Textes d'orientation adoptés à la Conférence fédérale des Jeunes Communistes du Bas-Rhin (Strasbourg, 30 septembre 2017)

Publié le 30 Septembre 2017

Textes d'orientation adoptés à la Conférence fédérale des Jeunes Communistes du Bas-Rhin (Strasbourg, 30 septembre 2017)

Le samedi 30 septembre 2017, les adhérents du Mouvement des Jeunes Communistes du Bas-Rhin et de l'Union des Etudiants Communistes de Strasbourg se sont réunis en Conférence fédérale à Strasbourg. Nous avons discuté, amendé et adopté des textes d'orientation politique et organisationnelle. Bien que non exhaustifs et susceptibles de faire l'objet de nouvelles vérifications dans les cadres collectifs de l'organisation, ces textes présentent les principes clefs politiques et organisationnels qui inspirent le MJFC 67 et l'UEC Strasbourg dans leurs luttes :

1. Projet révolutionnaire

 

La tâche des communistes est d’impulser un processus révolutionnaire qui renverse le système capitalisme et détruit les rapports sociaux, économiques et culturels actuels. Marx affirmait que « Le communisme est le mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses », donc nous sommes les personnes réelles qui luttent pour l'abolition de l'état actuel des choses. Les communistes sont conscients en effet, du fait de l’étude des conditions matérielles du développement des rapports de production, qu'il n'y a pas d'autre issue pour dépasser les contradictions de classe intrinsèques à la société capitaliste. De ce fait, nous constituons l'avant-garde politique de la classe la plus exploitée et la plus organisée : la classe ouvrière et ses alliés (paysannerie, petit artisanat, petits fonctionnaires), qui ont intérêt au renversement du capitalisme.

 

Organisation de jeunes, nous ne faisons pas du « jeunisme » : nous organisons le combat révolutionnaire de la jeunesse comme catégorie spécifique mais sans jamais oublier les rapports de classe qui la traversent. Nous organisons ainsi la jeunesse prolétaire en fonction des lieux d’étude et de travail : lycées, universités, centres de formation technique, entreprises.

 

 

Eléments de tactique

 

Les syndicats

 

La tâche des communistes est de s'implanter dans les syndicats de masse, même potentiellement réactionnaires (qui se contentent de pratiques de négociation et de compromis de classe), et prendre leur direction afin de ne pas laisser les ouvriers face aux déviances opportunistes.

Nous devons favoriser la syndicalisation des chômeurs et des précaires, puisque le chômage est créé par le capitalisme et constitue l'armée de réserve du patronat. Celui-ci instrumentalise les chômeurs et les précaires pour dégrader les conditions de travail et instaurer une logique de concurrence (guerre entre travailleurs de différents statuts). De même, nous devons favoriser les alliances avec les syndicats des retraités, cibles d'attaques violentes de la part du capital, qui traite la retraite comme un coût et les retraités comme des privilégiés, instaurant ainsi une logique de guerre intergénérationnelle entre aspirants travailleurs, actuels travailleurs et anciens travailleurs.

 

Conseils et pouvoir ouvrier

 

Lors des processus révolutionnaires, des nouvelles formes d'organisation de la lutte de classes apparaissent en dehors du parti et du syndicat. Ces institutions sont de nature politique et économique (soviets, conseils ouvriers, comités d’usine) : notre tâche est de rendre hégémoniques nos mots d'ordre en leur sein, afin que ces organes deviennent l'embryon d'un contre-pouvoir révolutionnaire.

Nous travaillons ainsi au développement d'un gouvernement parallèle de pouvoir ouvrier, qui devra remplacer les institutions bourgeoises par des institutions révolutionnaires. Nous travaillons à la constitution, l'impulsion et la fédération de conseils ouvriers, basés sur les lieux de production et en mobilisation constante.

 

Les institutions bourgeoises

 

Nous devons différencier le parlement et le gouvernement. En ce qui concerne les parlements, nous devons définir les critères de notre participation en fonction des conditions matérielles et des intérêts de la classe ouvrière. Nous ne devons pas céder aux compromis avec les partis bourgeois et devons proposer des mots d'ordre révolutionnaires.

