Voeux du 1er mai du MJCF 67 et de l'UEC Strasbourg

Publié le 1 Mai 2017

Voeux du 1er mai du MJCF 67 et de l'UEC Strasbourg

Discours de Lola R., secrétaire fédérale du MJCF 67, à l'occasion de la Fête du 1er mai 2017 de Strasbourg : 

 

Chers camarades,

 

c’est avec grand plaisir que le Mouvement des Jeunes Communistes du Bas-Rhin vous accueille à sa Fête du 1er mai. Pourtant, une année après l’autre, la classe dominante nous enlève les raisons mêmes de fêter la Journée internationale des travailleurs. Il y a un an, nous avions promis de continuer le combat pour l’abrogation de la loi Travail, une loi de la bourgeoisie pour la bourgeoisie, pour plier les travailleurs et la jeunesse aux nouvelles exigences de flexibilité du capital. Nous avons échoué ce combat. Le gouvernement prétendument socialiste a réussi à briser l’élan de la jeunesse et des travailleurs par une violence inouie : après les interventions policières dans les universités et devant les lycées, c’est les piquets de grève et les blocages des lieux de travail qui ont été attaqués par les chiens de garde du système. La manifestation nationale de Paris du 14 juin 2016, dans laquelle des camarades de la JC 67 ont été blessés, n’a pas réussi non plus à freiner ce gouvernement antisocial, malgré les milliers de personnes venues exprimer leur ras-le-bol de la casse sociale. Enfin, dans un Etat d’urgence permanent, le gouvernement à poussé l’autoritarisme à son paroxysme : la loi El Khomri a été adoptée via des 49-3 successifs, en enlevant le dernier mot au Parlement, dernier rempart de « démocratie » du système bourgeois. Quelques mois après, il n’y avait rien d’étonnant à voir le gouvernement tolérer des manifestations où des policiers défilaient cagoulés et armés.

C’est dans ce contexte de recul progressif du mouvement social, de reprise de terrain du camp de la réaction, que nous avons dû organiser les jeunes et les étudiants à la rentrée scolaire. Celle-ci a été marquée nationalement par l’adoption de la loi sur la sélection en Master, véritable entrave au droit à la poursuite des études, qui condamne des milliers d’étudiants à intégrer des Master par défaut, et qui crée des Masters « poubelle » pour ceux qui resteront exclus d’un second cycle supérieur de plus en plus élitiste. Cette lutte contre la sélection en Master a été un échec aussi : dès le début une division s’est produite au sein du camp syndical étudiant, le travail unitaire avec les autres organisations de jeunesse a été difficile après les ruptures de l’époque de la loi Travail, et enfin l’hyper-bureaucratisation du mouvement l’a essouflé avant meme qu’il naisse. Dans cette incapacité des organisations étudiantes de construire une opposition commune à la casse de l’université publique, le gouvernement a profité tout récemment pour faire passer une circulaire qui permet aux facultés de tirer au sort les étudiants qui auront accès à des Licences.

 

Malgré ce recul de luttes sociales, malgré cette impasse des mouvements de jeunesse, des bastions de résistance nous donnent l’espoir de continuer le combat : par exemple à Strasbourg, l’auto-organisations des étudiants en STAPS qui ont boycotté les examens en avril pour exprimer leur refus de la sélection en Master ; la grève des lycéens de Marie Curie contre les réductions budgétaires dans leur établissement ; le mouvement national contre les violences policières suite à l’affaire de Théo Luhaka, revelatrices du traitement des quartiers populaires par la police à l’heure du racisme d’Etat.

Un autre espoir est celui de la lutte féministe qui est remontée en puissance à l’Université de Strasbourg : d’abord, suite au « scandal » de #PayeTaFac concernant les propos sexistes de certains académiciens ; ensuite, grâce à la révelation que nous avons fait du bréviaire sexiste de l’INSA de Strasbourg. Notre Semaine du Féminisme a été un franc succès. Ça a été l’occasion pour nous communistes de réaffirmer qu’il n’y a pas de lutte féministe sans lutte anticapitaliste, que tous les droits dont juissent les femmes peuvent être remis en cause à tout moment tant que continue l’alliance fraternelle entre capitalisme et patriarcat. Pour cela, la participation active des femmes au combat révolutionnaire, avec leurs propres moyens d'auto-défense, doit être une priorité.

Enfin, l’espoir reste pour ce qui est de la construction de la solidarité internationale avec les peuples en lutte. A l’échelle internationale aussi, le libéralisme et la réaction font des ravages et ont besoin l’un de l’autre pour survivre : de l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis à la mascarade du référendum en Turquie, de la descente de la Hongrie vers l’autoritarisme à la reprise des hostilités contre nos camarades qui combattent pour l’autodétermination du Donbass. La déstabilisation impérialiste continue au Moyen-Orient mais se heurte avec la résistance héroïque des peuples Palestinien et Kurde. La résistance des Kurdes de Turquie face aux massacres et l’état de siège, la révolution en cours au Rojava, sont un exemple pour nous communistes. Cette révolution est aussi un avertissement pour la bourgeoisie : un peuple opprimé depuis des millénaires a relevé la tête, construit une économie socialiste et un modèle de société de démocratie directe, de féminisme et d’écologie. Quant au peuple Palestinien, il est de notre devoir de continuer la lutte pour sa reconnaissance et pour la libération des prisonniers politiques. Nous pouvons agir ici et maintenant : notre action s’appelle Boycott, Désinvestissement et Sanctions : nous voulons isoler l’Etat criminel d’Israël pour que cesse l’apartheid. Nous n’attendons rien de l’Etat français, complice politique et militaire d’Israël, et qui continue à criminaliser le mouvement BDS.

