LUTTE DES CLASSES SOUS CONFINEMENT : Les livreurs à vélos
Publié le 15 Avril 2020
Le gouvernement se trouve actuellement au cœur d’une contradiction majeure en période d’épidémie : le confinement généralisé visant à endiguer la propagation du virus voit son efficacité lourdement impacté par la continuation de la production non essentielle. La soumission de Macron et sa clique aux monopoles capitalistes, qui cherchent à sauvegarder leur positon dans la concurrence inter-capitalistes et à sauver leurs profits, empêche une politique univoque face à la pandémie. C’est ainsi que les livreurs dits "indépendants" continuent leurs courses durant la période de confinement actuelle au profit des plate-formes Deliveroo et Uber Eats.
« La crise sanitaire exacerbe l'antagonisme capital/travail, et nous n'y échappons pas »
Pablo, coursier pour Deliveroo et Uber syndiqué à la CGT Uber Eats/Deliveroo Lyon nous livre son témoignage.
« Comme tous les livreurs dont c'est l'activité principale, il est quasi impossible d'arrêter l'activité. Les plateformes font reposer l'arrêt du travail sur le volontariat, se dédouanant ainsi de la responsabilité et d’éventuelles indemnisations. En découle une alternative imposée par les plateformes, qui n'en n'est pas vraiment une : continuer de bosser et risquer sa vie, ou être condamné à une absence de revenus. Sachant qu'on paye tous des loyers, factures d'électricité, etc, on comprend vite pourquoi cette fausse alternative nous contraint de travailler. »
« Concrètement aucune, si ce n'est quelques annonces mineures, d'envoi de matériel sanitaire par exemple ; à ce stade, nous n'avons toujours rien reçu ! Les plateformes continuent d'affirmer la non dangerosité de l'activité de livraison, si les conditions d'hygiène recommandées par le gouvernement sont appliquées. Des conditions justement inapplicables, encore plus en l'absence de matériel. On voit des scènes délirantes se multiplier : attroupements de livreurs devant des restos, non respect des normes par les clients ou restaurateurs, etc. La seule disposition pratiquement mise en place par les plateformes aujourd'hui est un système de délation, permettant de "dénoncer" des livreurs. Sinon, une indemnisation, inférieure au montant du RSA, est proposée aux livreurs porteurs du virus… Assez paradoxal, étant donné que l'activité ne présente pas de risque selon eux. »
« Le nombre de commandes a drastiquement diminué, notre revenu également donc étant donné que nous sommes payés à la tâche. Le constat est que nous nous mettons en danger pour un revenu de misère et pour livrer du confort, à des années lumière des plateformes qui essaient de se payer une image de bon samaritain qui livre les courses de personnes âgées. Il est très clair au vu du contenu des commandes que l'activité de livraison de repas n'est pas de nécessité première. »
« Déjà avant le confinement, nous étions en grève contre les plateformes pour exiger une hausse de nos rémunérations, qui ne font que baisser depuis des années. Ces dernières nous poussent à la misère, mettant en concurrence les travailleurs, reniant tous droits à ceux-ci, afin de maximiser leurs profits. La situation actuelle et l'attitude criminelle [des plateformes] n'est pas étonnante. C'est pourquoi depuis le début du confinement, nous avons déjà à 3 reprises appelé les livreurs à arrêter le travail, afin d'exiger l'arrêt immédiat de l'activité de livraison et l'indemnisation de tous les livreurs. Dans tous les secteurs, dans toutes les boîtes, la crise sanitaire exacerbe l'antagonisme capital/travail, et nous n'y échappons pas. Nous nous efforçons de construire le rapport de force contre les plateformes avec nos syndicats CGT pour arracher de nouveaux droits à Uber, Deliveroo, à nos patrons, et en premier lieu l'obtention d'un revenu de remplacement. »
Les capitalistes sacrifieront toujours nos vies pour leurs profits !
Le témoignage de Pablo met en lumière la guerre économique pour la position de monopole dans la livraison de repas chauds entre Uber et Deliveroo, qui fait qu’aucun des deux groupes ne cessera son activité sans intervention législative. Les travailleurs coursiers voient leur santé et leur vie sacrifiées dans la course effrénée aux profits des plateformes. Nous soutenons les revendications des coursiers de la CGT pour l’arrêt immédiat de l’activité et l’indemnisation de chaque livreur à la hauteur de ses meilleurs revenus hebdomadaires sur les trois derniers mois.
La conquête d’une Sécurité Sociale Intégrale, financée par les cotisations sociales et gérées par les travailleurs, doit être le cap à tenir pour toute la classe laborieuse. La gestion de notre système de santé par les capitalistes nous coûte aujourd’hui des milliers de vie. Chassons les assassins qui nous envoient à la morgue pour leurs profits. Dès aujourd’hui construisons l’alliance sociale anti-monopoles et bâtissons une société nouvelle où ceux qui produisent sont en charge.
Pour la révolution et le socialisme, organise ta colère !