Le grand absent de la « Quinzaine de la culture japonaise » à l’Unistra : la survie des filières SHS au Japon !
Publié le 4 Février 2016
« Solidarity with Japanese student’s struggle against the closing of 26 departements of social sciences ». Telle était le contenu de la banderole qui a été déployée ce matin par l’UEC sur le campus central de l’Université de Strasbourg. Cette dernière en effet a inauguré le 1er février la « Quinzaine de la culture japonaise », avec des événements divers à l’Institut Le Bel, à la bibliothèque U2-U3 et au Collège Doctoral Européen, en partenariat avec le Département d'études japonaises de la Faculté des langues et cultures étrangères de l’Unistra.
Si la mise en valeur de la culture japonaise est à l’honneur de notre campus, et nous ne pouvons que nous féliciter pour ce genre d’initiatives internationales, il y a bien un grand absent dans cette Quinzaine. Nous parlons notamment du futur des filières de Sciences Humaines et Sociales au pays du soleil-levant.
Au mois de juin 2015, le Ministre de l’éducation japonais avait adressé aux présidents des 86 universités du pays une lettre les incitant à « abolir ou convertir » les filières SHS, favorisant plutôt les filières qui « servent mieux aux besoins de la société et se concentrer sur des domaines d’enseignement utiles à l’économie ». Au mois de septembre, 26 universités japonaises ont répondu positivement à l’appel du Ministre de l’éducation, annonçant la réduction de l’activité des facultés de Sciences Humaines et Sociales, voire leur fermeture. À présent, malgré les projets du gouvernement qui prévoient une « réforme » étalée jusqu’en 2022, 17 universités ont déjà arrêté d’accepter de nouvelles inscriptions en SHS.
Comme en Europe, les universités japonaises sont toujours plus soumises aux logiques néolibérales, et voient leurs filières être toujours plus évaluées en fonction de leur rentabilité et de leurs débouchés. La division qui en suit, entre les filières « rentables » et celles qui ne le seraient pas, a des lourdes conséquences : suppressions de postes d’enseignants, crédits amputés, fermeture de services et bibliothèques, etc. L’offre pédagogique ainsi que liberté d’étudier dans la filière que l’on souhaite, de la recherche et de l’enseignement sont directement attaquées, et ce sont de pans entiers de savoirs et savoir-faire qui sont clairement menacés sous couvert du « souci d’efficacité économique ».
Par notre action, nous avons voulu rappeler qu’il est impossible de parler de culture japonaise aujourd’hui sans évoquer les menaces de la classe dominante à la liberté de production et d’étude de cette culture et de sa recherche. Le Conseil scientifique du Japon lui-même a dénoncé le projet « anti-intellectuel » du gouvernement, ainsi que les deux principales universités du pays à Tokyo et Kyoto organisent la résistance à la fermeture des filières SHS. Pourtant, ces résistances risquent d’être brisées à cause des pressions financières que le gouvernement conservateur exerce sur ces établissements.
L’Union des Étudiants Communistes de Strasbourg tient à affirmer sa solidarité avec les étudiants et enseignants japonais qui se mobilisent pour le maintien de filières de Sciences Humaines et Sociales. Nous considérons que les financements des filières ne doivent pas être soumis aux critères de rentabilité, et c’est bien la diversité disciplinaire qui doit être encouragée pour que la culture japonaise ne soit pas soumise aux logiques marchandes.
L'Union des