Non au local fasciste à Strasbourg !

Publié le 28 Novembre 2017

Non au local fasciste à Strasbourg !

Manifestation : Non au local fasciste à Strasbourg !

Samedi 9 décembre, 15h place du Faubourg National

 

Le groupuscule néofasciste GUD (Groupe Union Défense) vient d’annoncer sa dissolution, premier pas dans le lancement d’un mouvement plus large : le « Bastion Social », ayant vocation nationale et s’appuyant sur le modèle de CasaPound en Italie. L’inauguration d’un local du Bastion Social à Strasbourg, dénommé « L’Arcadia », a été annoncée et aura lieu le samedi 9 décembre. L’émotion a été forte, et les réactions nombreuses, suite à l’annonce de l’ouverture d’un local fasciste dans notre ville, qui porte encore les blessures de l’occupation nazie et dont l’université est médaillée de la Résistance. Ces réactions constituent un espoir pour empêcher immédiatement la tenue d’une telle initiative. Après l’émotion, il est temps de clarifier notre opposition et de s’organiser.

Là où les fascistes arrivent à ouvrir un local, les violences se multiplient. Voulons-nous que Strasbourg devienne comme le Vieux Lyon, véritable laboratoire de l’extrême-droite, où les agressions sont à l’ordre du jour ? Voulons-nous assister à une escalade de violences xénophobes comme à Lille, après l’ouverture du bar identitaire « La Citadelle », ou encore comme dans la Meuse, suite à l’ouverture du local hammerskin « La Taverne de Thor » à Combres-sous-les-Côtes ?

Politiquement, le Bastion Social n’est qu’un coup médiatique. Malgré ce qu’ils veulent faire passer pour un changement de priorités et de pratiques, la nature du fascisme reste la même depuis toujours. Notre combat antifasciste demeure ainsi ferme et sur des bases de classe. Les fascistes espèrent tirer profit du désespoir social à l’heure de la crise, pour s’accaparer le consensus populaire sur les thèmes du mal-logement, de l’accès à la nourriture, des SDF (seulement les SDF français, bien évidemment). Mais la vérité, c’est qu’ils ont besoin d’un QG pour cacher l’organisation de violences de tout genre derrière quelques pratiques « sociales ». Et même dans son programme prétendu social, le fascisme opère une division des exploités et des opprimés selon des critères ethniques, raciaux, nationaux, sexuels. Les fascistes divisent les prolétaires pour que la bourgeoisie puisse mieux dominer.
Aujourd’hui comme hier, le fascisme n’est que le bras armé du capital. D’abord, en tant que milice de réserve pour harceler et agresser les prolétaires et leurs organisations, lorsque la police et la justice ne peuvent pas aller trop loin dans un système libéral-démocratie. Ensuite, en tant qu’ultime recours de la bourgeoisie nationale pour reprendre en main le contrôle de l’Etat face au danger révolutionnaire, et faire régner un ordre bâti sur misère et exploitation. Tel a été le bilan historique des fascismes proprement dits (Italie et Allemagne), tout comme celui des régimes militaires (Espagne, Portugal, Chili, Argentine, Brésil, Grèce, etc.).
La crise économique permanente que nous vivons aujourd’hui a ouvert à nouveau les portes aux fascismes, puisque la bourgeoisie a encore une fois besoin d’eux. L’opposition populaire et légitime à la mondialisation capitaliste est récupérée par les fascistes, proposant une solution « par le bas », reposant dans le repli identitaire et la fermeture des frontières. Les Etats-Unis à l’heure de Donald Trump sont l’exemple d’un pays où la banalisation du racisme ouvre la voie à la conquête de l’espace public par les suprématistes blancs, produisant cet été le meurtre de la jeune militante Heather Heyer à Charlottesville. L’Union européenne aussi occupe une place centrale dans le renforcement de la spirale capitalisme/fascisme, puisque celle-ci sert ses intérêts de classe. Le « prix Nobel de la paix » est promotrice de la descente autoritaire des pays ravagés par le libéralisme, où gouvernements, polices et justices bourgeoises sont en première ligne avec les fascistes dans la guerre sociale. Encore, l’UE affame et pratique le chantage contre les peuples qui relèvent la tête, comme en Grèce, tandis qu’elle n’hésite pas un instant à soutenir le gouvernement fascisant d’Hongrie, les autorités putschistes d’Ukraine, les mesures liberticides en Pologne, etc. Enfin, l’UE est complice des fascismes multiformes d’Amérique latine (que dire du soutien inconditionnel aux anti-Maduro alors que des bandes armées néo-nazies brûlaient et exécutaient des dirigeants socialistes et syndicaux ?), ainsi que du Moyen-Orient (que dire du soutien politique et financier aux régimes génocidaires de Turquie et d’Israël ?). Comment s’étonner que les fascistes aient si peu de mal à s’implanter au cœur même de l’UE, à quelques kilomètres du Parlement européen ? La porte leur a été ouverte depuis bien longtemps.

A Strasbourg, alors, où nous en sommes ? Les institutions locales prouvent continuellement leur laxisme, voire leur complicité, avec les agissements des groupes fascistes. Comment oublier le parrainage accordé par l’université de Strasbourg aux conférences/meetings du négationniste Bruno Gollnisch, de l’obscurantiste Eric Zemmour ? Comment oublier l’accueil chaleureux offert à Erdoğan au Zénith de Strasbourg, à Netanyahu au Parlement européen ? Comment oublier la concession d’espaces publics aux provocations fascisantes de Marsault ? Comment oublier que le Tribunal de Strasbourg a récemment relaxé trois militants fascistes responsables d’avoir organisé et exécuté une attaque armée contre la manifestation anticapitaliste du 7 mai dernier ? La liberté d’expression et d’action est garantie aux ennemis de la liberté, tandis que les militants communistes et anticapitalistes sont réprimés avec tout l’acharnement du pouvoir bourgeois, par son appareil policier, judiciaire et médiatique. Dans l’autoproclamée « capitale des Droits de l’Homme » se produisent les mêmes logiques autoritaires que partout en France à l’heure de l’état d’urgence : sans compter les violences policières inédites – et restées impunies – lors du mouvement contre la loi Travail en 2016, rappelons les épisodes récents comme l’attaque à gaz lacrymogènes et matraques des manifestants Kurdes devant le CPT, les interpellations et matraques lors de la manifestation contre l’esclavagisme en Lybie devant la Gare, l’évacuation musclée des camps de migrants de rue du Rempart et du Neuhof… Et à quelques kilomètres de chez nous, à Colmar, la famille d’Hocine Bouras attend encore vérité et justice pour le meurtre de ce jeune homme commis par des policiers.

Comme toujours, c’est aux antifascistes sincères que revient le devoir de barrer la route au fascisme à Strasbourg : si les institutions décident de ne pas exécuter le mandat antifasciste qu’elles oublient depuis 1945, c’est nous qui ferons vivre le devoir de Résistance. Du fait de la nature de classe du fascisme, il n’y a point de combat antifasciste qui ne soit pas un combat anticapitaliste. Ce n’est que par le renversement du système bourgeois et par la marche vers le communisme - contre toute illusion réformiste, pacifiste, non-violente ou moralisatrice - que les prolétaires se débarrasseront de manière définitive du fascisme.

Commençons par lui barrer la route à Strasbourg !

Non à l’ouverture du local fasciste !

 

Mouvement des Jeunes Communistes du Bas-Rhin et Union des Etudiants Communistes de Strasbourg

Publié dans #Antifascisme

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