Mettons fin à l'isolement ! Imposons la réouverture des universités !

Publié le 23 Janvier 2021

Mettons fin à l'isolement ! Imposons la réouverture des universités !

Force est de constater que, depuis le début de l’année 2021, la situation des universités ne s’est guère améliorée et que le tout-distanciel reste la règle dans l’Enseignement supérieur. Alors que cela fait désormais plusieurs mois que les cours sont organisés de cette manière, les problématiques psychologiques et éducatives se font de plus en plus ressentir au sein du milieu universitaire, tant pour les enseignants que pour les étudiants.

Les conditions d’étude et d’examen sont fortement dégradées, et la validation de l’année universitaire est mise en péril pour de nombreux étudiants. Connexion internet défectueuse, matériel informatique inadapté, manque d’endroits où réviser et se retrouver : tout cela fait partie d’un ensemble dont les étudiants paient les frais, isolés pour beaucoup dans les chambres exiguës et insalubres des résidences universitaires. Les cas de décrochage et les risques de perdre une année d’études augmentent de manière exponentielle, entre des cours instables en visio-conférence, les problèmes techniques des examens en ligne et des envois numériques. La panne informatique géante qui a perturbé les examens de la session de janvier, à l’université de Strasbourg, a mis en danger les chances de réussite de centaines d’élèves, dont certains ont été pénalisés alors même qu’ils n’avaient aucune faute : cet épisode montre bien que même les établissements qui se vantent depuis des décennies d’être « à la pointe de la révolution numérique » sont structurellement incapables de répondre correctement aux besoins de la période et de garantir des conditions d’examen en distanciel dignes et équitables. Mais au-delà des conséquences néfastes du tout-distanciel sur les conditions d’étude et d’examen, l’isolement forcé des élèves a un impact d’autant plus destructeur du point de vue psychologique, avec des cas de dépression qui se multiplient et des tentatives de suicide presque quotidiennes. 

Avec la fermeture des universités et le tout-distanciel, le gouvernement bourgeois a privé les étudiants des classes populaires de tout espoir dans un avenir meilleur. Et alors que la souffrance estudiantine se manifeste de plus en plus dramatiquement et que les premières manifestations pour la réouverture des universités s’organisent, le gouvernement a bien évidemment répondu par le mépris.

D’une part, la loi LPR (Loi de Programmation de la Recherche), poursuivant toujours plus le démantèlement de l’Enseignement supérieur public, a été promulguée à la faveur du second confinement, profitant de la fermeture des universités qui a privé les étudiants et les personnels de tout moyen de manifester leur opposition. Le distanciel et la dématérialisation sont par ailleurs de plus en plus mis en avant, dans le monde universitaire comme ailleurs, comme étant des solutions à privilégier. Cela répond parfaitement à la stratégie bourgeoise de dégradation perpétuelle du statut d’enseignant et de l’enseignement public lui-même. Mais le distanciel et la dématérialisation sont conçus également pour « laisser du temps » aux étudiants des classes populaires pour se trouver un travail à côté des cours, alors même que ces jobs sont des plus précaires et qu’ils ne présentent aucun intérêt du point de vue du parcours de formation. Enfin, distanciel et dématérialisation répondent à la volonté d’isoler davantage la communauté universitaire : la privant de lieux et d’occasions où se retrouver et échanger, le gouvernement entend lui enlever toute possibilité d’organiser la lutte contre la destruction de l’enseignement supérieur.

D’autre part, les promesses du gouvernement sur une réouverture en demi-groupe des Travaux Dirigés de première année de Licence, à partir du 25 janvier, sont largement au-dessous des attentes d’étudiants et enseignants. Ces promesses sont même risibles : alors que les TD de L1 sont habituellement bondés et que le nombre d’enseignants qui les assurent – très souvent avec des contrats des plus précaires – est gravement insuffisant, leur réouverture partielle ne répond en rien à la détresse des étudiants, à leur isolement forcé, à leur perte de repères et d’espoir dans l’avenir. Par cette promesse, le gouvernement a tenté d’apaiser la colère légitime du monde universitaire tout en continuant à ne pas se prononcer sur la réouverture générale et définitive des établissements. Celle-ci reste toujours éloignée et dans le flou le plus total. Les annonces gouvernementales illustrent bien l’opposition entre les choix mortifères de la bourgeoisie pour l’enseignement supérieur, hier comme aujourd’hui, et les conditions d’étude et de vie dignes auxquelles aspirent les étudiants populaires.

Pourquoi les universités restent fermées alors même que les écoles sont ouvertes, que la production ne s’est pas arrêtée pendant le second confinement et que les commerces ont pu rouvrir depuis le 28 novembre dernier ? On voit bien par cette contradiction quelle est la seule priorité de l’Etat bourgeois : maintenir en activité l’appareil productif. Si les écoles n’ont pas été fermées, ce n’est pas parce que la bourgeoisie avait à cœur le maintien d’un système éducatif de qualité pour tous, mais parce qu’il fallait faire en sorte que les parents d’élèves ne puissent invoquer le « prétexte » de la garde d’enfants pour s’absenter du travail. Cette question des parents d’élèves ne se posant pas dans l’enseignement supérieur, la bourgeoisie n’a donc pas ressenti le besoin de rouvrir les universités pour maintenir l’activité économique. L’université a ainsi subi le même sort que d’autres lieux publics et établissements culturels non lucratifs, qualifiés de « non essentiels » aux besoins économiques du pays : ce sont désormais seulement ces services non rentables qui doivent se sacrifier pour « le bien du pays », qui sont obligés de rester fermés sous le slogan trompeur de la « solidarité nationale ».

La bourgeoisie se montre une fois de plus incompétente et criminelle. C’est elle seule qui porte la responsabilité de la dégradation de l’enseignement public, de la multiplication de troubles psychologiques, dépressions et suicides. Seule la lutte des étudiants et des enseignants pourra imposer un nouveau cadre !

Pour la réouverture des universités et pour des conditions d’étude dignes ! Pour la titularisation des enseignants-chercheurs vacataires et l’embauche de nouveaux personnels ! Pour des conditions d’examen justes et équitables, les examens en présentiels ne pouvant se justifier par des cours à distance ! Pour l’augmentation des bourses, en nombre comme en montant, afin d’en finir avec les jobs étudiants et la précarité ! Pour la construction de nouveaux logements étudiants dignes et gratuits ainsi que la réouverture des restaurants universitaires ! 

Pour un Service Public Unifié de l’Enseignement et de la Formation, à la hauteur des besoins de notre classe !

Pour la révolution et le socialisme, organise ta colère !

Jeunes Communistes du Bas-Rhin

Publié dans #Université, #COVID-19

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