S’il peut y avoir un intérêt à rentrer au parlement, il n'y en a aucun à faire partie du gouvernement. Notamment lors des élections présidentielles, il serait une erreur de vouloir prendre le pouvoir par le haut par la démocratie bourgeoise. Puisque nous combattons la social-démocratie qui trahit la classe prolétarienne, nous combattons l'illusion de croire que par la démocratie bourgeoise nous obtiendront autre chose qu'un arrangement du capitalisme et sa moralisation.

La seule exception à l'entrée des communistes au gouvernement est la situation d'union nationale contre l'ennemi fasciste, où le rôle des communistes doit être celui de la défense la plus ardue contre le fascisme et l'imposition des tactiques révolutionnaires au sein du gouvernement d'union nationale. Cependant, nous ne rentrons pas dans ce type de gouvernement sous les conditions de la classe bourgeoise ; nous y rentrons quand nous pouvons faire valoir nos intérêts de classe. Encore dans le cas de gouvernement d’union nationale, les communistes doivent toujours garder comme but l'insurrection armée et préparer les masses pour lutter contre les causes du fascisme, qui sont dans notre propre pays.

 

La violence

 

La violence est partout. Le capitalisme est un système nécessairement violent : il a besoin, pour survivre, à la fois de la violence physique (répression à l'intérieur, impérialisme à l'extérieur) et de la violence de classe (légitimation des violences patronales de tout genre).

Quelle place alors pour la violence physique et pour la violence de classe dans le combat des communistes ? La classe bourgeoise ne laissera jamais se développer un mouvement révolutionnaire qui remette en cause ses intérêts et sa domination. Nous serons obligés d'utiliser des formes de violence. Nous prônons une violence de classe, dont la grève est un pilier. Par contre, nous dénonçons l'utilisation de formes de violence individuelle dans le combat révolutionnaire : assassiner un patron, organiser des attentats, détruire les outils de production, n'affecte en rien le capitalisme en tant que système.

Le parti communiste a le devoir de donner les armes théoriques et physiques pour la lutte de la classe ouvrière.

 

 

Eléments de stratégie

 

Les principes de l’économie socialiste

 

Nous luttons pour la socialisation des moyens de production, de distribution et de communication : cela signifie la disparition progressive, mais résolue et complète, de la propriété privée des moyens de production, de distribution et de communication (la socialisation ne s'applique pas à la propriété d'usage). Nous luttons pour la création d'une banque unique centrale suite à la socialisation de toutes les banques.

Afin de rompre avec la pensée bourgeoise qui valorise le travail intellectuel par rapport au travail manuel, dans le socialisme les salaires seront fixés selon plusieurs paliers franchissables grâce à plusieurs critères : par exemple, l'apport du travail à la collectivité, la pénibilité du travail, l'ancienneté du travailleur, le nombre d'années de formation du travailleur, etc. Nous prônons ainsi la sortie du travail de sa vision marchande pour promouvoir la vision sociale du travail. L'avènement d'une nouvelle forme révolutionnaire d'organisation du travail que donne le socialisme doit être forcément couplé à la réalisation d'un système de sécurité sociale qui aide les travailleurs à la reproduction totale de leur force de travail et à éliminer tout facteur de risque dans la vie et dans le travail. Ce système devra être uniquement financé par les cotisations sociales, c'est-à-dire un salaire socialisé et nationalement défini qui financera toutes les infrastructures et services publiques - qui auront pour obligation d'être gratuits et ainsi seront la matérialisation de la solidarité de tous les travailleurs -. C'est par le salaire socialisé, et donc par l’extension de la gratuité, que des germes de communisme naîtront dans le socialisme.

