BU ouvertes 24h/24 et 7j/7 : le débat à l'Unistra cache encore des vrais problèmes des étudiants

Publié le 15 Février 2017

BU ouvertes 24h/24 et 7j/7 : le débat à l'Unistra cache encore des vrais problèmes des étudiants

Dans un article publié sur Rue89 Strasbourg (http://www.rue89strasbourg.com/bibliotheques-universite-ouvertures-dimanche-115815?utm_source=Newsletter+Rue89+Strasbourg&utm_campaign=43ef46be7f-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_2cc103f91a-43ef46be7f-68257297&mc_cid=43ef46be7f&mc_eid=2b83ea8e9a), le président de l’Université de Strasbourg Michel Deneken s’est déclaré favorable à l’ouverture le dimanche des bibliothèques, comme cela est actuellement le cas pour la BNU. Cette question de leur ouverture dominicale ayant été déjà soulevée auparavant par des étudiants, l’Union des Étudiants Communistes de Strasbourg en profite pour réaffirmer ses positions sur ce sujet. Si ce genre de projet peut sembler bénéfique, ce n’est qu’un masque qui cache le fond de problèmes réels rendant l’ouverture des bibliothèques le dimanche tentante.

 

Note : cet article est en grande partie tiré d’un article publié sur notre blog il a quelques mois de cela (http://uecstrasbourg.over-blog.com/2016/12/bu-ouvertes-24h/24-une-mauvaise-solution-qui-cache-de-vrais-problemes.html)

 

L’ouverture des bibliothèques le dimanche y implique évidemment la présence de salariés. Doit-on encore appliquer sans broncher la logique libérale qui gangrène de plus en plus notre société, selon laquelle les travailleurs doivent à tout prix se plier à la demande de leurs employeurs? Disposer d’un jour de congé hebdomadaire est un conquis social fondamental, malgré sa remise en cause par la loi Macron; peut-on demander à d’autres travailleurs de remettre en cause leurs droits essentiels et légitimes pour notre seul bénéfice? Rappelons en plus le fait que les vacataires travaillant dans les bibliothèques sont souvent des étudiants : sachant que le travail salarié des étudiants est la première cause d’échec à l’Université, il est évident que faire travailler des étudiants vacataires le dimanche ne va que faire empirer la situation. Car oui, le statut d’étudiant-vacataire n’est pas idéal, loin de là ; rappelons par exemple que les vacataires de l’IEP de Strasbourg s’étaient justement mis en grève en janvier dernier pour protester contre l’austérité à l’Université, et pour réclamer une reconnaissance de leurs droits : ces derniers avaient subi plusieurs mois de retard dans le payement de leur salaire ! (voir : http://uecstrasbourg.over-blog.com/2016/01/les-vacataires-de-la-bibliotheque-de-l-iep-strasbourg-en-greve.html). Coupons aussi cours aux idée saugrenues qui pourraient germer dans nos esprits pour justifier cette nouvelle exploitation ; non, ouvrir les bibliothèques le dimanche n’est pas un bon moyen de créer de l’emploi, il existe bien d’autres moyens d’en créer que de faire travailler des étudiants le dimanche. D’ailleurs, si on avait voulu lutter contre le chômage à l’Université de Strasbourg, peut-être aurait-on dû éviter d’appliquer des politiques d’austérité budgétaire ces années ? Enfin, rappellons que les bibliothèques proposent déjà des horaires d’ouvertures très étendus. Ainsi, la bibliothèque U2-U3 est ouverte 75h par semaine, la BNU 80h, et la bibliothèque du PEGE 80h aussi (d’après les horaires présentés par l’application Affluences, recommandée par l’Unistra).

Malgré tout, on ne peut nier qu’une extension des horaires d’ouverture des bibliothèques profiterait à une partie des étudiants qui en auraient besoin ; les étudiants forcés de se salarier pour survivre par exemple. Comment pouvoir étudier dans une bibliothèque quand on sort du travail à 23h ? Les bibliothèques étant fermées de nuit, le seul moyen d’y parvenir est d’y aller le week-end, sachant qu’une seule n’est ouverte le dimanche, et souvent remplie. Le problème est le même pour les étudiants précaires vivant dans un mauvais logement : la bibliothèque est bien souvent la seule alternative à un logement bruyant, de mauvaise qualité, ou ne permettant pas ou peu d’accès à Internet (par exemple les cités-U strasbourgeoises, avec leurs problèmes récurrents de coupure de l’Internet et de manque de salles de travail accessibles). D’autant plus que la fermeture de la bibliothèque Blaise Pascal (http://uecstrasbourg.over-blog.com/2017/01/fermeture-de-la-bibliotheque-blaise-pascal-les-grands-projets-a-l-heure-de-l-austerite-a-la-fac.html)surcharge d’autant plus les bibliothèques déjà existantes, rendant aux étudiants l’accès à un cadre de travail convenable encore plus difficile.

