À la conquête de nouveaux droits en Cité-U : l’engagement de l’UEC dans les Conseils de Résidence

Publié le 1 Novembre 2014

À la conquête de nouveaux droits en Cité-U : l’engagement de l’UEC dans les Conseils de Résidence

À la conquête de nouveaux droits en Cité-U : l’engagement de l’UEC dans les Conseils de Résidence.

L’UEC est une organisation qui a vocation à développer des réflexions et des campagnes sur l’ensemble de la vie des étudiants et sur comment le capitalisme précarise les études et la vie de ces derniers. À côté des campagnes menées sur la situation budgétaire des facultés, un axe majeur  de réflexion des Étudiants Communistes doit porter sur la situation du  logement étudiant, en commençant par les logements CROUS qui hébergent les  étudiants issus des classes les plus démunies et aussi des nombreux  étudiants étrangers hors UE.

Il existe pour une organisation deux façons pour développer le militantisme  en Cité-U. La première façon de militer n’exclut pas la deuxième ; en  revanche, la deuxième ne doit jamais remplacer la première :
1 - Premièrement, le militantisme « tout court » : les camarades de  l’UEC, faisant ou non partie de telle ou telle résidence, se rendent en  Cité avec les campagnes du moment et font des boîtages, des porte-à-porte,  des réunions publiques ou bien des projections pour se confronter  directement avec les résidants. Notre crédibilité dans ces cas augmente  lorsque nous parlons aux étudiants en Cité des conditions matérielles de  leur vie et donc de leur logement lui-même : la campagne « Logement  étudiant : le service public c’est pour quand ? » est dans ce sens un  excellent appui et un point de départ pour approfondir nos réflexions sur  la crise du logement étudiant.

2 - En deuxième lieu, une autre forme de militantisme en Cité-U est  possible, mais seulement pour les secteurs qui ont au moins un ou deux  camarades hébergés dans des logements étudiants. C’est sur cette  deuxième façon de militer en Cité qu’on développera notre contribution,  qui se base en particulier sur l’expérience enrichissante des camarades de  l’UEC Strasbourg depuis septembre 2013. La stratégie adoptée par le  secteur de Strasbourg a été de miser et investir dans les « Conseils de  Résidence » : il s’agit d’organes élus qui conseillent le Directeur  de la Cité U et qui disposent d’un budget pour des activités culturelles  et sociales ; leur renouvellement est annuel (à chaque rentrée).
La stratégie adoptée à Strasbourg est la suivante : à la rentrée  universitaire, les camarades de l’UEC qui habitent en Cité-U prennent  contact avec les associations de la Cité et/ou avec les étudiants qui  animaient le Conseil de résidence l’année précédente. Les camarades de  l’UEC se posent donc à l’initiative de la constitution de listes larges  de rassemblement des étudiants progressistes de la Cité. La campagne pour  les élections en Cité-U est toujours un moment riche de possibilités de  réflexion et de débat démocratique avec les résidants sur les conditions  du logement, sur les espaces de vie et d’expression en Cité et sur leurs  attentes par rapport aux améliorations de leur cadre de vie. Qu’elles  s’appellent « FERUF », « Collectif étudiant progressiste » ou  autre, ces listes présentent un programme qui se pose à la fois  l’objectif de la construction d’un rapport de force face au CROUS pour  l’amélioration des conditions matérielles du logement, mais aussi  l’objectif de l’animation culturelle et sociale de la résidence.
Une fois les élections terminées, le but des listes progressistes est de  travailler avec tout le monde : souvent en Cité-U il n’y a qu’une seule  liste qui se présente, mais lorsqu’il y en a deux il s’agit souvent de  listes qui ne se posent pas en opposition idéologique insurmontable. Souvent  les listes concurrentes aux listes progressistes sont animées par des  groupes d’amis qui trouvaient « cool » de monter une liste pour  organiser des fêtes en Cité. Ces gens doivent être associés à la  démarche de l’UEC, car le but est d’avoir un Conseil de résidence uni  et revendicatif face au CROUS, et pas un Conseil de résidence où l’on  reproduit en petite échelle les guéguerres syndicales.

