Poursuivre et amplifier la lutte pour les droits des étudiants étrangers
Publié le 13 Novembre 2015
Contribution de l'UEC Strasbourg aux travaux du Collectif national de l'UEC des 14-15 novembre 2015 :
I. Les problématiques vécues par les étudiants étrangers
Les campus français ont connu dans les dernières années une augmentation de la présence d’étudiants étrangers : nos universités accueillent près de 220.000 étrangers (dont 85% hors UE), ce qui fait de la France le troisième pays d'accueil des étudiants étrangers. Ils sont de plus en plus protagonistes du réseau associatif étudiant. Ils contribuent au fonctionnement de nos établissements. Ils contribuent de manière féconde à la recherche (41 % des doctorants en France sont des étudiants étrangers) et après la fin des études ils restent souvent dans le monde universitaire et deviennent des académiciens.
Mais le système universitaire français œuvre avec tous ses moyens pour empêcher le bon accueil de ces étudiants. Des barrières à l'accès et à la réussite des étudiants étrangers hors UE sont encore en place à cause de dispositions juridiques et de mesure d'exceptions explicitement discriminantes :
1° Le Décret du 6 septembre 2011 exige, pour leur permettre de rester étudier en France, que les étrangers possèdent un montant minimum fixé à 7.380€ par année universitaire. Ce montant est excessif pour tout étudiant et l’oblige à se salarier, souvent à temps plein, ce qui pénalise sa réussite.
2° Le système de renouvellement des visas constitue non seulement une perte de temps et de finances chaque année pour l’étudiant étranger, mais aussi il est laissé à l’arbitraire des Préfectures. La loi sur l’immigration de 2015 ne fait que renforcer leur pouvoir et crée un titre de séjour pluriannuel sélectif. Les Préfectures continuent donc à appliquer une politique d’expulsion massive des étudiants étrangers, de non renouvellement des titres de séjour (OQTF et multiplication des situations de "sans-papier") et de refus de délivrance d’autorisations de travail. La peur de l’arrestation, de la mise en centre de rétention et de l’expulsion devient le quotidien de ces étudiants.
3° Le système « Campus France », par ses surcoûts financiers et la coopération qui établit entre universités et ambassades françaises, met en place à chaque rentrée une véritable sélection sociale et politique des étudiants étrangers qui souhaitent accéder à l’ESR français.
4° Concernant les bourses, les aides sociaux et l’accès au logement public (cf. système du « garant »), ainsi que le droit au redoublement et à la réorientation, les étudiants étrangers ne jouissent pas de l’égalité de droits avec leurs camarades français, ce qui en précarise les études et même leur permanence légale en France
Si la situation des étrangers hors UE reste certainement la plus précaire, il ne faut pas oublier que même pour les étudiants européens qui participent à des échanges type « Erasmus+ » des entraves sont également présentes. Au-delà des multiples problèmes administratifs (conversion des notes, compatibilité du calendrier et programme universitaire, etc.) et des attaques continues au budget des programmes d’échanges européens, la précarisation des étudiants Erasmus+ issus des classes populaires a été le nouveau système de bourses prévu dans le budget de l’UE pour 2014-2020. Avec ce programme, l’UE dispose d’un budget de 500 millions d'euros et peut se porter garante de prêts bancaires souscrits par des étudiants pour financer leurs études à l'étranger. Ce système rend donc les prêts étudiants plus attractifs et porte clairement le risque d’un endettement massif des étudiants (cf. l'explosion de la dette étudiante aux Etats-Unis).
Enfin, nous ne devons pas oublier que la situation actuelle des étudiants étrangers est la conséquence du système impérialiste, qui condamne les pays « pauvres » à un véritable pillage des cerveaux et condamne leur jeunesse à une émigration massive. De ce fait, les pays « riches » trient abusivement les étudiants qui les intéressent. Il est donc notre devoir également soutenir les luttes des peuples pour leur véritable indépendance face à l'impérialisme de l’UE et des Etats-Unis, car seule la fin du néo-colonialisme et de l'impérialisme permettra l'émancipation de leurs populations et la mise en place de l’égalité entre les étudiants et les salariés de tous les pays.
II. Des batailles des Etudiants Communistes qui partent des aspirations des étudiants étrangers
Pour que nos batailles de solidarité avec les étudiants étrangers puissent faire avancer leurs droits et rassembler le milieu étudiant, nous devons partir des aspirations des étudiants étrangers. Tout comme les Français, les étudiants étrangers aspirent à pouvoir jouir d’une liberté de choix de l’université où poursuivre leurs études, sans devoir se salarier pour justifier d’un montant minimum de plusieurs milliers d’euros. Aussi, ils souhaitent ne pas devoir se soumettre à l’arbitraire des Préfectures quant à leur droit au séjour.
Notre Union s’est dotée depuis le dernier Congrès d’un groupe de travail qui traite spécifiquement les questions des étudiants étrangers, produisant des analyses et un matériel de propagande à cet effet, aidant les secteurs à se rapprocher des associations d’étudiants étrangers et à travailler avec elles.
Si nous avançons dans l’élaboration théorique sur les questions d’étudiants étrangers, nous pouvons faire encore des améliorations quant à nos pratiques et nos gestes militants :
1° Une vaste campagne informative doit être lancée au mois de janvier, c'est-à-dire au moment du renouvellement des titres de séjour.
2° Il convient de mieux définir le lien entretenu entre les étudiants étrangers et notre revendication de salaire étudiant, notamment autour des questions de l'accès aux bourses et des prêts bancaires.
3° Il convient de mieux définir nos gestes militants, notamment quel type de travail faut-il entamer avec les associations culturelles et syndicats d’étudiants étrangers, dont le Réseau université sans frontière (RUSF).
4° Il est plus qu'urgent de replacer la question des étudiants étrangers dans le cadre de notre lutte anti-impérialiste : il faut déterminer quel travail de propagande est nécessaire pour contrer ici et maintenant le système impérialiste qui pousse les étudiants à une émigration massive et au pillage des cerveaux à l’échelle internationale, renouvelant nos analyses notamment à propos des parrainages et des partenariats entre universités.
Union des étudiants communistes de Strasbourg