En Italie, les étudiants toujours en lutte contre la loi Gelmini !

Publié le 29 Août 2010

En Italie, les étudiants toujours en lutte contre la loi Gelmini !

Note du MJCF 67 : Le projet de loi Gelmini est l'équivalent transalpin de la loi LRU. C'est donc l'application italienne du processus de Bologne, rejeté massivement par l'ensemble du monde universitaire, à cause de ses conséquences désastreuses pour la Recherche, les conditions d'études et l'accès à l'Université pour les enfants issus des classes populaires...Petit retour sur la lutte de nos camarades italiens qui s'est relancée fin Juin.
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La contestation universitaire reprend à la « sapienza » ! (faculté de Rome)

La contestation universitaire reprend mais, comme nous le savons bien, l’histoire ne se déroule jamais de la même façon. La faculté de lettres et de philosophie de la Sapienza est en ébullition depuis maintenant une semaine. Casus belli : un conseil d’université a décrété le 23 juin le blocage des examens, à partir du 1er juillet, comme forme de protestation contre le projet de loi Gelmini (équivalent de la LRU) et la manœuvre financière qui sont en train d’être approuvés par le sénat.

Un sentiment de trouble a alors envahi les étudiants : difficile de soutenir des formes de contestation qui nuisent essentiellement aux étudiants : ne pas passer les examens en juillet signifie perdre une session, impossibilité d’obtenir son diplôme et de participer aux appels d’offres pour les bourses d’études.

Le 24 juin une grande assemblée a réaffirmé la volonté d’organiser la protestation et le net refus du blocage des examens. Une assemblée qui est en train d’essayer de prendre en mains une situation explosive qui parle de nos vies et de nos désirs : l’envie de participer pas seulement par solidarité mais essayer encore une fois de construire une protestation qui prend en compte les différentes composantes de l’université.

Les chercheurs sont désormais mobilisés depuis 4 mois et la grande majorité a déjà décidé de ne pas accepter le projet de loi Gelmini : à partir de l’automne prochain ils n’effectueront aucun travail pédagogique, considérant que travailler sans être payé c’est encore aujourd’hui une forme d’esclavage, et proposeront le blocage de l’année académique. Les professeurs se sont finalement réveillés de leur torpeur, cette torpeur que même « l’Onda » (1) n’avait pas été en mesure d’affecter de manière décisive, mais maintenant que l’épée de Damoclès est en train de s’abattre sur leurs têtes, l’urgence se fait plus tangible, de plus, même la corporation académique a ses propres réactions face à l’attaque du gouvernement. Certains doivent penser que ces problèmes ne nous concernent pas, nous les étudiants : les professeurs ne font pas passer les examens uniquement pour partir plus tôt en vacance. Mais la réalité n’est pas celle là, en effet les effets de ce projet de lois sont dévastateurs.

En effet, s’il est approuvé, le processus de destruction de l’université sera complet, car de manière définitive ces processus auront lieu : Elimination du corps des professeurs d’université grâce au blocage du turn over, c’est-à-dire que pour 4 professeurs qui partiront en retraite, un seul chercheur sera recruté. En particulier, les facultés de lettres, philosophie et sciences humaines de la « Sapienza » prévoient le départ à la retraite de 70% des professeurs dans les 3 prochaines années. Le démantèlement total du financement pour la recherche : la figure du chercheur disparaît tandis que continuent sans relâche la baisse du financement des bourses de doctorat, le démantèlement des bourses d’études ainsi que la prise en charge des thèses de recherche à l’étranger. Ce qui aura pour conséquence que seuls les étudiants et exclusivement ceux qui n’auront pas besoin de salaire pourront étudier. fin des cours pour les masters, les premiers concernés seront ceux qui prévoient l’enseignement des langues étrangères (ils seront disponibles sur internet) et ceux de niveau 2 , inutiles dans un pays où le marché de la connaissance ne prévoit pas de réelles compétences.

Donc, le signal lancé par les professeurs ne peut être que positif pour ce qui est des contenus, mais totalement privé de logique en ce qui concerne les formes de protestations proposées : la réaction qui a pour seul objectif de créer un malaise doit déterminer une juste contrepartie s’il veut être efficace. Pendant ce temps la mobilisation continue avec la participation de 500 étudiants l’assemblée extraordinaire de la faculté de lettres qui s’est déroulé hier, l’occupation des escaliers du rectorat où s’est déroulée une assemblée : moments de discussion très participative dans laquelle on a réaffirmé la nécessité de trouver des formes de protestation qui ne lèsent pas les étudiants mais qui soient capables de relancer des mobilisations, généralisées et non corporatistes, contre la complète destruction de l’université.

Un été jamais aussi chaud , mais aussi rempli de mobilisations : aujourd’hui encore par centaines au rectorat, la semaine prochaine d’autres rendez vous d’assemblés et d’agitation dans les facultés sont prévus (plusieurs assemblée de faculté ont déjà annoncé le blocage de l’année académique) : les semaines et les mois à venir nous donnerons la possibilité de renverser les décisions imposées par le gouvernement, avec force et rage, mais avec le sentiment d’être devant la dernière étape : on ne peut pas se permettre d’autres sacrifices !

 

(1) L’Onda : la vague, c’est ainsi que s’était auto-défini le mouvement étudiant contre le projet de réforme Gelmini de l’université.

source initiale : site national de l'UEC

Publié dans #International, #Italie

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