Grève générale du 31 mars à Strasbourg : ce n'est qu'un début !
Publié le 1 Avril 2016
La grève générale du jeudi 31 mars à Strasbourg a marqué un nouveau moment fort pour le mouvement social contre la loi Travail. Le succès de cette journée en appelle d'autres, pour continuer la mobilisation contre les reculs sociaux du gouvernement PS-Medef, pour le retrait de cette loi rétrograde et pour imposer de nouvelles avancées sociales.
Dès le matin, le lycée Jean Rostand a été bloqué par des dizaines d'élèves appelant à rejoindre les moments de lutte de l'après-midi. Nous dénonçons le climat d'intimidation et l'attitude violente de l'administration du lycée, qui n'a pas hésité à agresser physiquement plusieurs de nos camarades et à faire appel aux forces de police. Ces dernières, une fois constaté que le blocage se déroulait pacifiquement de la part des élèves du lycée, n'a pu faire autre chose que repartir.
Ensuite, les lycéens se sont rassemblés devant le lycée Rostand avec des étudiants en lutte et ont entamé un cortège jusqu'au lycée Oberlin pour le débrayer et appeler leurs camarades à rejoindre la mobilisation. Un groupe de lycéens et étudiants s'est rendu aux lycées Pontonniers et Fustel de Coulanges pour faire de même.
plusieurs centaines de lycéens et quelques étudiants ont défilé d'Oberlin au campus universitaire appelant les étudiants à les rejoindre pour la grève générale contre la loi Travail. Le cortège a débrayé les amphis de l'Institut Le Bel pour se rendre ensuite à l'Assemblée Générale unitaire au Patio. L'Amphi 4 occupé étant trop petit pour accueillir tout le monde, le cortège s'est replié à l'Amphi 1.
Au meme moment, des débrayages ont eu lieu au Palais Universitaire, au Portique, au Patio, à l'IEP et à la Fac de Géographie, à l'initiative des comités de mobilisations que depuis des semaines informent les étudiants de leurs UFR sur les dangers de la loi Travail via des réunions publiques et des AG de filière.
Suite aux décisions de l'AG, un cortège de plusieurs centaines d'étudiants et de lycéens est parti du Patio pour rejoindre la Place Kléber, lieu de rendez-vous de la manifestation appelée par les organisations syndicales CGT, FSU, Solidaires et FO et qui ont décidé de laisser le cortège de la jeunesse prendre la tête de la manifestation.
Une fois que la manifestation est revenue à Place Kléber, le cortège de la jeunesse s'est remis en marche vers le campus universitaire pour tenir une Assemblée Générale de résistance, pour poser des perspectives immédiates de mobilisation contre la loi Travail et décider collectivement des prochaines étapes de la lutte. L'AG a alors voté à la majorité pour l'occupation immédiate du Patio et sa reconduite pendant la journée et la nuit, sans entrave des cours ni des examens. Un Comité d'occupation s'est constitué et a commencé les préparatifs pour l'occupation de nuit. Une délégation de l'Intersyndicale de l'Université de Strasbourg s'est rendue au Nouveau Patio pour informer le président de l'université, Alain Beretz, de la décision de l'AG et le dissuader de faire appel à la police pour évacuer le batiment (comme cela avait déjà été le cas le 9 avril 2015 lors de la mobilisation contre la loi Macron). Utilisant comme prétexte les « raisons de sécurité », Beretz a déclaré devoir faire appel aux forces de police.
Une fois que le Patio a été évacué intégralement, les occupants ont entamé un cortège nocturne, sortant du campus et bloquant le tram entre les arrêts Observatoire et Gallia.
Le jeu du chat et de la souris s'est rapidement mis en place, plusieurs voitures de police suivant les manifestants et les obligeant de courir d'un bout à l'autre de la rue pour éviter de se faire encercler. La poursuite s'est terminée derrière le lycée Jean Rostand, où tout avait commencé le matin même, les manifestants réussissant à se disperser par petits groupes et à se mettre à l'abri.
