Solidarité avec les jeunes communistes italiens du FGC face à la répression policière

Publié le 5 Septembre 2018

Solidarité avec les jeunes communistes italiens du FGC face à la répression policière

Le MJCF 67 tient à exprimer sa solidarité avec les six militants du Front de la Jeunesse Communiste de Florence (FGC) arrêtés le 4 septembre par la police alors qu'ils distribuaient des tracts contre les tests d'entrée à la fac, véritable dispositif de sélection sociale avec lequel la bourgeoisie entend renforcer son Ecole de classe.

 

1. Communiqué national du FGC du 04/09, traduit en français :

Des militants FGC arrêtés par la police pour avoir protesté contre la sélection à l'entrée de l'Université de Florence

Aujourd'hui, à Florence, six militants du Front de la Jeunesse Communiste, dont un mineur, ont été arrêtés par la police pour avoir mené une action de protestation contre les tests d'entrée à l'Université de Florence. Les six militants ont été emmenés au poste de police et fouillés. Le mineur a été emmené dans une pièce séparée et interrogé. La police a demandé une copie du texte d'une intervention faite au mégaphone par les militants, demandant avec insistance qui en était l'auteur, sans justifier la raison de cette demande.

Nous dénonçons ce qui s’est passé comme un acte d’intimidation honteux, qui va bien au-delà de la normalité et s’inscrit dans un climat policier, sécuritaire et de répression croissante. Ce qui s'est passé vise clairement à frapper ceux qui s'opposent à la situation actuelle et à la politique de ce gouvernement. Toute notre solidarité va à nos camarades, qui seront protégés par notre organisation à tous égards, à commencer par la voie légale.

PAS UN PAS EN ARRIÈRE ! NOUS NE RECULERONS PAS FACE AUX INTIMIDATIONS !

 

2. Communiqué du FGC Florence du 05/09, traduit en français :

Notre manifestation contre le numerus clausus à l'accès de la faculté de Médecine nous a coûté la détention au commissariat de police pendant plus de trois heures.

Nous avons exprimé notre opposition au numerus clausus puisqu'il cache, derrière la rhétorique du mérite, la nature de classe de l’Université en Italie. Il ne peut y avoir de méritocratie si l'égalité de chaque élève n'est pas assurée en premier lieu : le plus souvent, en effet, ce n'est pas le mérite, mais la situation économique de départ qui détermine ou non l'accès aux facultés. Un étudiant issu des classes populaires est obligé d'étudier sur des livres vieux de plusieurs années, s'il ne peut pas se permettre de payer pour des cours de préparation privés qui coûtent des milliers d'euros.

Contre ce système universitaire, fait sur mesure pour les intérêts privés et contre l'intérêt collectif, nous continuerons de lutter malgré toute tentative de répression.

 

3. "Numerus clausus ou sélection de classe ?", article de la Commission université du FGC paru dans le journal communiste Senza Tregua (Sans Trêve), 31/08 : http://www.senzatregua.it/numero-chiuso-o-selezione-di-classe/

Chaque année, les tests d'accès aux facultés de Médecine et de Professions de la santé attirent l'attention médiatique sur l'état actuel tant de notre système national de soins de santé que de notre système éducatif. A chaque fois, c'est la même rhétorique qui est proposée, celle toujours efficace du « pas tout le monde ne peut devenir médecin », un argument qui cependant entre en collision avec la réalité objective de la situation où se trouve la santé publique de notre pays. Pourtant, beaucoup d'analystes maintiennent la tendance simpliste de considérer le numerus clausus non comme un outil fonctionnel pour des coupes budgétaires et des privatisations, mais seulement comme un élément nuisible au droit à l'éducation.

Cette année pour Médecine il y a 67.005 candidats, un chiffre significatif par rapport aux seulement 9.779 personnes qui pourront valider le test ; pour Professions de la santé, environ 14.000 candidats pourront valider le test. Cela nous permet déjà de comprendre un premier élément : vraisemblablement, entre Médecine et Professions de la santé, près de 100.000 étudiants essayent le test, c'est-à-dire qu'au moins 1/4 des élèves qui sortent du secondaire et qui envisager d'intégrer le supérieur tentent le test d'entrée. Une telle donnée n'est pas normale et, malgré ce qu'on voudrait nous faire croire, les élèves qui sortent des lycées italiens ont parfaitement intériorisé ce qui se passe dans notre pays, notamment la condition réelle du chômage qui touche la jeunesse, et donc agissent en conséquence. En effet, c'est l'incertitude quant à l'avenir et quant aux possibilités de trouver un emploi stable qui pousse de nombreux jeunes à tenter l'accès à un parcours qui, une fois entrepris, est perçu encore comme étant sûr ; au contraire, les journaux et les JT, en commentant les chiffres des candidats, s'inventent le portrait d'une jeune génération disposée à effectuer seulement "des professions prestigieuses", de manière presque capricieuse. Toute analyse qui parte d'un présupposé différent de celui-ci est donc une analyse partielle : le numerus clausus ne rentre pas en collision avec le "rêve" générique d'une jeune génération entièrement fascinée par les professions médicales, mais au contraire il rentre en collision avec la conscience matérielle que cette jeunesse a développé par rapport à ce que l'avenir lui réserve. En somme, le rôle du numerus clausus est tout autre qu'une quelconque volonté sadique de détruire les rêves de la jeunesse, comme parfois on à tendance à croire.

