Liberté pour Pablo Hasél !
Publié le 3 Février 2021
Le rappeur catalan et militant marxiste-léniniste Pablo Rivadulla Duro, alias Pablo Hasél, a été récemment condamné à une peine de 9 mois de prison ferme pour « apologie de terrorisme, injures à la Couronne et à l'Etat » par l'Audiencia Nacional (le Tribunal spécial, institution issue de l'héritage franquiste déjà utilisée pendant la dictature pour juger les criminels politiques). L’ordre est de se présenter « volontairement » en prison dans les 10 jours. Ce qui incrimine cet artiste militant aux yeux de la justice de classe espagnole, ce sont certains de ses tweets et les paroles de ses chansons, c’est-à-dire le fait qu’il a toujours utilisé sa musique comme un outil pour dénoncer l'Etat bourgeois et le roi, stigmatisé par exemple pour avoir utilisé de l'argent public pour aller chasser au Botswana en 2011.
Pablo Hasél est persécuté depuis une décennie par les autorités espagnoles, quelle que soit la couleur du gouvernement en place. Arrêté pour la première fois en 2011 sous le gouvernement PSOE de Zapatero, celui du Partido Popular de Rajoy a continué les poursuites et c’est maintenant au tour du gouvernement PSOE/IU/Podemos de Pedro Sánchez et Pablo Iglesias de l’emprisonner. Le procès actuel s'inscrit dans la continuité de celui de 2015, lorsque Hasél avait été condamné à 2 ans de prison pour des faits similaires. Les chefs d’accusation et le déroulement de ce procès politique rappellent de près également ceux intentés en 2017-2018 contre les 12 rappeurs de La Insurgencia, condamnés à 6 mois de prison, et contre Josep Valtonyc, rappeur majorquin et militant marxiste-léniniste condamné à 3 ans et 6 mois de prison et ayant dû fuir l’Espagne pour se réfugier en Belgique faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international.
Les poursuites s’inscrivent toutes dans le cadre de la « Loi organique de protection de la sécurité publique » de 2015. Cette réforme du Code pénal, désignée à juste titre comme étant une « loi bâillon » (ley mordaza), a été conçue pour légaliser la répression à l’encontre des militants révolutionnaires. Marquant un retour en arrière de l’Espagne aux temps obscurs de la dictature fasciste de Franco, elle porte des attaques majeures aux droits démocratiques, tels les libertés d’expression, de réunion et d’information. Elle entend censurer toute critique aux scandales à répétition de la monarchie corrompue et des politiques violemment antisociales menées par les gouvernements successifs.
Le procès contre Hasél est clairement politique et vise à intimider les autres artistes. Le rappeur a déclaré : « Ils me mettront en prison pour avoir raconté des faits objectifs, mais ils ne me plieront jamais ». Il a déclaré aussi qu’il ne regrette rien et ne demandera aucune amnistie : il fait appel seulement aux mouvements sociaux et à la solidarité internationale pour dénoncer cette parodie de procès intenté contre lui et ainsi démasquer l’Etat bourgeois. Il a déclaré en outre : « mon attitude en prison sera la même que dans la rue : la prison est une autre tranchée de la lutte ».
Hasél a attaqué directement le PSOE, Izquierda Unida et Podemos, qui composent l’actuel gouvernement Sánchez II, les accusant d'être complices et coupables de son emprisonnement puisqu’ils protègent la monarchie, ferment les yeux sur sa corruption et ses escroqueries, et perdurent le système d’exploitation et d’injustice contrairement aux promesses électorales alléchantes : aucune amnistie pour les prisonniers politiques ni de mesures pour améliorer leurs conditions de détentions ; aucune condamnation des officiers de la Guardia Civil coupables de la mort de 15 migrants à Tarajal ; aucune abrogation des contre-réformes du code du travail et de la loi bâillon promulguées par Rajoy ; aucun moratoire sur le prix de l’électricité ni de nationalisation des compagnies électriques ; aucun moratoire sur les expulsions locatives malgré la pandémie, etc. Des siège de Podemos ont d’ailleurs été taggués de « Culpables, Farsantes » : les responsables du parti ont condamné ces actes les qualifiant de « vandalisme » et les assimilant à une attaque fasciste. Une nouvelle preuve, si nécessaire, de ce qu’est réellement ce parti tant admiré et vénéré par la social-démocratie française et européenne.
La liberté d’expression et le droit d'opinion se révèlent finalement pour ce qu’ils sont dans tout système capitaliste : des contes de fées racontées par la bourgeoisie pour donner une apparence démocratique à son régime, mais des chefs d’accusation et de condamnation dès lors qu’ils sont utilisés par la classe exploitée pour dénoncer les distorsions du système. L’affaire de Pablo Hasél démontre une fois de plus la nature de classe d’une justice qui se prétend super partes : elle n’est qu’un outil aux mains de la bourgeoisie pour préserver et perpétuer son système d’injustice. C’est aussi pour cela qu’en Europe aucun de nos courageux « progressistes » paladins de la liberté d’expression n’a bougé son petit doigt sur l’affaire de Pablo Hasél.
Des manifestations massives de soutien ont déjà été organisées à Barcelone et plusieurs autres se tiendront ce week-end en Espagne comme ailleurs. D’autres artistes militants ont déjà exprimé leur solidarité inébranlable, à l’image de Ska-P et Banda Bassotti.
Ensemble, exigeons la relaxe immédiate de Pablo Hasél et de tous les militants communistes poursuivis par l’Etat bourgeois espagnol ! Exigeons l’abrogation de la loi bâillon et l’amnistie pour les exilés politiques !
Los Borbones son unos Ladrones ! Al fascismo sólo se le frena a tiros !
#LibertadPabloHasel
Jeunes Communistes du Bas-Rhin