Sexisme à l'université : retour sur la table ronde du 1er mars 2017
Publié le 2 Mars 2017
Nous publions ici la contribution de l'UEC Strasbourg à l'occasion de la table ronde "L'université et l'égalité : vous avez dit sexisme ?" (organisée par Efigies-Strasbourg le 1er mars 2017 avec des associations féministes et des associations étudiantes : https://www.facebook.com/events/1832648280316247/). Il s'agit des interventions de Lola R. à la tribune de la table ronde ainsi que d'éléments d'analyse sur les liens entre patriarcat et capitalisme au delà du milieu universitaire.
I. Sur l'affaire du bréviaire sexiste du Comité des traditions de l'INSA Strasbourg
Au mois de janvier 2017, nous avons été mis au courant de l’existence d’un bréviaire sexiste produit par le « Comité des traditions » (CDT) de l’INSA Strasbourg et nous avons réussi à nous le procurer. Le contenu allait de chansons paillardes virilistes, dégradantes pour les femmes, à l’homophobie et aux dessins incitant au viol ou aux agressions sexuelles : http://uecstrasbourg.over-blog.com/2017/01/culture-du-viol-sexisme-homophobie-les-belles-traditions-de-l-insa-strasbourg.html
Le CDT est un comité composé par 9 personnes visant à organiser l’intégration des nouveaux arrivants à l’INSA, et le bréviaire est un archivage de diverses chansons laissées au fur et à mesure par les organisateurs. Le bréviaire continuait à être vendu dans l’Institut mais il était censé rester confidentiel.
Parmi les chansons on peut voir :
- « On aime se faire sucer et vous péter le cul » ;
- « On te prend par derrière, on t’en met plein les dents » ;
- « J’aime bien les culs d’ces grosses teupuh mais j’dois m’branler car j’peux pas chasser » ;
- « Je porte mes couilles et mon emblème ».
Pour ce qui est des dessins qui accompagnent les chansons, nous pouvons voir :
- une image où un homme incarnant le CDT attend une fellation d’une femme, accompagné de paroles « Dans cette partie du spectacle ton role consiste à faire plaisir au CDT » ;
- une image d’une femme à quatre pattes se faire toucher violemment les fesses par un homme ;
- une image d’agression sexuelle où un homme par surprise pose ses parties génitales sur la tête d’une femme ;
- une image d’un viol dont est victime un 1ère année, appelé « bizuth » ;
- une image d’un homme qui tient la tete d’une femme pendant une fellation et qui dit « On ne parle pas la bouche pleine »
Ce qui émerge de ce bréviaire, c’est qu’entre la culture du viol, le bizutage (interdit en France depuis 1998), le virilisme, les propos sexistes et dégradants en général, et les rites d’intégration des 1ères années, la frontière est très fine.
Lors de la révelation de l’existence de ce bréviaire, nous avons assisté à un déchaînement violent de certains étudiants de l’INSA, renforcé par un esprit corporatiste, contre notre article. Ils nous ont accusé de parler de sexisme là où il n’y en aurait pas. Ils ont ainsi renversé la logique de culpabilité : c’est nous que nous avons soi-disant humilié l’INSA, alors que les véritables coupables de l’humiliation de l’INSA en tant qu’institut et plus particulièrement de ses étudiantes, sont bien les auteurs du bréviaire et leurs complices.
Nous avons finalement obtenu l’ouverture du débat au sein de l’institut ainsi qu’une prise de position ferme de la part de la direction. Celle-ci a ouvert une enquête auprès des étudiants et prévoit 4 mesures pour combattre le sexisme à l’institut :
- la création d’une Charte de bonne conduite à faire signer par les organisateurs des week-end et soirées d’intégration et par l’association d’anciens élèves ;
- l’introduction de la Charte dans le Règlement intérieur de l’INSA ;
- une campagne de sensibilisation auprès des étudiants sur les comportements sexistes ;
- la mise en place d’un dispositif de veille et d’alerte à chaque rentrée sous la forme d’une plate-forme privée.
