Valls, Vallaud-Belkacem et Cazeneuve à Strasbourg : merci pour la surprise !

Publié le 3 Mars 2015

 Valls, Vallaud-Belkacem et Cazeneuve à Strasbourg : merci pour la surprise !

Le Mouvement des jeunes communistes du Bas-Rhin vient d’apprendre hier, 2 mars 2015, la venue du premier ministre Manuel Valls à l’université de la même ville ce matin. Celui-ci sera accompagné de la ministre de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la recherche Mme Najat Vallaud-Belkacem ainsi que du ministre de l’intérieur M. Bernard Cazeneuve. Le programme énoncé de ce déplacement est d’une part la rencontre avec les membres du Conseil régional du culte musulman d’Alsace à la grande mosquée de Strasbourg, et d’autre part la rencontre avec les étudiants et enseignants du diplôme « Droit, société et pluralité des religions » afin d’évoquer « L’Islam de France » ; et ce « dans le cadre du dialogue que le gouvernement mène avec l’Islam de France » pour reprendre les mots du communiqué officiel.
 

Le MJCF 67 dénonce cette venue.

Tout d’abord il est particulièrement révélateur que cette venue ait été dévoilée de manière très tardive. Il est en effet manifeste que cette annonce en dernière minute ait pour but d’empêcher une potentielle mobilisation des étudiants et personnels de l’université notamment. En effet il faut se rappeler que les dernières venues des représentants du gouvernement actuel ont eu pour conséquence de fortes mobilisations de ces mêmes étudiants et du personnel universitaire, et se sont d’ailleurs soldées par une répression policière disproportionnée. Pourtant les temps sont bien propices à la mobilisation face à ce gouvernement au service du capitalisme financier, asservissement dont l’actuelle Loi Macron constitue un des symboles concrets. Cette loi a d’ailleurs été adoptée il y a peu en première lecture par l’Assemblée nationale via un moyen très autocratique, moyen qu’un certain François Hollande dénonçait farouchement il y a de ça quelques années. Cet événement confirmant non seulement plus que jamais la césure entre ce gouvernement et l’intérêt populaire mais également, et c’est heureux - même si à nuancer -, une absence d’ « unité » au sein du Parti Socialiste.

De même il n’est pas sans rappeler que ce déplacement au sein d’une université se fait dans un contexte où le service public universitaire et de la recherche tend à ne plus l’être et se trouve de ce fait dans une situation alarmante. Mme Vallaud-Belkacem ne se prendra même pas la peine de rencontrer les délégués du personnel et des étudiants de l'université, une conseillère du ministère fera bien l'affaire. Nous espérons que l'intersyndicale saura lui faire part de la dangerosité des politiques menées dans l’ESR depuis plusieurs années. Surprenant pour un parti qui se dit garant du « dialogue social », dialogue qui s’est fait par la violence policière lors de la venue de M. Hollande le 30 janvier 2014.
Il est donc tout à fait inadmissible que l’annonce de cet événement n’ait pas été faite plus tôt du fait de la crainte que les « nostalgiques des régimes de l’Est », pour reprendre les mots du président de l’Université de Strasbourg Alain Beretz, se rassemblent. M. Beretz qui doit par ailleurs bien se réjouir de la visite dans son royaume de fossoyeurs du service public universitaire garants de l’austérité, austérité qu’il dénonce mais seulement dans les paroles.

Deuxièmement si le motif du déplacement peut paraître louable il convient tout de même de nuancer. Manuel Valls a déclaré qu’il fallait « mener une guerre contre l’islamo-fascisme à l’extérieur mais aussi à l’intérieur du pays en combattant le djihadisme ». Il est évident qu’il faille lutter contre l’embrigadement d’individus et particulièrement des jeunes dans un extrémisme qu’ils croient religieux. Cependant il faut combattre cela à la racine du problème : cette dérive dans le djihadisme se fait essentiellement du fait de l’absence de perspectives sociales d’une frange de la population. Le parcours des criminels de la tuerie de Charlie Hebdo et de la prise d’otage de Vincennes en est tout à fait caractéristique. D’ailleurs le premier ministre a lui-même parlé d’un « apartheid » pour désigner la relégation de certains quartiers français. Qu’il aille jusqu’au bout de son raisonnement et propose des perspectives notamment d’emplois dans ces quartiers-là ! Mais évidemment lutter à l’intérieur du pays implique selon lui de nouvelles mesures sécuritaires dont l’efficacité reste encore à prouver.
En outre on retrouve dans sa stratégie et celle du gouvernement français la sempiternelle logique interventionniste suicidaire. Les politiques impérialistes menées depuis des années au Proche et Moyen-Orient sont en immense partie responsable de l’apparition de filières djihadistes, filières qui sont d’ailleurs notamment alimentées par des États partenaires économiquement de la France et dont on n’oserait guère dire d’où proviennent les armes de ses horribles combattants.
On peut donc clairement affirmer que ces solutions proposées seront inévitablement inefficaces. Plutôt que de vouloir « réformer l’Islam de France » dont on a d’ailleurs l’impression en entendant les discours gouvernementaux qu’il aurait à s’excuser, à « assumer et prendre ses responsabilités » selon le même Manuel Valls, le premier ministre ferait mieux de se préoccuper de ces jeunes livrés à même qui du jour au lendemain basculent par désarroi dans l’obscurantisme assassin. Il est plus que temps que ce gouvernement commence à mener une politique au service des couches populaires et non pas au service du patronat !

Mais il convient évidemment de se demander si cela constitue une de ses priorités.

 

Le Mouvement des jeunes communistes du Bas-Rhin.

Rédigé par Union des étudiants communistes de Strasbourg

Publié dans #Mouvement social, #Université, #Antiracisme

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