Intervention du MJCF 67 à la manifestation du 8 mars à Strasbourg
Publié le 9 Mars 2018
Intervention de Lola R., secrétaire fédérale du MJCF 67, à la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes (Strasbourg, 8 mars 2018) :
Nous, femmes prolétaires, subissons de plein fouet le capitalisme et le patriarcat tous les jours. Nous sommes sous-payées par rapport aux hommes, et pas de quelques euros comme on aimerait nous faire croire, mais
bien de 24 % de moins ! Plusieurs raisons expliquent cette différence salariale. D'abord l'orientation genrée qu'on nous impose dès la jeunesse et qui nous réserve les emplois les plus précaires, voire qui demandent moins de
formation (donc moins de rémunération). Ensuite, comme notre exploitation repose à la fois sur le travail et le foyer, cette deuxième dimension influence la première : les femmes sont embauchées à temps partiel bien plus
que les hommes, étant donné que le système patriarcal exige de la femme à la fois de travailler et de s'occuper du foyer, réalisant la plupart des tâches domestiques ou en s'occupant des enfants. Rien d’étonnant alors que certaines femmes prolétaires préfèrent un temps partiel pour s'assurer de faire les deux. Mais à diplôme, poste et temps de
travail égaux, les femmes sont quand même payées 9 % de moins que les hommes. Pourquoi sommes-nous moins
payées ? Notre travail est-il moins bien fait, ou fait plus lentement ? Produisons-nous moins que les hommes dans le même temps qu'eux ? Non, mais nous sommes des femmes, et nos patrons pour cela considèrent que notre force
de travail a une valeur inférieure que celle des hommes. Le patriarcat justifie cette différence de salaire : en nous considérant inférieures, notre travail ne peut qu'être moins payé. On voit par-là l'utilité vitale du patriarcat pour le
capitalisme.
L'exploitation des femmes repose sur deux sphères, celle de la famille et celle du travail. Dans le cadre de la famille, le modèle bourgeois nous impose un rôle de reproductrices de la force du travail autrui, de notre mari et de nos enfants. Avant que les femmes ne rentrent en masse dans le marché du travail, cette position de reproductrices de la force de travail était l’unique rôle qui leur était confié par le système capitaliste.
Aujourd'hui les femmes sont exploitées et dans la famille et au travail : elles doivent toujours reproduire la force de travail de la famille, y compris la leur, en continuant à faire beaucoup plus de tâches ménagères que les hommes, et elles sont exploitées
davantage dans leur lieu de travail… pour un salaire scandaleux.
Mais les femmes ne sont pas seulement sous-payées et sur-exploitées : combien d'entre nous sommes victimes d’harcèlement, de violences physiques et/ou sexuelles dans nos lieux de travail, dans nos foyers, dans nos
quartiers, bref tous les jours dans nos vies ? Ces agressions, loin d’être des faits isolés et individuels, participent à plein titre à la culture du viol, instrument historique du système patriarcal pour rabaisser les femmes, en contrôler le corps et leur faire accepter avec la force la soumission et l’exploitation.
Il est temps de s'organiser ! Pour avancer dans l’égalité, des mesures doivent être prises immédiatement : pour un salaire égal, pour la fin des discriminations à l'embauche, pour la construction de nouveaux centres d’IVG, de
crèches, ainsi que la gratuité des soins de santé. Ces droits ne nous seront pas donnés, nous devons les prendre par la force ! Nous ne pouvons plus voir nos sœurs se faire tuer, violer, exploiter et torturer !
La véritable amélioration de nos conditions de vie et de travail ne pourra que commencer par le renversement du système capitaliste et du système patriarcal. Les deux doivent être renversés en même temps, autrement
l’exploitation et l’oppression demeureront intactes. En effet, il n'y a aucun intérêt pour nous, femmes prolétaires, à ne plus être opprimées en tant que femmes si notre exploitation économique, de classe, ne cesse pas elle aussi. Notre moyen de lutte prioritaire doit être la grève dans le but d’une égalité positive : grève économique pour l’égalité sur le lieu de travail, grève politique pour l’égalité des droits sociaux et civils, grève des tâches domestiques pour l’égalité dans le cadre familial. Nous luttons avec l'ensemble de la classe des prolétaires pour aboutir à la destruction des classes, pour abolir la division genrée du travail. Dans cette lutte révolutionnaire préalable à toute libération de sexe, nous, femmes de la classe exploitée, devons œuvrer pour la construction du
socialisme côte à côte avec les hommes, le combat révolutionnaire ayant besoin de toutes les femmes ouvrières et travailleuses pour aboutir à la fin de notre exploitation.
Seules les femmes prolétaires ayant le point de vue le plus complet et universel, du fait de
leur totale exploitation, amèneront à terme l'égalité totale des femmes et des hommes, suite à l'abolition totale des classes.
Vidéo (partiel) : https://www.facebook.com/jc.basrhin/videos/vb.393324647495160/900877866739833/?type=2&theater