 

L’État

 

Lors de la dictature du prolétariat qu’est le socialisme, la machine de l’État est récupérée par la classe ouvrière via ses institutions révolutionnaires – et par l’action hégémonique du parti communiste en leur sein – et se tourne contre la bourgeoisie. La forme la plus avancée de la démocratie qu'est le centralisme démocratique est appliquée au sein de l’État socialiste.

La dissolution de la police et de l'armée se fera par un processus progressif qui s'accompagnera de leur remplacement par des milices populaires, en opposition également à toute logique de professionnalisation.

 

2. Impérialisme

 

Les logiques impérialistes du XXIe siècle

Si aujourd’hui nous nous battons au quotidien en solidarité avec les travailleurs et les peuples du monde dans leur lutte de libération du joug impérialiste, c’est bien parce qu’un (ou plusieurs) impérialisme existe et que ses formes de domination, bien qu’elles aient évolué, sont encore et plus fortes qu’auparavant.

L’impérialisme est la forme que revêt la domination capitaliste dès lors qu’on regarde les différents États, peuples et acteurs de la production les uns par rapport aux autres à l’échelle mondiale. L’impérialisme est une phase du développement capitaliste dans lequel des alliances entre États et entreprises multinationales se nouent – et agissent selon différents moyens diplomatiques et militaires – pour obtenir une position de monopole. L’ère de l’impérialisme est également celle où l’exportation des capitaux (capital financier) a atteint son paroxysme.

Il n’y a pas un impérialisme politique (des États) et un impérialisme économique (des multinationales) : les deux sont intimement liés. Les multinationales, grands groupes capitalistes qui aspirent à la position de monopole à la fois par les actions de cartel ou par la concurrence, ont besoin d’un cadre légal et administratif qui est fourni par l’État, ainsi que d’infrastructures militaires pour ouvrir des nouveaux marchés. Il n’y a pas de monopoles sans État, qui devient alors un État impérialiste pour les besoins de ses multinationales.

La dialectique entre États et multinationales produit une logique de chantage mutuel qui renforce le système impérialiste. Face à la tendance des multinationales à délocaliser la production dans les pays dits pauvres (et parfois les sièges sociaux dans les paradis fiscaux), et par conséquent à désindustrialiser les pays dits riches, les États multiplient les concessions politiques et économiques aux tenants du capitalisme mondialisé. Il s’ensuit que, tout particulièrement dans les périodes de crise économique, les multinationales ont de plus en plus besoin de rester attachées à un État fort, autrement elles ne pourraient pas bénéficier des privilèges fiscaux et des influences diplomatiques.

Encore lors des crises économiques, l’État est le pantin des multinationales puisqu’il est garant du minimum de reproduction de la force de travail, via les infrastructures publiques de sécurité sociale qui atténuent les effets de l’exploitation, le peu qu’il suffit à éviter l’éclatement de révoltes.

Cela explique pourquoi il n’y a pas de scénario possible dans lequel l’avancement de la mondialisation libérale poussera les multinationales à se débarrasser progressivement des États impérialistes. Ce dont elles se débarrasseront ce sera exclusivement la série de mesures protectrices des travailleurs, de la santé et de l’environnement, qui constituent une entrave à leurs profits (cf. TAFTA, CETA, TISA). Pour le reste, les multinationales n’hésitent pas à remplacer les États jusqu’au cœur de leurs fonctions régaliennes, à l’instar de l’existence de milices privées à la solde des multinationales et qui mènent des actions de guerre sans l’accord étatique.

De cette alliance impérialiste entre États et multinationales résulte une confrontation d’intérêts entre celles-ci, ainsi que la multiplication des guerres, notamment pour garantir les ressources énergétiques (Irak, Afghanistan, Libye) ou pour conforter des zones d'influence (Mali). Les relations internationales et diplomatiques sont également gouvernées par la confrontation et la défense des intérêts de ces grandes entreprises. Pour les pays dominés, agressés militairement, l'impérialisme constitue un ennemi à combattre, mais les populations des puissances impérialistes en subissent également les conséquences. En effet, orienter l'économie d'un pays pour les intérêts de ses multinationales c'est créer un droit du travail sur mesure, une éducation tout autant calibrée, une orientation budgétaire allant toujours dans ce sens.