Il est pourtant possible, et nécessaire, d’offrir des conditions optimales de travail aux étudiants, sans forcer d’autres personnes à subir une dégradation de leurs propres conditions de travail. Une ouverture plus longue des BU ne fera que masquer le plus grand obstacle à notre réussite : la précarité étudiante. L’UEC défend depuis des années des propositions en faveur des étudiants, pour abolir à leur source ces difficultés que nous rencontrons tous :

1. La création d’un salaire étudiant inconditionnel, pour remplacer un système de bourses archaïque et insuffisant. Les étudiants ne sont pas de simples écoliers, ce sont des travailleurs en formation, devant travailler tout autant voire plus que des salariés, afin de fournir une main-d’œuvre qualifiée au patronat. Cependant, nombre d’entre eux sont confrontés à la précarité : problèmes de logements, nécessité de se salarier en plus de leurs cours pour survivre, etc. Il en vient deux constats. Premièrement, ce n’est pas parce que le travail des étudiants ne produit pas de richesses pendant le temps d’étude qu’il n’existe pas ; puisque nous passons des dizaines heures à travailler chaque semaine, heures que nous ne pouvons pas investir dans un travail salarié à temps plein, nous avons besoin et nous méritons un salaire ! Deuxièmement, l’existence d’une force de travail bien formée profitant avant tout aux capitalistes qui vont s’enrichir sur notre dos, c’est à eux d’en assumer les frais : finançons notre salaire étudiant par de nouvelles cotisations patronales ! Ainsi, nous aurons de quoi vivre décemment pendant nos études, et nous pourrons ainsi tous disposer entre autres d’un cadre de travail correct : plus besoin de se salarier pour payer un logement adapté à nos besoins, plus besoin d’espérer avoir une place à la BNU le dimanche pour avoir la chance de pouvoir travailler correctement, plus besoin de se forcer à réviser à minuit tous les soirs parce qu’on n’avait pas le temps avant à cause de notre job étudiant, et donc plus besoin de devoir faire travailler des employés de bibliothèque en pleine nuit.

2. La mise à disposition de logements étudiants salubres, à la portée de tous. Pour étudier dans de bonnes conditions, nous avons besoin de logements adaptés à notre situation. Cependant, nombre d’entre nous n’ont pas accès aux cités-U, qui ne couvrent les besoins que de 7% des étudiants. Nous avons donc le choix entre subir des heures de trajet pour accéder à nos facultés, vivre dans un lieu inadapté à un travail efficace, ou dans un logement insalubre. Nous proposons pour cela la nationalisation des résidences étudiantes privées (qui se développent de plus en plus répondant à un besoin réel mais qui font de la spéculation sur la misère étudiante), la construction de nouveaux logements étudiants et la rénovation des cités-U existantes qui ne répondent pas aux besoins d’un travail universitaire, ainsi que la mise en place de loyers pour ces logements ne dépassant pas le montant des APL.

3. Un réinvestissement de 3 milliards d’euros dans l’enseignement supérieur. Si nous voulons plus de places dans les bibliothèques, cessons d’essayer d’étirer les horaires aux dépends du personnel, mais construisons de nouvelles bibliothèques. Cependant, ce genre de projet nécessite de la part de l’État une réelle contribution, pour ne pas retomber dans des situations absurdes comme celle du projet Studium, une dépense de 30 millions d’euros alors que l’Université continue de vivre avec des budgets trop faibles, et privant par ailleurs pendant 3 ans les étudiants d’une bibliothèque ! (http://uecstrasbourg.over-blog.com/2017/01/fermeture-de-la-bibliotheque-blaise-pascal-les-grands-projets-a-l-heure-de-l-austerite-a-la-fac.html). Cette investissement peut par exemple être réorienté depuis d’autres investissements inutiles ne servant qu’à engraisser le patronat, comme les 40 milliards d’euros du CICE, qui a été 10 fois moins utile que ce que promettait le MEDEF, ou les 6 milliards d’euros du Crédit Impôt Recherche.

Le capitalisme n’est pas la seule option ! Ensemble, luttons pour un enseignement supérieur de qualité pour tous !

 

Union des Étudiants Communistes de Strasbourg

Publié dans #Université

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