Le compte-rendu par La Feuille de Chou : http://la-feuille-de-chou.fr/archives/86795
Le Communiqué du comité d'occupation suite à l'évacuation du Patio :
Nous, membres de l’A.G. unitaire de lutte de la fac de Strasbourg réuni.e.s à 500 après la manifestation du 31 mars, avons voté l’occupation de nuit du bâtiment le Patio, dans le but de compléter l’occupation de jour de l’amphi 4 qui nous permet de nous organiser au quotidien pour assurer la diffusion de l’information dans tous les coins du campus et au-delà, et continuer de renforcer le mouvement social jusqu’au retrait de la loi Travail et à la satisfaction de nos revendications. L’occupation constitue un point de rencontre essentiel pour prendre le temps qu’il faut pour mener des discussions qui enrichissent la mobilisation, et ouvrir des perspectives politiques. Elle permet d’approfondir et de mettre en pratique les débats et décisions pris en A.G.
Le président de la faculté Alain Beretz a choisi, en réponse, de nous envoyer les forces de l’ordre afin de nous déloger, entravant de ce fait la décision de l’A.G., et ceci sans négociation possible. Il a également contraint des membres du personnel chargé de la sécurité du bâtiment de rester sur place, au lieu de faire appel à une sécurité privée comme c’est généralement le cas dans ce genre de situations. Nous trouvons cela inacceptable, car nous savons que les heures supplémentaires des agent.e.s ne seront pas payées, et nous dénonçons une manœuvre (vaine) visant à diviser le mouvement.
Mais notre détermination est restée intacte, et les bacqueux, ainsi que les forces de l’ordre équipées, ont usé de la force en poussant sans ménagement le bloc de 80 personnes - soudées et pacifiques, se tenant par les bras - dans l’escalier. S’en est suivi une manifestation coursée par les policiers, qui s’est heureusement terminée sans blessé.e.s ni arrestations.
En réponse à cette répression déclenchée par le président de l’UdS, les occupant.e.s avaient décidé, avant l’évacuation, et en connaissance de l’imminence de celle-ci, le blocage du Patio dès le lendemain matin.
Le 31 mars n’est qu’une étape de ce mouvement social, ne lâchons rien !
Le matin du vendredi 1er avril, le blocage du Patio a effectivement eu lieu jusqu'à 9h, lorsque une nouvelle intervention des forces de police a réouvert le batiment. Des contrôles d'identités ont été systèmatiquement mis en place aux entrées. Alain Beretz a déclaré que suite au blocage du Patio, il considère que le contrat tacite qui autorisait l'occupation de jour de l'Amphi 4 est rompu. Des demandes officielles doivent être effectuées pour la tenue des prochaines AG et que seuls les étudiants et personnels de l'université sont autorisés à entrer au Patio.
Malgré cela, une Assemblée Générale a pu avoir lieu ce vendredi au Patio à 12h. La volonté de reprendre l'Amphi 4 du Patio a été affirmée. Une nouvelle Assemblée Générale est convoquée pour le mardi 5 mars à 10h au Patio, ainsi qu'une nouvelle manifestation contre la loi Travail le mardi 5 mars à 14h à Place Kléber : https://www.facebook.com/events/839064676225670/839080886224049/
Un site internet participatif de l'AG des étudiant.e.s en lutte contre la loi Travail est désormais opérationnel : https://etudiantsenlutte.wordpress.com/, pour s'informer sur la loi Travail, pour prendre contact avec le collectif de mobilisation, pour participer aux activités des commissions et pour se tenir au courant de prochains moments de mobilisation. En particulier, une Commission juridique a pour mission de ne pas laisser croire que les violences policières du 17 mars devant la Fac de Droit étaient légales, et s’est lancée dans une série d’actions auxquelles tout le monde peut contribuer simplement si a été témoin de quoique ce soit. Son adresse mail : violencespolicieres17mars@yahoo.fr
L'Union des Etudiants Communistes de Strasbourg exprime sa solidarité avec les lycéens et les étudiants en lutte : malgré la violence policière du 9 et 17 mars, malgré les intimidations des administrations des lycées et de l'UniStra, le succès de la grève générale du 31 mars prouve que la jeunesse du pays est prête à rélever la tête et qu'elle n'arrêtera pas de se mobiliser contre la casse de ses droits. Nous appelons à multiplier les AG de filière, les AG de lycée, pour que la grève se poursuit dans chaque établissement et qu'elle s'amplifie. Nous condamnons les pressions des administrations des lycées contre leurs élèves en lutte, ainsi que l'évacuation policière du Patio autorisée par une présidence d'université qui a du sang sur ses mains.
Le 31 mars, ce n'était qu'un début. #LeMondeOuRien
L'Union des Etudiants Communistes de Strasbourg