II. Pour se débarasser du sexisme à la fac : les propositions de l’UEC
Le sexisme dans les campus n’est pas une réalité isolée, mais bien un reflet d’une société qui reste patriarcale. Le patriarcat empêche aux femmes à l’université de pouvoir étudier sereinement. L’UEC appelle à se mobiliser contre le sexisme à la fac et établir une réelle égalité des genres : http://uecstrasbourg.over-blog.com/2016/12/pour-un-enseignement-superieur-feministe.html
Cela passe d’abord par des revendications de court terme :
- la mise en place de cellules d’écoute sur les campus et dans les cités-U, auprès desquelles les femmes pourraient libérer leur parole et témoigner des violences subies. Ces cellules doivent avoir un véritable rôle de prévention, d’alerte et d’accompagnement des victimes de pratiques sexistes. Cela passe par l’application de sanctions effectives envers les étudiants ou professeurs coupables de chantage à la note, de harcèlement, de viol… Les pratiques sexistes ne doivent pas être étouffées par peur de ternir le prestige d’une université, la carrière d’un enseignant ou le parcours d’un étudiant.
- l'interdiction de toute soirée et affiche sexiste, et un controle renforcé particulièrement pendant les moments d’intégration. Le but n'est pas de priver les étudiants de moments conviviaux, mais d’empêcher que la convivialité soit éternellement réservée au public masculin aux dépens des femmes, qu'elles ne soient plus réduites à des objets sexuels sur les affiches, qu'elles ne se fassent plus harceler régulièrement aux soirées étudiantes. Pour cela, nous exigeons que l'Université engage la responsabilité de toutes les associations via une « Charte étudiante pour une université féministe » sur le modèle de celle envisagée par l’INSA ou de celle gagnée par les Etudiants Communistes de Grenoble. Si les associations refusent de respecter cette Charte, nous demandons à ce qu'elles ne bénéficient plus d'accès à un local et aux aides de l'Université.
- la création de crèches et de pôles publics de santé à proximité des campus avec accès gratuit aux soins : contraception, IVG, gynécologie, psychologie... cela doit permettre aux étudiantes de poursuivre leurs études jusqu’au plus haut niveau. Un aménagement des horaires de cours dans chaque filière doit être possible pour les étudiantes enceintes ou jeunes mères.
- la création d’un salaire étudiant, afin de mettre fin à la précarité des étudiants en générale et, particulièrement pour les étudiantes, faire en sorte que pour subvenir au manque de ressources elles n'aient plus à envisager la pratique de la prostitution ou à travailler la nuit, sous risque de violences sexuelles de tout genre.
- une réelle reconnaissance des diplômes obtenus par les femmes, via l’inscription des diplômes dans les conventions collectives, pour briser l’inégalité de genre dans l’insertion professionnelle.
Au moment du scandal de l’INSA, des étudiants ont affirmé que le bréviaire n’était plus utilisé ni chanté et qu'il s'agissait seulement d'un archivage. Pourquoi alors le garder confidentiel ? Nous proposons alors que toutes les associations étudiantes rendent publics et accessibles leurs archives de chansons paillardes, d'affiches et flyers de soirées à thème, etc. pour que tout le monde puisse s’informer sur le traitement qui a été reservé aux femmes à la fac depuis toujours par certaines corporations, et aussi pour que chacun puisse avoir les moyens de constater si et comment la situation a évoulé au sein des associations.
Bien entendu, ces dispositions ne proposent que des résultats partiels bien qu'immédiats. Tant que la société patriarcale continuera d'exister, le sexisme existera à l’université en tant qu'un outil pour préparer et habituer les futures travailleuses à l’humiliation, la domination et l’exploitation. Tant que le système capitaliste continuera d'exister, la marchandisation des corps des femmes et leur objectivisation ne feront qu'alimenter le sexisme et la culture du viol, à l’université comme dans la société en général. Le combat à mener pour nous cible à la fois le patriarcat et le capitalisme : il ne s'agit pas seulement de briser les liens de correlation que les deux systèmes entretiennent, mais bien de renverser les deux. Cela ne se fera pas sans la participation active des femmes au combat révolutionnaire avec leurs propres moyens d'auto-défense. Ce combat implique non seulement les femmes mais aussi les hommes.
