À la conquête de nouveaux droits en Cité-U : l’engagement de l’UEC dans les Conseils de Résidence
Publié le 1 Novembre 2014
Contribution de l'UEC Strasbourg au Congrès national du MJCF de décembre 2014 (Gennevilliers) : http://www.jeunes-communistes.org/2014/11/01-%C3%A0-conqu%C3%AAte-nouveaux-droits-en-cit%C3%A9-u-l%E2%80%99engagement-l%E2%80%99uec-dans-conseils-r%C3%A9sidence-11788
À la conquête de nouveaux droits en Cité-U : l’engagement de l’UEC dans les Conseils de Résidence.
L’UEC est une organisation qui a vocation à développer des réflexions et des campagnes sur l’ensemble de la vie des étudiants et sur comment le capitalisme précarise les études et la vie de ces derniers. À côté des campagnes menées sur la situation budgétaire des facultés, un axe majeur de réflexion des Étudiants Communistes doit porter sur la situation du logement étudiant, en commençant par les logements CROUS qui hébergent les étudiants issus des classes les plus démunies et aussi des nombreux étudiants étrangers hors UE.
Il existe pour une organisation deux façons pour développer le militantisme en Cité-U. La première façon de militer n’exclut pas la deuxième ; en revanche, la deuxième ne doit jamais remplacer la première :
1 - Premièrement, le militantisme « tout court » : les camarades de l’UEC, faisant ou non partie de telle ou telle résidence, se rendent en Cité avec les campagnes du moment et font des boîtages, des porte-à-porte, des réunions publiques ou bien des projections pour se confronter directement avec les résidants. Notre crédibilité dans ces cas augmente lorsque nous parlons aux étudiants en Cité des conditions matérielles de leur vie et donc de leur logement lui-même : la campagne « Logement étudiant : le service public c’est pour quand ? » est dans ce sens un excellent appui et un point de départ pour approfondir nos réflexions sur la crise du logement étudiant.
2 - En deuxième lieu, une autre forme de militantisme en Cité-U est possible, mais seulement pour les secteurs qui ont au moins un ou deux camarades hébergés dans des logements étudiants. C’est sur cette deuxième façon de militer en Cité qu’on développera notre contribution, qui se base en particulier sur l’expérience enrichissante des camarades de l’UEC Strasbourg depuis septembre 2013. La stratégie adoptée par le secteur de Strasbourg a été de miser et investir dans les « Conseils de Résidence » : il s’agit d’organes élus qui conseillent le Directeur de la Cité U et qui disposent d’un budget pour des activités culturelles et sociales ; leur renouvellement est annuel (à chaque rentrée).
La stratégie adoptée à Strasbourg est la suivante : à la rentrée universitaire, les camarades de l’UEC qui habitent en Cité-U prennent contact avec les associations de la Cité et/ou avec les étudiants qui animaient le Conseil de résidence l’année précédente. Les camarades de l’UEC se posent donc à l’initiative de la constitution de listes larges de rassemblement des étudiants progressistes de la Cité. La campagne pour les élections en Cité-U est toujours un moment riche de possibilités de réflexion et de débat démocratique avec les résidants sur les conditions du logement, sur les espaces de vie et d’expression en Cité et sur leurs attentes par rapport aux améliorations de leur cadre de vie. Qu’elles s’appellent « FERUF », « Collectif étudiant progressiste » ou autre, ces listes présentent un programme qui se pose à la fois l’objectif de la construction d’un rapport de force face au CROUS pour l’amélioration des conditions matérielles du logement, mais aussi l’objectif de l’animation culturelle et sociale de la résidence.
Une fois les élections terminées, le but des listes progressistes est de travailler avec tout le monde : souvent en Cité-U il n’y a qu’une seule liste qui se présente, mais lorsqu’il y en a deux il s’agit souvent de listes qui ne se posent pas en opposition idéologique insurmontable. Souvent les listes concurrentes aux listes progressistes sont animées par des groupes d’amis qui trouvaient « cool » de monter une liste pour organiser des fêtes en Cité. Ces gens doivent être associés à la démarche de l’UEC, car le but est d’avoir un Conseil de résidence uni et revendicatif face au CROUS, et pas un Conseil de résidence où l’on reproduit en petite échelle les guéguerres syndicales.
