Troisième vague de virus et scénario d'un troisième confinement : ne nous laissons pas museler face à la dictature du capital !
Publié le 14 Janvier 2021
La gestion catastrophique de la pandémie par l’Etat bourgeois produit récemment ce que l’on appelle la « troisième vague » du Covid-19. Le système de santé français, déjà anéanti par des décennies de politiques néolibérales, est une fois encore à bout de souffle pendant que tous les jours les victimes se comptent par centaines. La seule réponse que le gouvernement a été capable de donner est un enchaînement de mesures liberticides, aussi violentes qu’elles sont la preuve de la barbarie du système capitaliste et de son Etat en soi : un premier couvre-feu généralisé (17-29 octobre), un deuxième confinement (30 octobre - 15 décembre), et depuis le 15 décembre un deuxième couvre-feu généralisé de 20 à 6 heures. Mais déjà cette semaine, 23 départements sont passés à un couvre-feu dès 18 heures. Une extension à l’ensemble du territoire national de ce régime de couvre-feu renforcé est actuellement envisagée par le gouvernement. Il est notoire en effet que le Covid-19 ne sort cueillir ses victimes qu’au crépuscule, dans les lieux publics, avant de s’en retourner dès l’aube dans sa tanière… Mais depuis quelques jours c’est aussi le scénario de plusieurs confinements à venir qui revient de plus en plus dans le discours public. Une preuve, s’il en fallait encore, que la bourgeoisie au pouvoir n’est pas seulement incompétente et criminelle, mais aussi incapable d’apprendre quoi que ce soit de ses propres tâtonnements !
Alors que les prétextes d’une troisième vague de virus et l’apparition de son « variant britannique » sont déjà invoqués pour justifier des nouvelles mesures liberticides, il nous semble indispensable de revenir sur les raisons qui ont entraîné le deuxième « confinement » et d’en tirer un bilan. Loin de constituer un « choix obligé pour tout gouvernement doté de bon sens », le confinement est en effet profondément lié au système capitaliste et à sa gestion des crises.
La décision de confiner la population chez elle, comme une mesure allant de soi, était surtout la seule possible pour un gouvernement bourgeois dont l’unique objectif est le maintien des profits des monopoles. C’est bien comme ça qu’a d’ailleurs été organisé ce deuxième « confinement », dont l’appellatif est volontairement trompeur : à l’inverse du confinement du printemps 2020, pendant lequel un certain nombre de secteurs de production étaient à l’arrêt, l’entièreté de la production est restée en marche en octobre-décembre. Les écoles et lycées aussi sont restés ouverts, ce qui n’était pas le cas au printemps dernier, mais cette mesure a été conçue précisément pour maintenir en activité l’appareil productif. Il s’est agi en effet de faire en sorte que les parents d’élèves ne puissent invoquer le « prétexte » de la garde d’enfants pour s’absenter du travail. La priorité n’a donc pas été le maintien d’un système éducatif de qualité pour tous, mais bel et bien le maintien de l’activité économique. Ce qui explique que les mécanismes de protection sanitaire pour les enfants et les travailleurs de l’éducation ont été largement insuffisants, et que les dispositifs pédagogiques improvisés, tels le « mi-présentiel mi-distanciel », ont constitué un frein à l’apprentissage et se sont révélés psychologiquement néfastes. Le deuxième « confinement » n’a donc été pas plus qu’un prolongement du régime de couvre-feu généralisé, où aller travailler et produire étaient les seules activités possibles hors de chez soi. Qui plus est, le 28 novembre, au plein milieu de ce confinement, les commerces ont pu rouvrir pour ne pas rater le coche des fêtes de fin d’année. Les conditions de travail dans les magasins ont demeuré des plus précaires, tout comme au moment de leur réouverture en mai 2020. Les mécanismes adoptés pour protéger la santé des employés et pour réguler l’afflux de clients se sont révélés largement insatisfaisants, et c’est encore un recours au travail précaire qui a été généralisé pour engendrer une flambée du chiffre d’affaires. La pensée de la bourgeoisie européenne a été résumée parfaitement par l’entrepreneur Domenico Guzzini, l’un des dirigeants de la Confindustria italienne (correspondante au Medef français) : prêchant la réouverture des magasins, il a déclaré que celle-ci devait se faire à tous les coûts, « tant pis si certains mourront ! ». Mais alors que les commerces ont rouvert en France, les lieux publics, les établissements culturels et les universités n’ont pu bénéficier du même traitement. Qualifiés de « non essentiels » aux besoins économiques du pays, ces lieux restent fermés encore à l’heure actuelle et on ne sait même pas s’ils pourront rouvrir avant plusieurs mois. On voit bien par-là quelles sont les priorités de l’Etat bourgeois !
