Chronique d'une chute libre vers l'autoritarisme : à Strasbourg, sous l'état d'urgence, la police fouille les enfants !

Publié le 12 Décembre 2015

La vidéo ci-dessus a été prise le mercredi 9 décembre à 12h40, depuis le restaurant Manolya, situé 2 petite rue du Marché aux Vins, à Strasbourg. L'interpellation, l'interrogatoire, la fouille totale ainsi que l'attouchement de cette personne a duré environ 2 minutes 40.

Voilà ce que le jeune homme nous a dit lorsque nous sommes allés le voir, alors qu'il avait encore des larmes dans ses yeux :

  • Il a 13 ans. Il vit actuellement chez sa tante à Hautepierre. Il « faisait la manche » au centre-ville pour « se payer un döner kebab » à manger, lorsqu'il a été interpellé par 3 policiers.
  • Les policiers lui ont entre autres demandé où il habitait et depuis combien de temps, et où se trouvait son père. Ils lui ont également dit qu'il n'avait pas le droit de porter ce genre de t-shirt après lui avoir demandé d'ouvrir sa veste et en touchant les symboles représentant des feuilles de cannabis.
  • Le garçon a répondu que son père « n'était pas avec lui », « pas ici » et leur a donc expliqué qu'il demandait simplement de l'argent pour pouvoir manger.
  • Il nous a dit qu'il pleurait avant que les policiers ne l'interpellent parce qu'il avait très faim, et qu'il a ensuite pleuré durant l'interpellation. Son visage et sa voix étaient encore marquées lorsque nous échangions avec lui.

Depuis la prolongation de l'état d'urgence en général, et en raison des mesures sécuritaires prises à Strasbourg pour la période du marché de Noël en particulier, ce genre de situations se manifestent un peu partout au centre-ville de Strasbourg, et plus particulièrement autour du pont de Paris.

On voit des jeunes garçons se faire contrôler et fouiller, parfois pendant plusieurs minutes. Il peut s'agir d'individu isolé mais également de groupes d'adolescents sortant de leur école et se faisant fouiller le cartable. On constate la généralisation et surtout la banalisation de ce type d'interpellations, lesquelles arrivent pourtant dans des espaces très fréquentés, sous les yeux des passants qui restent indifférents.

Ce n'est même plus un cas de contrôle au faciès, vu la durée de l'interpellation et l'attitude des policiers, mais une atteinte discriminatoire grave à la vie privée et au droit de se déplacer librement en ville.

Nous condamnons ces agissements qui s'inscrivent dans le cadre des dérives sécuritaires observées depuis maintenant plus d'un mois. Nous invitons chacun et chacune à prendre en photo, à filmer, à aller voir de plus près ce qu'il se passe durant ces interpellations arbitraires, à ne pas rester passif face à de telles situations. Nous avons le devoir de témoigner et de dénoncer les abus dont nous sommes victimes ou spectateurs lors des mesures d'application de l'état d'urgence.

L'état d'urgence, la menace terroriste, le climat autoritaire, rien ne peut justifier de tels actes arbitraires et disproportionnés de la part des forces de police !

 

Mouvement des Jeunes Communistes Bas-Rhin et Union des étudiants communistes de Strasbourg

Publié dans #Antiracisme

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