III. De l'université au monde du travail : éléments d'analyse sur les liens entre patriarcat et capitalisme
Quand on parle de la situation des femmes à l’université ou dans le monde du travail, il ne faut pas parler de "domination" ou de "discrimination" (un terme souvent utilisé dans les communiqués des directions universitaires lorsqu'une pratique sexiste est découverte et dénoncée). Nous devons parler d'exploitation des femmes ! En effet, un groupe humain dont le travail est aliéné par un autre n'est pas seulement un groupe dominé ou discriminé, c'est un groupe exploité. C'est important, parce qu'en parlant simplement de "domination" ou de "discrimination", on joue le jeu de l'aliénation en rendant le travail des femmes invisible.
L’ouvrier est-il discriminé par le patron, par le système capitaliste ? Non. Les femmes ne sont pas discriminées par les hommes ou par le système patriarcal, elle en sont exploitées ! Comme le capitalisme crée les conditions systémiques pour que le patron s’approprie de la force de travail des ouvriers et les exploite pour renforcer sa position de force, ainsi le patriarcat crée les conditions systémiques pour que les hommes s’approprient des corps des femmes et les exploitent à leur profit. C’est pour cela que Friedrich Engels a constaté que « Dans la famille, la femme est le prolétaire et l'homme est le bourgeois » : les femmes, tout comme les ouvriers, ne sont pas propriétaires d’elles-mêmes.
L'exploitation des femmes repose sur une division du travail très forte entre les hommes et les femmes. Elle est enseignée, promue et organisée dès le plus jeune âge et tout au long de la vie. Cette division du travail s’exprime dans trois formes :
1. dans la famille, où les femmes assument 80 % des tâches ménagères (spécialisation des tâches au sein du couple).
2. dans l’entreprise, où les hommes exercent les métiers qui valorisent la compétence technique, alors que les femmes exercent les métiers qui valorisent la compétence personnelle (soin, écoute, accueil). On constate évidemment cette répartition dès l'éducation, et notamment à l'université : c'est ce qu'on appelle l'orientation genrée. Bien évidemment, l'organisation des entreprises dérive de l'organisation des familles. Les compétences demandées aux femmes sont des compétences de maman (ou d'épouse), les compétences demandées aux hommes sont des compétences de papa (ou d'époux). Ensuite, cette division professionnelle entre les hommes et les femmes est aussi une division hiérarchique : en France, les conventions collectives sont faites de telle manière que c'est la compétence technique qui sert de mètre-étalon pour évaluer le travail, tant pour les salaires, les droits professionnels, que pour les promotions ou l'accès aux responsabilités. Or, la dimension technique des métiers dits « féminins » est absurdement gommée ; dès lors, les femmes sont clouées au sol. Elles ne risquent pas de faire valoir leurs compétences techniques dans des métiers qui n’en nécessitent pas. Enfin, de nombreux métiers dits « féminins » peuvent mobiliser une compétence technique gigantesque (infirmière par exemple), mais elle n'est simplement pas valorisée : elle est rendue invisible dans l'image que renvoie le secteur d'activité, elle n'est pas reconnue sur le plan salarial, etc. Un exemple dans l'enseignement supérieur : les infirmières font trois ans d'études, mais leur diplôme est considéré comme un Bac+2 parce qu'on estime que leur formation ne vaut pas davantage.
3. entre la famille et l’entreprise : dans les rapports hommes-femmes, les femmes ont pour responsabilité principale de s'occuper de la famille, les hommes ont pour responsabilité principale de s'occuper de ramener le salaire. Attention : on s'imagine (et on nous dit) que « c'était comme ça avant mais que ça a changé avec les nouvelles générations ». C'est faux. Aujourd'hui, 20 % des femmes de 20 à 34 ans sont femmes au foyer, contre 0,5 % des hommes ; et attention aux idées caricaturales, la moitié d'entre elles sont passées par l'enseignement supérieur. 44 % des femmes entre 25 et 29 ans sont tentées par la vie au foyer. Après une naissance, quand le couple est confronté à de nouvelles tâches et à de nouvelles exigences, une femme sur deux suspend son activité professionnelle, contre un homme sur neuf. Dans la division du travail entre les genres, les femmes doivent s'occuper de la famille… et elles y travaillent pour leur conjoint.