En instaurant le deuxième « confinement », le gouvernement a essayé de nous faire croire qu’il contrôlait la situation, en limitant la propagation virale, tout en faisant appel à « la responsabilité de chacun », voire à l’« unité nationale » par la reproposition d’une rhétorique guerrière face à l’ennemi commun que serait le Covid-19. En réalité, il a été question simplement de faire fructifier les profits capitalistes, en maintenant le régime de production tout en entravant les mouvements revendicatifs et les réprimant les plus fortement possible, par les coups de matraque comme par les amendes. Ce fut le cas pour les personnels soignants rassemblés le 6 novembre devant l’hôpital de l’Hôtel-Dieu à Paris, luttant contre la fermeture des urgences et pour la défense du système de santé publique. Ce fut encore le cas lors de la répression brutale qui a frappé la manifestation du 17 novembre à Paris contre le projet de loi Sécurité Globale et pour la défense des droits et libertés démocratiques. Le deuxième « confinement » a été ainsi tout à fait profitable à la bourgeoisie pour imposer ses lois liberticides après avoir annihilé les luttes sociales. Ce sont les lois dites Séparatisme et Sécurité Globale, renforçant l’appareil répressif d’Etat et sa nature raciste et autoritaire, qui ont été déposées et discutées au cours du deuxième « confinement ». C’est aussi la loi Programmation de la recherche (LPR), démantelant l’enseignement supérieur et la recherche publique, qui a été adoptée au mois de novembre, alors même que les universités étaient fermées et que l’isolement des étudiants et des personnels se dramatisait à cause du passage soudain au « tout-distanciel ». Ce sont encore les discussions sur la réforme des retraites qui, suspendues au moment du premier confinement, ont été reprises au Sénat au cours du deuxième. Autant d’éléments qui démontrent que la bourgeoisie est toujours à l’offensive dans la remise en cause de nos conquis sociaux et démocratiques, même en cette période où elle appelle à la responsabilité collective et à l’unité nationale !
La situation dramatique dans laquelle a été plongé le système public hospitalier et de santé est un facteur essentiel ayant engendré la situation actuelle. Alors que depuis des décennies les gouvernements successifs n’ont cessé de détruire l’hôpital public à coups de mesures d’austérité, les dégradations entraînées ont été encore plus frappantes lors du premier confinement : surcharge des hôpitaux et des heures de travail pour les personnels, manque criant de matériel médical et de lits (ordinaires comme de réanimation), déprogrammation ou retardement d’autres soins et opérations pourtant nécessaires, etc. C’est ainsi que tous les soignants ont été mis en danger par cette énième dégradation de leurs conditions de travail : même ceux atteints du Covid-19 ont été pour certains obligés de continuer de travailler. Le gouvernement a présenté ces soignants comme des « héros » et a promis de réinvestir dans l’hôpital public, mais rien n’a été fait depuis lors. Comme il était prévisible, les promesses de la bourgeoisie ne se sont concrétisées en aucun moyen supplémentaire mis à disposition des soignants, tant en termes humains que matériels. Pour pallier au manque de personnel dû au gel des embauches, le gouvernement a répondu par la précarité : le recours aux étudiants en Santé, pourtant encore en formation et qui ont pendant longtemps réalisé un travail quasiment gratuit. La mise en place temporaire de lits de réanimation, réalisée au moment où l’afflux de patients était devenu insoutenable, ne suffit pas à masquer pas le constat général : des lits continuent d’être fermés dans les hôpitaux publics, et ceux ouverts pour faire face au Covid-19 seront aussitôt refermés dès que cela sera possible. Le fait qu’à la fin 2018 le nombre total de lits dont disposaient les hôpitaux publics était de 13.398, dont 4.608 de réanimation, démontre bien que la stratégie de la bourgeoisie de démanteler systématiquement la santé publique entraîne irrémédiablement une gestion catastrophique de cette crise sanitaire. Nombreux sont les morts qui auraient pu être évitées, mais l’obsession avec laquelle la bourgeoisie a détruit inexorablement les conquêtes des travailleurs en aura décidé autrement !
Avec le couvre-feu et le confinement, le gouvernement montre sa capacité à offrir systématiquement au patronat une oreille attentive et un soutien docile, à tenir son rôle de chef gardien de l’Etat bourgeois, c’est-à-dire diriger systématiquement son action au profit des monopoles capitalistes. Mais quelle serait la situation aujourd’hui si le service public de la recherche avait été écouté ? Si le service public hospitalier avait été écouté ? Si les revendications, les propositions de nos camarades de la santé en lutte depuis plus d’un an avaient été appliquées ?
Au lieu de répondre aux exigences du peuple travailleur, le gouvernement a fait le choix de répondre aux besoins rapaces et morbides des capitalistes. Ce que montre cette situation c’est que rien ne saura jamais échapper au combat de classe dans une société basée sur l’exploitation d’une classe par une autre ! À aucun moment les besoins sociaux de la masse des travailleurs n’entrent en accord avec les besoins des capitalistes : nos besoins, nos plans, nos raisons, nos intérêts sont en tous points antagonistes, irréconciliables !
Le couvre-feu et le confinement ce sont la dictature du capital, le sacrifice de la vie des prolétaires pour le profit des bourgeois ! Ne restons pas spectateurs de ce carnage, ne nous laissons pas museler ! Continuons de lutter et renforçons les organisations de la classe ouvrière, face à la destruction de nos droits démocratiques, du système de santé public, de nos vies !
Pour la révolution et le socialisme, organise ta colère !
Jeunes Communistes du Bas-Rhin