Contre le Bastion social et le fascisme : révolution et socialisme !
Publié le 29 Octobre 2018
Depuis plusieurs mois déjà des groupuscules d’extrême-droite tentent de s’implanter dans de multiples villes en France par l’ouverture de bars associatifs sous une nouvelle couverture organisationnelle. Il s’agit du « Bastion social », dont les membres se revendiquent ouvertement de l’idéologie fasciste. Cette nouvelle organisation n’est rien d’autre qu’un recyclage de groupes d’extrême droite dont l’Action Française et le Groupe Union Défense (GUD), connus pour leur violence raciste, homophobe et sexiste, ainsi que pour leurs attaques contre les militants révolutionnaires. Les membres du Bastion social n’ont pas démenti leur réputation : depuis leur arrivée ces énergumènes multiplient les agressions et les intimidations ; ils se montrent de plus en plus menaçants, posant notamment armés sur des photos qu’ils diffusent via les réseaux sociaux ; ils organisent des conférences avec des terroristes anciens et nouveaux. Tel est le constat depuis l’ouverture des bars du Bastion social à Strasbourg (Arcadia), Lyon (Pavillon Noir), Chambéry (Edelweiss), Aix-en-Provence (Bastide) et Marseille (Navarin). Mais d’autres groupuscules réactionnaires ont eux aussi ouvert récemment des locaux à Lille (La Citadelle), Angers (Alvarium), Bordeaux (Menhir), Combres-sous-les-Côtes (Taverne de Thor). Le caractère bourgeois et mafieux de l’installation de bars fascistes est évident lorsqu’on observe leur réseau de financement : ils possèdent de nombreuses boutiques fantoches, sans clientèles, servant à justifier l’existence de leurs biens mal acquis. Ils sont également grassement nourris par certaines couches de la bourgeoisie et par les grands propriétaires fonciers, ainsi que par une partie du fascisme institutionnel à l’image du Front national. Soulignons aussi que les organisations sœurs du Bastion social à l’étranger, d’Aube dorée à CasaPound, du Hogar Social à Elam, sont également connues pour leurs violences allant jusqu’aux meurtres des opposants politiques.
Se cachant derrière un vernis social et caritatif, les fascistes français prétendent remédier à la précarité, au mal-logement, à la misère, causés selon eux par l’arrivée de réfugiés et migrants en France. S’il prétend ainsi aider les français « de souche » les plus démunis, le Bastion social ne fait que se nourrir de la détresse des travailleurs afin d’alimenter les idées xénophobes en désignant l’étranger comme la cible à abattre. L’aide aux SDF n’est qu’un prétexte pour hiérarchiser les conditions de misère, mais historiquement les fascistes n’en ont jamais eu à faire des sans-domiciles et des chômeurs. Les actions de solidarité et de fraternité envers les travailleurs les plus démunis, les foyers les plus précaires, sont portées depuis longtemps par des associations du peuple comme le Secours Populaire qui, sans fanfaronner, sont les véritables panseurs des lésions infligés aux masses par la société de classe. Lorsque les membres du Bastion social font une action dite pour soutenir les Français au chômage, ils se posent sur le toit du Pôle Emploi, se prennent en photo et pleurnichent quand la police les fait descendre. Mais ils ne sont pas capables d’aller à la rencontre des chômeurs, contrairement aux organisations de la classe ouvrière qui sont en contact permanent avec les privés d’emploi et participent à leurs luttes. La manière pitoyable et futile avec laquelle le Bastion social accomplit ses actions coup de poing est symptomatique de la composition sociale de ce groupuscule : ses membres sont des petits bourgeois, de fils de chefs d’entreprise, de gens qui n’ont aucune idée de ce que sont la précarité et l’exploitation.
Le fascisme s'enracine certes dans la misère, mais cette misère n'est pas sans cause. En France, c’est bien les politiques antisociales menées par les gouvernements successifs, et notamment celle menée par le Parti socialiste pendant les cinq dernières années et maintenant par le président Macron, qui ont créé les conditions propices à la résurgence de la peste brune. C'est dans les multiples offensives de la bourgeoisie qu'elle a trouvé un nouveau souffle. C'est le capitalisme qui chaque jour, en semant la guerre et la misère, fait grandir le désespoir et le désarroi des classes populaires desquels se nourrit le fascisme. Celui-ci est banalisé par la fascisation grandissante de notre société et par les pratiques de nos gouvernements : comment s'étonner des multiples agressions perpétrées à l'encontre des militants, alors que l’État lui-même orchestre la répression syndicale et politique la plus sauvage ? Comment s'offusquer de leurs relents fascistes alors que l’État lui-même organise cette atmosphère par l'instauration d'un État d'urgence quasi permanent ? Comment s’étonner des tentatives de récupération identitaire de la misère sociale alors que l’État lui-même multiplie les mesures antisociales et plonge la classe laborieuse dans le chômage et la précarité ? Comment s’étonner des « ratonnades » régulières à l’encontre des personnes non-blanches alors que l’État lui-même organise une gestion néocoloniale des quartiers prolétariens et une politique répressive des migrations ?