À Strasbourg, à la Cité de la Robertsau, l’engagement de l’UEC dans le  Conseil de Résidence a permis de construire une équipe soudée et  déterminée à changer le quotidien des étudiants et à utiliser au maximum  chaque espace que la Cité offrait, voire d’en ouvrir des nouveaux. Cela a  permis des avancées concrètes pour les résidents : l’ouverture de deux  salles de travail et une salle d’arts plastiques, l’ouverture régulière  de la bibliothèque avec la possibilité d’imprimer et photocopier à un  prix symbolique, des ateliers de langues gratuits, des cours de danse et des  cours de fitness gratuits, des salles communes plus accessibles et mieux  équipées (salle de billard, musique, ping-pong, etc.). Les élus étudiants  ont été notamment à l’initiative du tournoi sportif inter-cités. Ils  ont organisé des réunions ouvertes à tous les résidents avant chaque  réunion du Conseil afin de pouvoir remonter à la direction leurs soucis  mais aussi leurs souhaits ; ces réunions ont permis d’ailleurs d’avoir  un consensus plus large sur l’utilisation du budget (un vrai laboratoire de  « budget participé »). Ils ont organisé des voyages à Amsterdam,  Prague, Venise et Berlin pour les étudiants de la cité à un prix  symbolique. Ils ont organisé des soirées conviviales dans la nouvelle  cafétéria, soirées qui ont permis de rapprocher les résidents et  combattre l’isolation dans les 9m2 auxquels ils semblent condamnés. Enfin,  les élus au Conseil de Résidence ont organisé les étudiants pour monter  la pression sur le CROUS afin qu’il intervienne pour désinsectiser les  chambres de la cité de façon plus réfléchie et efficace suite aux  problèmes de punaises qui ont malheureusement gâché la vie à nombre de  résidents à la rentrée 2013.
L’exemple de la Robertsau a inspiré, lors des élections aux Conseils de  Résidence de 2014, des autres camarades de l’UEC qui ont animé les listes  de deux autres Cités-U et qui ont permis une implantation encore plus  importante de l’UEC dans ces milieux de vie des étudiants.

L’intérêt de faire partie des Conseils de Résidence est pour l’UEC de  sortir ses camarades de leurs chambres et de les confronter avec les autres  résidants et avec les associations de la Cité (souvent des associations  culturelles ou associations d’étudiants étrangers) : les listes ne  s’appellent pas « UEC », mais les membres de l’UEC qui les animent  deviennent des personnes connues dans la cité car on leur reconnait la  capacité d’organiser et animer la vie des résidants. Ca arrive très  rapidement que les étudiants de la Cité découvrent que, à coté de  l’engagement en résidence, les camarades de l’UEC mènent aussi un  engagement politique : l’UEC en Cité devient donc un interlocuteur  politique de premier plan pour des étudiants qui ont envie de débattre. Les  gens s’intéressent à la vie de l’organisation car ils comprennent  qu’elle est capable d’agir sur plusieurs fronts et souvent cela mène à  des adhésions, en sachant aussi que le public des cités est partie des  classes les plus démunies et donc sensible à nos analyses et propositions.  Dans la Cité de la Robertsau, en une seule année, l’UEC est passé de  deux adhérents à une douzaine, sans compter un nombre important de  sympathisants et de contacts réguliers qui ont pris part aux grands moments  de la vie du secteur (SPM, SF et soirée de fin partiels).
L’action de l’UEC au sein des Conseils de Résidence, bien qu’elle ne soit  pas menée directement au nom de l’UEC, permet aux camarades d’acquérir une expérience pratique dans la gestion d’un ensemble de plusieurs centaines d’étudiants des classes populaires, issus de toutes les parties du monde. Les camarades apprennent sur le terrain comment construire un  rapport de force face à l’administration et au CROUS, tout en organisant  les résidants lorsque l’action revendicative le demande. Les camarades de  l’UEC obtiennent ainsi une légitimité auprès des résidants qui est due  au fait qu’on leur reconnait une utilité dans le quotidien des étudiants,  pour améliorer progressivement les conditions de leur logement mais aussi  pour savoir organiser des moments de sociabilité et culturels qui permettent  de sortir de l’isolement même dans cette période où les budgets des  CROUS sont amputés. Aussi, les résidents constatent que l’UEC est une  force qui leur est utile et qui est capable d’être à l’initiative du  rassemblement des étudiants progressistes pour créer des listes  revendicatives : l’UEC est la force qui non seulement dit aux étudiants  de s’opposer à l’austérité et à la crise du logement, mais aussi elle  leur montre le chemin pour arracher au capital des nouvelles conquêtes. Au  contraire des autres Conseils de résidence animés par des  « amicalistes » corporatistes qui ne pensent qu’à organiser des fêtes  ou bien des « syndicalistes » qui parfois se content d’avoir des élus  absentéistes, l’UEC dans les Cités-U doit travailler au rassemblement des  progressistes et œuvrer à la fois pour l’animation de la Cité et pour  l’organisation revendicative des étudiants afin qu’il sachent qu’il y  a une force à leur cotés qui ne résignera jamais à vivre dans des  Cités-U vétustes, sales, privées de vie sociale et culturelle et de plus  en plus soumises aux lois du marché !

Andrea Benedetti pour l'UEC Strasbourg (67)

Publié dans #Université

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