Pour faire vivre cet espoir de solidarité internationale, il est essentiel de continuer à participer autant que possible aux mobilisations partout dans le monde : comme nous l’avons fait au cours de la lutte contre l’adoption du CETA, ou bien contre les congrès des organisations fascistes en Allemagne et en Belgique, il est essentiel aujourd’hui de préparer la riposte aux G7 et G20 qu’auront lieu en Italie et en Allemagne les prochains mois, et qui réuniront quelques chefs d’Etats des puissances de la planète pour décider du futur de milliards de personnes. Nous refusons de nous laisser voler la parole et le droit de décision par une clique de libéraux et de dictateurs, par les Trump, les Erdogan, les Merkel, les Peña Nieto, les Temer, etc... Un autre monde reste toujours possible !

 

La résistance s’impose à l’échelle mondiale, la résistance s’impose en France aussi. Le slogan « Résistance » a été choisi par nombre d’organisations pour ce 1er mai. Mais une Résistance contre quoi ? Ne nous trompons pas d’ennemi, mais surtout ne nous obligeons pas à choisir entre deux ennemis. Pendant des mois, la perspective de l'élection nous a divisé. Nous nous sommes accusés et culpabilisés pour nous convaincre de mettre un bulletin dans l'urne ou de nous abstenir, de choisir ou d'éliminer, de voter pour l'un ou l'autre candidat. Dimanche dernier, un « front républicain » a immédiatement été appelé pour contrer la menace que représenterait le Front National. Nous n'avons plus le temps de nous quereller pour savoir si nous devons voter ou non. Nous n’avons pas à choisir entre la peste ou le choléra. Si nous combattons l'ordre moral, autoritaire, raciste et sexiste que représente le FN, ennemi malgré son discours des classes populaires, nous combattons avec la même force le projet ultra-libéral d'Emmanuel Macron, qui broiera les travailleurs, déjà bien précarisés ces dernières années par les différentes casses du Code du Travail.

Devant l'abstention et les scores misérables des finalistes, il est déjà clair que les prochains gouvernants n'auront aucun semblant de légitimité. Quel que soit le résultat du scrutin, nous devrons nous organiser et développer des structures solidaires contre le racisme, l'appauvrissement et l'exploitation généralisés, la répression.

Nous ne tomberons pas dans l’imposture du « front républicain ». Nous ne pouvons accepter avec fatalité à offrir un avenir mortifère sous Macron aux travailleurs et à la jeunesse : choisir entre mourir de surmenage au travail – lorsque nous en avons un –, mourir de maladie puisque nous n’aurons plus les moyens de nous soigner avec la privatisation du système de santé, mourir de faim puisque les chômeurs ou les retraités se verront couper leurs aides, ou encore par suicide. Demandons aux travailleurs de Orange, de La Poste et de la SNCF fortement touchés par les vagues de suicides ces dernières années ce qu’ils en pensent. Oui, ne nous mettons pas des œillères, le néolibéralisme est aussi un fascisme !

Beaucoup d'appels parlent des responsabilités du peuple français. Aujourd'hui il semblerait qu'être responsable c'est faire le choix du candidat officiel du MEDEF pour combattre le fascisme. Mais le fascisme n'est pas une apparition spontannée issue de « la bêtise des gens » comme de nombreux discours infantilisants le laissent entendre. Aujourd'hui le lit du fascisme se fait sur les politiques antisociales et sécuritaires menées par le Parti « Socialiste » et avant eux par la droite. Ce sont ceux qui ont mit en place l'état d'urgence, la déchéance de nationalité, qui ont condamné plus de 2000 syndicalistes suite à la lutte contre la loi Travail, qui ont laissé la police manifester cagoulée et la tension monter dans la répression qui nous disent aujourd'hui de faire barrage au fascisme. La dérive anti-démocratique que nous vivons n'est pas une dérive sécuritaire issue de lubies personnelles : ce sont précisement les mesures répressives nécessaires à l'Etat capitaliste français pour maintenir l'ordre social et faire avancer ses intérêts, dans un contexte de crise du capital. La loi Travail était vitale pour les intérêts des capitalistes français, tout comme les mesures visées par Macron : ensemble ils seront déterminés à les faire passer coûte que coûte, quitte à se salir les mains. Macron c'est également l'homme de l'Union européenne. Rappelons qu'en Ukraine l'Europe a soutenu le putsch fasciste à Kiev, qu'elle continue de financer les bandes armées ouvertement néo-nazies qui traquent maintenant les juifs et les communistes en Pologne et en Hongrie sous l'oeil bienveillant de l'UE. Voter Macron c'est également voter pour la guerre et le fascisme en Europe.

La collaboration de classe n'est pas un moyen de lutte contre le fascisme, pas plus que le fascisme un outil de lutte contre le capital. Face au dilemme dans lequel le système électoral bourgeois essaye de nous enfermer, nous disons haut et fort « Ni Le Pen, ni Macron ; ni patrie, ni patrons ! ». Refusons de nous compromettre avec le capitalisme, refusons de boire le calice jusqu’à la lie. La bonne nouvelle est que la peste et le choléra se soignent et le remède se nomme le socialisme, la solidarité entre tous les travailleurs, quelles que soient leurs origines.

Que nous fassions barrage dans les urnes ou non, préparons-nous à cela dès maintenant. Le pouvoir issu de l'élection ne nous conviendra pas : c’est par nos luttes, par nos combats quotidiens pour changer la société que nous mènerons la vraie Résistance, que nous conduirons le capital à sa perte, et le fascisme avec lui ! Pour un quinquennat offensif, la politique commence dans la rue, dans nos lieux de travail et d’étude !

« Le présent est fait de luttes, l’avenir nous appartient ! » (Ernesto « Che » Guevara)

Publié dans #1er mai

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