À Strasbourg, à la Cité de la Robertsau, l’engagement de l’UEC dans le Conseil de Résidence a permis de construire une équipe soudée et déterminée à changer le quotidien des étudiants et à utiliser au maximum chaque espace que la Cité offrait, voire d’en ouvrir des nouveaux. Cela a permis des avancées concrètes pour les résidents : l’ouverture de deux salles de travail et une salle d’arts plastiques, l’ouverture régulière de la bibliothèque avec la possibilité d’imprimer et photocopier à un prix symbolique, des ateliers de langues gratuits, des cours de danse et des cours de fitness gratuits, des salles communes plus accessibles et mieux équipées (salle de billard, musique, ping-pong, etc.). Les élus étudiants ont été notamment à l’initiative du tournoi sportif inter-cités. Ils ont organisé des réunions ouvertes à tous les résidents avant chaque réunion du Conseil afin de pouvoir remonter à la direction leurs soucis mais aussi leurs souhaits ; ces réunions ont permis d’ailleurs d’avoir un consensus plus large sur l’utilisation du budget (un vrai laboratoire de « budget participé »). Ils ont organisé des voyages à Amsterdam, Prague, Venise et Berlin pour les étudiants de la cité à un prix symbolique. Ils ont organisé des soirées conviviales dans la nouvelle cafétéria, soirées qui ont permis de rapprocher les résidents et combattre l’isolation dans les 9m2 auxquels ils semblent condamnés. Enfin, les élus au Conseil de Résidence ont organisé les étudiants pour monter la pression sur le CROUS afin qu’il intervienne pour désinsectiser les chambres de la cité de façon plus réfléchie et efficace suite aux problèmes de punaises qui ont malheureusement gâché la vie à nombre de résidents à la rentrée 2013.
L’exemple de la Robertsau a inspiré, lors des élections aux Conseils de Résidence de 2014, des autres camarades de l’UEC qui ont animé les listes de deux autres Cités-U et qui ont permis une implantation encore plus importante de l’UEC dans ces milieux de vie des étudiants.
L’intérêt de faire partie des Conseils de Résidence est pour l’UEC de sortir ses camarades de leurs chambres et de les confronter avec les autres résidants et avec les associations de la Cité (souvent des associations culturelles ou associations d’étudiants étrangers) : les listes ne s’appellent pas « UEC », mais les membres de l’UEC qui les animent deviennent des personnes connues dans la cité car on leur reconnait la capacité d’organiser et animer la vie des résidants. Ca arrive très rapidement que les étudiants de la Cité découvrent que, à coté de l’engagement en résidence, les camarades de l’UEC mènent aussi un engagement politique : l’UEC en Cité devient donc un interlocuteur politique de premier plan pour des étudiants qui ont envie de débattre. Les gens s’intéressent à la vie de l’organisation car ils comprennent qu’elle est capable d’agir sur plusieurs fronts et souvent cela mène à des adhésions, en sachant aussi que le public des cités est partie des classes les plus démunies et donc sensible à nos analyses et propositions. Dans la Cité de la Robertsau, en une seule année, l’UEC est passé de deux adhérents à une douzaine, sans compter un nombre important de sympathisants et de contacts réguliers qui ont pris part aux grands moments de la vie du secteur (SPM, SF et soirée de fin partiels).
L’action de l’UEC au sein des Conseils de Résidence, bien qu’elle ne soit pas menée directement au nom de l’UEC, permet aux camarades d’acquérir une expérience pratique dans la gestion d’un ensemble de plusieurs centaines d’étudiants des classes populaires, issus de toutes les parties du monde. Les camarades apprennent sur le terrain comment construire un rapport de force face à l’administration et au CROUS, tout en organisant les résidants lorsque l’action revendicative le demande. Les camarades de l’UEC obtiennent ainsi une légitimité auprès des résidants qui est due au fait qu’on leur reconnait une utilité dans le quotidien des étudiants, pour améliorer progressivement les conditions de leur logement mais aussi pour savoir organiser des moments de sociabilité et culturels qui permettent de sortir de l’isolement même dans cette période où les budgets des CROUS sont amputés. Aussi, les résidents constatent que l’UEC est une force qui leur est utile et qui est capable d’être à l’initiative du rassemblement des étudiants progressistes pour créer des listes revendicatives : l’UEC est la force qui non seulement dit aux étudiants de s’opposer à l’austérité et à la crise du logement, mais aussi elle leur montre le chemin pour arracher au capital des nouvelles conquêtes. Au contraire des autres Conseils de résidence animés par des « amicalistes » corporatistes qui ne pensent qu’à organiser des fêtes ou bien des « syndicalistes » qui parfois se content d’avoir des élus absentéistes, l’UEC dans les Cités-U doit travailler au rassemblement des progressistes et œuvrer à la fois pour l’animation de la Cité et pour l’organisation revendicative des étudiants afin qu’il sachent qu’il y a une force à leur cotés qui ne résignera jamais à vivre dans des Cités-U vétustes, sales, privées de vie sociale et culturelle et de plus en plus soumises aux lois du marché !
Andrea Benedetti pour l'UEC Strasbourg (67)