BU ouvertes 24h/24 : une mauvaise solution qui cache de vrais problèmes !

Publié le 5 Décembre 2016

BU ouvertes 24h/24 : une mauvaise solution qui cache de vrais problèmes !

Ces derniers temps, une idée a commencé à se propager sur les réseaux sociaux et les bouches des étudiants de Strasbourg : et si on ouvrait les bibliothèques universitaires 24h/24 et 7j/7 ? Si l’idée peut sembler intéressante pour permettre à tous les étudiants de disposer d’un cadre travail serein pour étudier, elle est loin d’être sans danger, et masque des problèmes encore plus importants.

L’ouverture constante des bibliothèques, de nuit comme le dimanche, implique la présence constante de salariés. On peut donc légitimement s’inquiéter pour les conditions de travail de ces derniers. Rappelons que si les étudiants ont le choix de venir ou non étudier à la bibliothèque de nuit, les salariés sont tenus par un contrat de travail d’y être présents. Or, de nombreuses études prouvent que le travail nocturne régulier est bel et bien nuisible à la santé (voir : http://www.inrs.fr/risques/travail-de-nuit-et-travail-poste/effets-sur-la-sante-et-accidents.html). Sans compter le fait que les vacataires travaillant dans les bibliothèques sont souvent des étudiants : sachant que le travail salarié des étudiants est la première cause d’échec à l’Université, il est évident que faire travailler des étudiants vacataires de nuit et le dimanche ne va que faire empirer la situation. Car oui, le statut d’étudiant-vacataire n’est pas idéal, loin de là ; rappelons par exemple que les vacataires de l’IEP de Strasbourg s’étaient justement mis en grève en janvier pour protester contre l’austérité à l’Université, et pour réclamer une reconnaissance de leurs droits : ces derniers avaient subi plusieurs mois de retard dans le payement de leur salaire ! (voir : http://uecstrasbourg.over-blog.com/2016/01/les-vacataires-de-la-bibliotheque-de-l-iep-strasbourg-en-greve.html). Enfin, l’argument selon lequel l’ouverture de nuit des bibliothèques va permettre de créer des emplois est ridicule : il existe bien d’autres moyens de créer de l’emploi que de faire travailler des étudiants en pleine nuit. D’ailleurs, si on avait voulu lutter contre le chômage à l’Université de Strasbourg, peut-être aurait-on dû éviter d’appliquer des politiques d’austérité budgétaire ces années ?

Malgré tout, on ne peut nier qu’une extension des horaires d’ouverture des bibliothèques profiterait à une partie des étudiants qui en auraient besoin ; les étudiants forcés de se salarier pour survivre par exemple. Comment pouvoir étudier dans une bibliothèque quand on sort du travail à 23h ? Les bibliothèques étant fermées de nuit, le seul moyen d’y parvenir est d’y aller le week-end, sachant qu’une seule n’est ouverte le dimanche, et souvent remplie. Le problème est le même pour les étudiants précaires vivant dans un mauvais logement : la bibliothèque est bien souvent la seule alternative à un logement bruyant, de mauvaise qualité, ou ne permettant pas ou peu d’accès à Internet (par exemple les cités-U strasbourgeoises, avec leurs problèmes récurrents de coupure de l’Internet et de manque de salles de travail accessibles). D’autant plus que la fermeture imminente de la bibliothèque Blaise Pascal va encore plus surcharger les bibliothèques déjà existantes, rendant aux étudiants l’accès à un cadre de travail convenable encore plus difficile.

Il est pourtant possible, et nécessaire, d’offrir des conditions optimales de travail aux étudiants, sans forcer d’autres personnes à subir une dégradation de leurs propres conditions de travail. Une ouverture plus longue des BU ne fera que masquer le plus grand obstacle à notre réussite : la précarité étudiante. L’UEC défend depuis des années des propositions en faveur des étudiants, pour abolir à leur source ces difficultés que nous rencontrons tous :

1. La création d’un salaire étudiant inconditionnel, pour remplacer un système de bourses archaïque et insuffisant. Les étudiants ne sont pas de simples écoliers, ce sont des travailleurs en formation, devant travailler tout autant voire plus que des salariés, afin de fournir une main-d’œuvre qualifiée au patronat. Cependant, nombre d’entre eux sont confrontés à la précarité : problèmes de logements, nécessité de se salarier en plus de leurs cours pour survivre, etc. Il en vient deux constats. Premièrement, ce n’est pas parce que le travail des étudiants ne produit pas de richesses pendant le temps d’étude qu’il n’existe pas ; puisque nous passons des dizaines heures à travailler chaque semaine, heures que nous ne pouvons pas investir dans un travail salarié à temps plein, nous avons besoin et nous méritons un salaire ! Deuxièmement, l’existence d’une force de travail bien formée profitant avant tout aux capitalistes qui vont s’enrichir sur notre dos, c’est à eux d’en assumer les frais : finançons notre salaire étudiant par de nouvelles cotisations patronales ! Ainsi, nous aurons de quoi vivre décemment pendant nos études, et nous pourrons ainsi tous disposer entre autres d’un cadre de travail correct : plus besoin de se salarier pour payer un logement adapté à nos besoins, plus besoin d’espérer avoir une place à la BNU le dimanche pour avoir la chance de pouvoir travailler correctement, plus besoin de se forcer à réviser à minuit tous les soirs parce qu’on n’avait pas le temps avant à cause de notre job étudiant, et donc plus besoin de devoir faire travailler des employés de bibliothèque en pleine nuit.

2. La mise à disposition de logements étudiants salubres, à la portée de tous. Pour étudier dans de bonnes conditions, nous avons besoin de logements adaptés à notre situation. Cependant, nombre d’entre nous n’ont pas accès aux cités-U, qui ne couvrent les besoins que de 7% des étudiants. Nous avons donc le choix entre subir des heures de trajet pour accéder à nos facultés, vivre dans un lieu inadapté à un travail efficace, ou dans un logement insalubre. Nous proposons pour cela la nationalisation des résidences étudiantes privées (qui se développent de plus en plus répondant à un besoin réel mais qui font de la spéculation sur la misère étudiante), la construction de nouveaux logements étudiants et la rénovation des cités-U existantes qui ne répondent pas aux besoins d’un travail universitaire, ainsi que la mise en place de loyers pour ces logements ne dépassant pas le montant des APL.

Le capitalisme n’est pas la seule option ! Ensemble, luttons pour un enseignement supérieur de qualité pour tous !

 

Union des Etudiants Communistes de Strasbourg

Publié dans #Université

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