Patriarcat et capitalisme ne sont pas simplement deux systèmes qui cohabitent, qui se développent de manière parallèle. Au contraire, ils sont inter-connectés depuis l’émergence des rapports de production capitalistes, tant qu’aujourd’hui la division du travail femmes/hommes est organisée et subventionnée par la société. Les tâches auxquelles les femmes sont assignées consistent à produire et à reproduire la marchandise fondamentale du capitalisme, le seul carburant dont il se nourrit, la marchandise qui crée toutes les autres : la force de travail. Cela est évident avec une analyse de la période historique où les premiers capitalistes mènent une lutte implacable pour installer leur système économique partout en Europe. Cette période correspond en gros à ce que les historiens appellent l'époque Moderne (du XVème au XVIIIème siècle). Karl Marx la désigne comme l'accumulation dite « primitive » du capital, parce que les premiers capitalistes s'y approprient (et accumulent) les richesses qui leur sont nécessaires pour partir à la conquête du monde. La même violence que les capitalistes appliquent pour mettre définitivement les paysans à l'usine, est également mise en oeuvre pour enfermer les femmes à la maison et pour les mettre au bas du monde du travail. Pour créer cette division du travail nouvelle, rendue nécessaire par l'industrialisation, il va falloir écraser les femmes pour les mettre toutes entières sous l'autorité de leur famille, et en réalité des hommes de leur famille.
On commence par les déposséder de toute propriété et de toute existence juridique : c'est au XVIème siècle qu'elles perdent le droit de se représenter elles-mêmes et de toucher de l'argent sans l'accord de leur mari. Elles y perdent également la co-propriété qu'elles exerçaient jusqu'alors sur les terres familiales.
On continue au XVIIème siècle en détruisant les métiers indépendants jusqu'alors occupés par des femmes : les sages-femmes sont remplacées par les chirurgiens, les herboristes par des pharmaciens, les brasseuses de bière exclues par les corporations. Les seuls métiers qui leur sont autorisés sont les plus déconsidérés : domestiques ou ouvrières à domicile.
Tout au long de cette période, les exigences d'obéissance à leur rôle dans la famille se durcissent. L'adultère est puni de mort, la contraception et l'avortement (largement pratiqués au Moyen-Âge au moyen de préparations d'herbes) également ; en France, un Édit royal de 1556 condamne à mort les femmes qui font des fausses couches ou dont les enfants meurent avant le baptême. De même, les femmes qui ne sont pas mariées, qui ne sont pas au service d'un homme, sont persécutées : elles sont considérées comme des prostituées, il est licite de les violer et toute personne qui leur donne refuge est déclarée hors la loi. C'est la période où le mariage devient la prison des femmes : il fixe un rapport d'exploitation entre une femme et son conjoint, et il est impossible d'en échapper.
Dans le même temps, la chasse aux sorcières, qui commence au XVème siècle, atteint des proportions de masse : il s'agit de terroriser, de torturer et d'exécuter toutes celles qui ne se plient pas aux nouveaux règlements. Les métiers indépendants exercés par les femmes (herboristes notamment) sont identifiés avec la sorcellerie ; l'avortement et la contraception également ; de même que toutes les infractions à la domination fixée par le mariage, comme l'adultère ou le célibat. On estime qu'entre 1550 et 1650 seulement il y a eu 200.000 procès et 100.00 exécutions : c'est un massacre de masse, analogue dans ses proportions aux massacres commis dans la même période outre-mer pour soumettre les peuples indigènes à l'économie coloniale. On s'imagine que cette vague de terreur est simplement l'expression de la superstition et de la bêtise populaires : là aussi, c'est faux, elle est méthodiquement organisée par les Etats et par les autorités ecclésiastiques. C'est une Bulle du pape (document juridique papal) qui lance la campagne de chasse aux sorcières en 1484 : elle est accompagnée d'un manuel en deux parties, la première attribuant la sorcellerie aux femmes, la seconde expliquant comment procéder à leur capture, instruire leur procès, organiser leur détention et leur élimination.