Le test d'entrée pour les facultés de Médecine est créé en 1999 avec la loi 264/99, promue par le ministre de l'Université et de la Recherche Scientifique de l'époque, Ortensio Zecchino (gouvernement D'Alema). Cette loi n'était rien d'autre qu'une adaptation à la directive 93/16/CEE de la Communauté Economique Européenne, qui permet la libre circulation des médecins sur le territoire de ce qui deviendra l'UE, tout en instaurant la concurrence entre les médecins et en  ouvrant la voie au gel des embauches une année après l'autre.

Le numerus clausus répond d'abord à un besoin du marché, à l'exigence transversale d'opérer des coupes budgétaires aux finances de la santé publique et de priver le Service Sanitaire National (SSN) de son rôle universaliste, avec lequel il avait été conçu en 1978 au cours des luttes ouvrières qui ont introduit en Italie les dernières grandes conquêtes sociales. Les chiffres confirment ce que nous affirmons. De 2009 à 2016, nous avons perdu 9.000 médecins, et d'ici 2028 nous perdrons plus de 47.000 spécialistes ; 5.600 médecins prennent leur retraite chaque année et d'ici 2020 nous aurons perdu près de 1.000 chirurgiens, et le budget public pour la santé sera réduit d'un 1,4 % par rapport à celui de 2004 (une coupe budgétaire de plus de 1,5 milliards d'euros). Du coté des Professions de la santé, la situation n'est guère meilleure : selon l'Ordre des Professions d'Infirmiers, manquent en Italie plus de 50.000 infirmiers, dont 20.000 dans les hôpitaux et 30.000 dans les services territoriaux, et en 2025 le nombre d'infirmiers manquants atteindra les 90.000 unités.

Alors, il est claire qu'existent deux tendances : d'un côté une jeunesse qui pousse - avec peu d'instruments à sa disposition - pour essayer de fuir le chômage, et de l'autre côté les logiques libérales qui imposent la déstructuration des financements publics pour la santé et de l'universalisme des soins. Le numerus clausus est fonctionnel et fondamental à l'égard de ces deux tendances. Au sein de cette dialectique, il n'y a pas de place pour une forme quelconque de mérite réel. Le parcours qui amène un étudiant à devenir médecin est parsemé d'énormes obstacles, dont le numerus clausus n'en représente qu'une seule partie : un jeune italien doit avoir eu la possibilité de fréquenter un lycée (et au vu de la situation désastreuse de l'école italienne, presque aucun institut technique ou professionnel ne fournit les outils pour affronter le test et pour ne pas se trouver en difficulté lors des premiers examens), souvent il a dû payer de sa poche des cours de formation complémentaire particulièrement chers, ensuite il faut valider le test et disposer de finances suffisantes pour payer les frais d'inscription, les manuels et un logement souvent ultra-cher pour au moins 6 ans. Au total, il s'agit de dizaines de milliers d'euros seulement pour les frais d'inscriptions, les manuels et le logement. De telles dépenses ne sont possibles que pour une petite minorité de familles italiennes, alors que de plus en plus de familles renoncent à envoyer leurs enfants au lycée ou à l'université à cause d'une éducation que dans notre pays est devenue économiquement insoutenable. Et en effet, dans le domaine de la formation comme dans les autres domaines, les réformes successives sont allées toutes dans une même direction : faire soutenir des dépenses croissantes aux unités familiales de manière exclusive. C'est à cela que servent également la "Contribution volontaire à l'école", ainsi que la réforme de l'ISEE (Indicateur de la Situation Economique Équivalente) en ce qui concerne les universités.

Le numerus clausus n'a pas pour but de sélectionner les meilleurs étudiants. La sélection est économique, donc de classe, et s'opère en grande partie de manière indépendante par rapport au test. Cette sélection se vérifierait également au sein des conditions réelles des familles et de la jeunesse du pays même si aucun dispositif de sélection n'était formellement en vigueur. En effet, les inscriptions à l'université ont baissé systématiquement ces dernières années indépendamment de l'existence ou non de numerus clausus. C'est à partir de ce constat que les communistes développent leurs revendications. Il est évident que chaque Pays a la nécessité de planifier, dans les secteurs fondamentaux de la société, la quantité de professionnels dont il doit disposer au fil des années. Cependant, il est intolérable que la sélection soit utilisée comme un pince-monseigneur pour déstructurer l'Etat-providence, pour former sciemment moins de professionnels par rapport aux besoins réels, et que cette sélection ne soit pas instaurée après avoir tout fait pour établir une équité concrète entre les participants. Lutter contre ce numerus clausus signifie donc lutter pour mettre fin au démantèlement des conquis du passé, pour faire en sorte de revenir à un SSN qui permette aux travailleurs, aux jeunes et aux retraités de se soigner sans devoir se jeter dans les bras des privés ou, comme il arrive le plus souvent, renoncer aux soins tout court.

La lutte contre ce numerus clausus doit avoir pour la jeunesse la signification plus large d'une lutte active et collective contre tous les obstacles économiques qui entravent des millions de jeunes chaque année et que maintenant sont réellement le filtre principal dans la sélection de tous les étudiants du Pays.

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