre la réaction et le fascisme,
Pour une société de dignité, de travail et de paix durable,
Pour la révolution et le socialisme, organise ta colère !
Nous partageons la réaction de nos camarades des Jeunes Communistes Lyon aux propos de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Nous en profitons pour souligner que hier la moitié des députés PCF, dont Fabien Roussel, se sont contentés de s'abstenir lors du vote final de cette loi que nous avons dénoncé à maintes reprises. Cette énième trahison d'une partie de la direction du PCF ne fait qu'éclairer davantage la nécessité de la reconstruction d'un Parti communiste sur des bases révolutionnaires claires, marxistes-léninistes, sans compromission vis à vis de l'Etat bourgeois, de la barbarie raciste et impérialiste du Capital.
ENQUÊTE SUR « L’ISLAMO-GAUCHISME » À L’UNIVERSITÉ
Ce mardi 16 février à l’Assemblée, la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal a annoncé la mise en place d’un « bilan de l’ensemble des recherches » qui se déroulent à l’Université, afin soi-disant de distinguer « ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ». Derrière cette seconde catégorie, c’est bien la question de « l’islamo-gauchisme » qui « gangrène » l’Université que Vidal avançait dimanche sur CNews. Entre répression du militantisme, censure et casse de la recherche et de l’enseignement supérieur, la dynamique réactionnaire du gouvernement prend un nouvel élan.
RHÉTORIQUE RÉACTIONNAIRE ET DÉVOIEMENT DES SCIENCES
Ainsi, derrière la volonté affichée de mener une étude « scientifique » on assiste à une distorsion de la notion de « sciences » par une rhétorique classique : la « science » serait purement objective et neutre, elle ne devrait pas suivre une démarche politique/philosophique, ce qui justifierait de réprimer les travaux scientifiques qui vont dans une direction différente. Mais différente de quoi ? Différente des travaux qui suivent la ligne « républicaine », c’est à dire les travaux scientifiques qui servent les intérêts de la classe dominante et son gouvernement, qui suivent la ligne idéologique bourgeoise et sont déclarés « purement objectifs et neutres ».
Ce postulat de départ sur la neutralité scientifique est faux, les sciences comme toutes les composantes de la société répondent à des intérêts divergents, des intérêts de classe, et derrière cette enquête commandée par le gouvernement, représentant suprême des intérêts de la classe capitaliste, il s’agit bien d’assurer l’hégémonie de l’idéologie bourgeoise.
Ce qui est d’autant plus grave, c’est que ce dévoiement de la recherche scientifique implique également un dévoiement du corps de la recherche et de l’enseignement. En effet, cette étude est commandée au Centre National de la Recherche Scientifique, dont les missions, comme le rappelle la Conférence des Présidents d’Université, « ne sont en aucun cas de produire des évaluations du travail des enseignants-chercheurs, ou encore d’éclaircir ce qui relève “du militantisme ou de l’opinion” ». Bernard Toulemonde, ancien professeur de droit à l’université de Lille, précise dans un article du Monde que « même s’agissant d’un enseignant-chercheur vantant l’antisémitisme – il y a au moins deux cas où des professeurs ont été sanctionnés –, c’est la juridiction universitaire qui est compétente. » L’État entend bien reprendre les rennes, alors même qu’il pousse en parallèle à « l’autonomisation » sur le plan économique – c’est à dire la privatisation.
RÉACTION, CENSURE ET RÉPRESSION
D’après Vidal, à la suite du ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer ainsi que d’une cohorte d’universitaires réactionnaires qui n’hésitent pas à honteusement s’approprier la mort tragique de Samuel Paty, c’est donc « l’islamo-gauchisme » le fléau dans les universités. Ainsi ce terme n’est plus un leitmotiv de l’extrême droite ou une blague de mauvais goût du milieu militant, mais bien un nouvel élément de langage adopté clairement par le gouvernement pour pointer du doigt un responsable.
Pourtant en France ce n’est ni l’Islam ni les organisations politiques « de gauche » ou les syndicats qui détruisent l’enseignement et la recherche publiques, qui brisent les statuts, précarisent les emplois à l’université, ni même qui instaurent des restrictions d’accès aux archives sur des périodes sensibles de l’histoire de la France comme la guerre d’Algérie, la guerre d’Indochine ou encore le régime de Vichy.
Avec la destruction programmée de l’enseignement et de la recherche publique, le gouvernement affiche clairement sa volonté de répression des enseignants et chercheurs syndiqués ou non et des étudiants mobilisés, dans la juste lignée des mesures qui ne cessent de passer en force, par décret s’il le faut en justifiant de l’État d’Urgence Sanitaire : loi contre les séparatismes, loi de Sécurité Globale, loi de programmation de la recherche (qui criminalise notamment les étudiants mobilisés)…
On assiste, dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche, dans le milieu universitaire comme dans les autres pans de la société, à une dynamique de réaction intense, qui répond aux nécessités économiques de dépérissement de la société impérialiste française. Ces mesures préparent le terrain au fascisme, comme ce fut déjà le cas par le passé en France et ailleurs. Nous devons nous dresser, sur tous les fronts, contre ces attaques violentes contre nos droits, contre nos vies, nous défendre et lutter pour arracher à la clique réactionnaire gouvernementale notre dignité !
Pour une recherche scientifique aux mains des travailleurs, libérée des chaînes du profit et orientée vers la réponse aux besoins sociaux et environnementaux,
Contre la barbarie capitaliste, contre la réaction et le fascisme,
Pour une société de dignité, de travail et de paix durable,
Pour la révolution et le socialisme, organise ta colère !
[Voir aussi, à propos de la loi Séparatisme, l'article de nos camarades Jeunes Communistes des Bouches-du-Rhone : http://www.jeunescommunistes13.fr/blog/actualite/le-separatisme-ne-dupe-personne.html]