Pour un enseignement supérieur féministe !
Publié le 2 Décembre 2016
Quand le patriarcat s'attaque aux étudiantes
Femmes et Hommes, nous sommes tous les jours confrontés à une société patriarcale. Nous assistons souvent à ses manifestations sans même nous en rendre compte, qu’elles soient via certaines réflexions ou certaines remarques. Aujourd’hui nous n'y prêtons généralement plus aucune attention, cela est devenu la norme. Pourtant, elles ne sont pas anodines, elles reflètent bien le quotidien du système patriarcal. Il est bon de rappeler ce qu'est ce dernier, puisque nous avons tendance à l'oublier. Le patriarcat désigne l'ensemble des mécanismes par lesquels un homme, ou la société toute entière, se rendent propriétaires des femmes.
Ce système patriarcal s'est imposé également sur nos lieux d'étude et y est aujourd’hui majoritaire. Le sexisme est devenu si important que nous ne pouvons même plus compter ne serait-ce que les affiches dégradant les femmes, simplement pour promouvoir des soirées d’intégration. De plus, les principales associations étudiantes en sont les premières instigatrices. Et tout cela reste sans grande réaction de la population étudiante qui continue d’arborer fièrement ses œillères.
Ce système patriarcal que nous côtoyons sur notre propre faculté est malheureusement aussi illustré par la pratique du viol et sa culture qui reste terriblement présente et qui continue à constituer un réel danger pour toutes les étudiantes. La culture du viol, elle, culpabilise toutes les femmes qui auraient vécu ce traumatisme. Le harcèlement sexuel est également très présent, et promu par lesdites affiches... quel beau cercle vicieux ! Pour couronner le tout, beaucoup d'enseignants participent à cet état de fait en faisant régulièrement du chantage à la note, des remarques sexistes, du harcèlement sexuel. Tout ceci est excusé par les directions de Faculté et de l’Université, qui continuent à prôner le système patriarcal avec une certaine subtilité, tout en affirmant l’inexistence de quelconque problème d'inégalité... Elles couvrent les agissements abjects de certaines associations, elles se contentent de muter d'une fac à une autre un enseignant-harceleur.
Remarquons aussi que l'accès à la santé n'est pas gratuit, que l’accès à la contraception, au dépistage ainsi qu'à l'IVG sur le campus connaît encore nombre d'entraves. Et ne parlons pas non plus des crèches près des campus pour les jeunes parents, qui n'existent pas tout court. Cela perpétue le fait que beaucoup d'étudiantes sont contraintes d'arrêter leurs études lorsqu'elles sont enceintes. Aujourd'hui comme toujours, être enceinte est « un problème », tant à l'université que dans le monde du travail. Cela s'explique par les liens qu'entretiennent le système patriarcal et le système capitaliste, ce dernier prônant une optimisation et une efficacité que, soit disant, les femmes enceintes n'auraient plus ou ne pourraient pas garantir pour une période déterminée.
Nous pouvons aussi parler de la prostitution étudiante : loin d'être absente de la réalité universitaire (20.000 étudiantes en France sont concernées par ce fléau), elle trouve son origine dans le manque cruel d'aides financières, de bourses accordées aux étudiants. La question de classe ne disparaît pas dans l'enjeu d'égalité hommes-femmes, puisque les femmes des classes les plus démunies sont les plus touchées par ce patriarcat ambiant, les plus susceptibles de se tourner vers la prostitution, d'abandonner les études en cas de grossesse.
De plus, il existe à l'université une réelle orientation en fonction du genre. Majoritairement, les études se divisent de cette manière : Arts, Lettres, Langues pour les femmes ; Médecine, STAPS, Sciences dites dures pour les hommes. Dans toutes ces filières il y a des discriminations de genre, aux dépens des étudiants dans les filières dites féminines comme aux dépens des étudiantes dans les filières dites masculines. Il y a une véritable dévalorisation de la formation des études dites « féminines », qui justifie les inégalités salariales, d'où encore un lien patriarcat/capitalisme qui renforce l'un et l'autre.
Pour se débarrasser du sexisme à la fac, les propositions de l'UEC
Le patriarcat empêche aux femmes de pouvoir étudier sereinement. C'est pour cela que nous, Étudiants Communistes, appelons à se mobiliser contre le sexisme ambiant dans nos campus, pour obtenir une réelle égalité des genres.
De même qu’appartient à chaque femme le choix d’avoir ou non un enfant, une étudiante doit pouvoir bénéficier d’un cadre propice à sa poursuite d’études, qu’elle soit enceinte ou jeune mère, par la création de crèches et de pôles publics de santé avec accès gratuit aux soins : contraception, IVG, gynécologie, psychologie... cela doit leur permettre de poursuivre leurs études jusqu’au plus haut niveau. Un aménagement des horaires de cours dans chaque filière doit être possible pour les étudiantes enceintes ou jeunes mères.
Nous voulons également la mise en place de cellules d’écoute sur les campus et dans les cités-U, auprès desquelles les femmes pourraient libérer leur parole et témoigner des violences subies. Ces cellules doivent avoir un véritable rôle de prévention, d’alerte et d’accompagnement des victimes de pratiques sexistes. Cela passe par l’application de sanctions effectives envers les étudiants ou professeurs coupables de chantage à la note, de harcèlement, de viol… Les pratiques sexistes ne doivent pas être étouffées par peur de ternir le prestige d’une université, la carrière d’un enseignant ou le parcours d’un étudiant.
Nous nous battons pour obtenir un salaire étudiant, afin de mettre fin à la précarité des étudiantes et faire en sorte qu'elles n'aient plus à envisager la pratique de la prostitution pour subvenir au manque de ressources.
Nous voulons une réelle reconnaissance des diplômes obtenus par les femmes, via l’inscription des diplômes dans les conventions collectives, pour briser l’inégalité de genre dans l’insertion professionnelle.
Nous exigeons l'interdiction de toute soirée et affiche sexiste. Le but n'est pas de priver les étudiants de moments conviviaux, mais d’empêcher que la convivialité soit éternellement réservée au public masculin aux dépens des femmes, qu'elles ne soient plus réduites à des objets sexuels sur les affiches, qu'elles ne se fassent plus harceler régulièrement aux soirées étudiantes. Pour cela, nous exigeons que l'Université engage la responsabilité de toutes les associations via une « Charte étudiante pour une université féministe » dont nous sommes à l'initiative. Si les associations refusent de la respecter, nous demandons à ce qu'elles ne bénéficient plus d'accès à un local et aux aides de l'Université.
Union des Etudiants Communistes de Strasbourg