Le fascisme n’est pas un accident de parcours de la bourgeoise : celle-ci a besoin du fascisme pour assurer sa survie, elle a besoin d’une milice paraétatique qui aide le pouvoir dans sa volonté de museler l’opposition sociale, de briser les grèves, de diviser les travailleurs, et ainsi mieux asseoir l’exploitation de classe. Le lien indissoluble entre le fascisme et le capitalisme est évident : les libéraux instaurent une compétition de plus en plus rude sur le marché du travail par la régressions des droits économiques et sociaux gagnés par le prolétariat, alors que les fascistes opposent les prolétaires selon leurs origines, leur sexe, leur orientation, leurs croyances. Encore, les fascistes neutralisent le potentiel révolutionnaire des masses par leur discours d’unité nationale à réaliser à tout prix et au-delà des intérêts de classe : derrière chaque argument de conciliation de classe, le fascisme justifie de fait le pouvoir capitaliste. Enfin, les fascistes demeurent les idiots utiles de l’impérialisme qu’ils prétendent combattre : leur propagande anti-migrants, argumentée par la prétendue « lutte au terrorisme », ne fait qu’alimenter le consensus politique autour de l’« union sacrée » pour la guerre impérialiste, le même qui alimente le terrorisme et qui pousse des centaines de milliers d’habitants à fuir dans la Méditerranée au péril de leurs vies.
La France n’est pas un cas isolé, cela faisant maintenant plusieurs années que le fascisme se propage à nouveau sur l’ensemble du vieux continent sans que les pouvoirs en place ne se soucient réellement de la multiplication des violences. C’est le cas en Hongrie, en Pologne et surtout en Ukraine, où les fascistes sont au pouvoir et répriment dans le sang les syndicalistes, les communistes, les minorités ethniques, sous le regard bienveillant de l’Union Européenne et grâce à l’appui logistique de l’OTAN. Mais cette recrudescence à l’échelle locale et mondiale de la réaction, du chauvinisme, du fascisme prouve que la crise du capitalisme arrive à son stade final, et que la lutte des classes, en bien des lieux, s’exacerbe. Les capitalistes n’hésitent plus à financer et équiper les fascistes pour garder leurs profits en période de crise. Le fascisme se confirme comme étant leur ultime rempart contre la colère organisée des travailleurs : le développement des groupuscules réactionnaires et du fascisme n'est que le symbole d'un capitalisme aux abois qui n'hésitera pas à recourir aux pires moyens pour diviser les travailleurs entre eux, détourner notre attention et ainsi maintenir son hégémonie.
Aujourd’hui comme hier, les fascistes sont nos ennemis dans la bataille contre le patronat, contre les monopoles, contre le système capitaliste. Ne nous trompons pas : la lutte antifasciste n’est pas seulement un combat entre deux projets de société diamétralement opposés, la lutte antifasciste est une lutte classe contre classe. Pour cela, toute illusion sur l’intervention des pouvoirs publics est vaine. Les inefficaces prises de positions institutionnelles – des interventions des députés LREM aux motions votées par les mairies de Strasbourg et Chambéry – ont montré les limites de l’antifascisme opportunisme et de l’humanisme naïf. Aussi, les Préfectures se rendent complices de l’installation des bars fascistes : d’abord, en refusant de fermer les bars prétextant le manque de lien direct entre leur ouverture et l’escalade de violences ; ensuite, en interdisant les manifestations à proximité des bars, privatisant ainsi des rues entières en faveur des fascistes, muselant la liberté d’expression et de circulation des habitants du quartier. La bourgeoisie a tout intérêt à ce que les bases matérielles du fascisme soient durablement conservées, ainsi le prétendu antifascisme humaniste et petit-bourgeois ne consiste qu'à dévier la lutte antifasciste de sa trajectoire révolutionnaire. Si les pouvoirs publics refusent les manifestations dans les quartiers prolétaires où s’installent les fascistes, c'est parce que c'est précisément sur ce terrain que nous vaincrons le fascisme. Nous refusons alors de nous laisser endormir par la bureaucratie : la victoire sur le fascisme ne viendra pas d’un décret d’en haut imposant la fermeture d’un bar, mais sera déterminée exclusivement par le rapport de force construit dans la rue. La fermeture des bars identitaires n’est qu’un objectif immédiat, une première étape dans l’écrasement définitif du fascisme.
Partout où le fascisme tente de prendre racine, les communistes doivent être au premier rang de la riposte prolétarienne, car le fascisme représente la forme la plus violente de l’exploitation capitaliste, en témoigne l’exemple historique de l’Italie mussolinienne. Contre ces deux faces d’une même pièce, contre le cercle vicieux du libéralisme et du fascisme, il n’existe qu’une solution : l’unité de classe dans la lutte révolutionnaire !
Seule l’unité des travailleurs nous garantira la victoire sur ceux qui nous divisent aujourd’hui. Nous appelons l’ensemble du prolétariat à se détourner de la haine primitive que propagent les miliciens fascistes. La lutte doit être dirigée contre le seul véritable ennemi, elle doit pointer du doigt le véritable coupable, le seul coupable de la misère des travailleurs : la classe capitaliste ! Nous devons lutter sur tous les fronts pour que les richesses de notre pays soient entre les mains des travailleurs, nous devons gagner le contrôle ouvrier démocratique sur les lieux et moyens de production et la planification de celle-ci !
Nous ne reculerons jamais devant les fascistes, l'Histoire les condamne par avance, ils ne sont rien de plus que les derniers chiens de garde d'un ordre pourrissant et dégénéré, voué à être jeté à bas par ceux qui le font tourner, les travailleurs. La voie de la victoire est rouge car c’est la voie du socialisme et de la marche vers le communisme, la voie du renversement du système de classe qui balaiera tant la bourgeoisie que son bras armé !
Jeunes Communistes du Bas-Rhin