En un mot : la division du travail et l'exploitation des femmes telles que nous les connaissons n'ont pas toujours existé, et le système capitaliste a même fait couler des fleuves de sang pour l'imposer, parce qu'elle est vitalement nécessaire pour dégager du profit.
Patriarcat et capitalisme sont deux systèmes qui ne peuvent aujourd'hui se passer l'un de l'autre.
Le capitalisme à pioché ses forces dans le patriarcat déjà d'actualité, pour s'imposer, et le patriarcat qui n'était pas aussi fort s'y est retrouver renforcé. Aujourd'hui ils sont liés l'un à l'autre et fonctionnent ensemble en se renforçant à chacune de leurs victoires.
Évidemment, ces quelques éléments historiques permettent de remettre en cause la légende dorée que les capitalistes racontent au sujet de leur propre histoire : l'économie marchande aurait permis de sortir de l'obscurantisme médiéval, et de libérer graduellement les femmes. On a vu que c'est l'inverse. Plus encore, le développement du capitalisme industriel aurait graduellement sorti les femmes du foyer en leur donnant accès au travail salarié. Là encore, c'est faux : dans les différentes phases de son développement, l'économie capitaliste, en détruisant les économies traditionnelles (paysannes et artisanales, dans lesquelles ni les hommes ni les femmes ne sont salariés), développe en même temps le salariat (y compris celui des femmes) et l'assignation des femmes au foyer. Il développe la division du travail dans toutes ses dimensions, au sein de la famille, au sein de l'entreprise, et entre la famille et l'entreprise.
Très concrètement, tout au long du XIXème siècle, parmi les femmes qui sont arrachées à la production agricole dans le cadre de l'industrialisation et de l'exode rural, les unes sont assignées au foyer et les autres aux emplois dévalorisés que nous connaissons : le nombre de salariées augmente en même temps que le nombre de femmes au foyer. Plus généralement, chaque femme subit les deux processus dans une certaine proportion : on pense aux femmes au foyer qui sont, en plus, ouvrières textiles à domicile ou qui font des ménages, ainsi qu'aux salariées dans l'industrie qui s'occupent en plus de la maison et des enfants. Par suite, les deux guerres mondiales accélèrent le développement du capitalisme… Les usines tournent à plein régime, l'industrialisation est dopée, l'exode rural met un nombre croissant de paysans à l'usine : il faut davantage de salariés pour produire les marchandises (notamment les armes), donc les femmes sont embauchées bien plus largement. Entre 1914 et 1918, par exemple, la proportion de femmes dans les équipes de Renault Billancourt passe de 4 à 32%. En même temps, il faut accentuer la production de la force de travail des salariés, donc les femmes sont encore plus assignées au foyer… Tant et si bien qu'à l'issue de la seconde guerre mondiale, avec l'apogée dans les années 60, on se retrouve avec plus de femmes salariées qu'il n'y en a jamais eu… et en même temps le nombre de femmes au foyer le plus important de toute l'histoire de France.
Le même processus se produit à partir des années 1980, avec le renouveau néo-libéral du capitalisme : un grand nombre de femmes accède au travail salarié, et en même temps les gouvernements prennent les premières mesures pour généraliser et subventionner (par des crédits d'impôts aux entreprises et des exonérations de cotisations) les emplois à temps partiels, qui ont pour rôle d'assigner les femmes à leurs tâches domestiques.
On constate que, dans cette période (qui est encore la nôtre), la division du travail et l'exploitation des femmes changent de forme. On a de moins en moins, d'un côté les femmes au foyer et de l'autre les salariées ; au contraire, chaque femme doit être à la fois une femme au foyer et à la fois une salariée. En effet, les exigences nouvelles de l'économie capitaliste à la fin du XXème siècle (l'industrialisation générale de la planète et l'informatisation de l'économie) nécessitent de consommer plus de force de travail que jamais… Il est devenu nécessaire que chaque femme assume davantage de tâches, que les femmes au foyer se salarient et que les salariées s'occupent davantage de la famille.
L'abolition de toute division du travail est la seule solution pour dépasser cette position contradictoire des femmes dans la société : la fin de la double journée (les deux journées en une qu'assument les femmes, à l'entreprise et à la maison).
Union des Etudiants Communistes de Strasbourg