 

Les pays anciennement coloniaux gardent une mainmise sur les anciennes colonies : c’est un phénomène particulier dans le système impérialiste que nous appelons « néocolonialisme ». 

Certains pays anciennement colonisés ont acquis une indépendance politique théorique, mais demeurent privés d’indépendance économique véritable. Ils connaissent des intromissions politiques régulières de la part des anciens colonisateurs, de la manipulation des processus électoraux aux interventions militaires.

Au sein des ex-colonies existent des poussées impérialistes internes, avec des élites politiques (gouvernements et partis) qui collaborent avec les impérialistes, ainsi que des poussées impérialistes externes avec les intromissions plus ou moins directes de ces derniers.

Chaque État colonial garde une influence sur « ses » anciennes colonies, à l’instar de la Françafrique et du Commonwealth, pour faciliter l’accès de « leurs » entreprises aux marchés. Cela est le produit historique des négociations bilatérales en vue de l’indépendance entre les anciens colonisateurs et les anciennes colonies : négociations que, suivant une logique de chantage, ont visé à maintenir la mainmise des premiers sur les deuxièmes. La France notamment a octroyé l’indépendance à certaines colonies par peur de devoir faire face à des soulèvements armés suivant l’exemple de l’Algérie, mais elle a négocié de manière occulte avec certains partis politiques des colonies pour qu’ils constituent la nouvelle élite dirigeante. L’Agence Française de Développement existe dans tous les pays africains, théoriquement pour financer leurs projets, mais dans la pratique il s’agit d’un paternalisme aboutissant à la privatisation des jeunes États pour les intérêts économiques français. Il ne s’agit jamais de coopérations mutuellement avantageuses.

 

Ainsi, le partage du monde existe toujours, mais de manière subtile. Le droit international qui s’est affirmé après la Deuxième Guerre mondiale a rendu illégale et illégitime l’annexion : un État ne peut plus s’emparer de territoires d’un État tiers via une action militaire et un contrôle direct des territoires acquis. Bien que des formes d’occupation impérialiste directe persistent aujourd’hui (Israël/Palestine), l’action des puissances impérialistes a dû devenir plus subtile – mais pas pour autant moins oppressive et sanglante – pour pouvoir continuer à exister.

La mondialisation capitaliste a à la fois réinventé d’anciennes institutions pour les soumettre encore plus à ses intérêts, et elle en a créé des nouvelles. Des institutions comme la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International ne sont plus des structures légitimes dans un monde qui a vu la fin du compromis de Bretton Woods. Pourtant ces institutions orientent la politique des États pour les intérêts des grandes familles capitalistes et instaurent des rapports de force avec les États ou les peuples dissidents. Les peuples n’ont jamais validé ni participé à la BM et au FMI. Les communistes se battent pour la dissolution de ces organismes : sur une question comme celle de la « dette », aux échecs des recettes néolibérales nous répondons par la constitution d’une économie socialiste planifiée, non autarcique et accompagnée nécessairement de nouvelles coopérations égalitaires entre les pays.

Parmi les nouvelles institutions du capitalisme mondialisé, des « groupes informels » (Groupe Bilderberg, Commission Trilatérale, etc.) dirigent les orientations économiques des États d’une manière qui est hors de tout cadre juridique (même du cadre libéral-démocrate). Ces organismes sont à dissoudre également : ce ne sera pas à une poignée de capitalistes de décider des orientations économiques, ce sera à la classe ouvrière et à ses alliés lorsqu’ils s’érigeront en pouvoir étatique.

 

Toute politique anti-impérialiste est vouée à l’échec tant qu’elle ne se pose pas la question du pouvoir : les communistes se battent ainsi pour remplacer un État au service du capital avec un État au service du prolétariat.

Nous dénonçons le caractère illusoire de l'opposition à l'impérialisme d’une petite bourgeoisie qui souhaiterait mettre fin à la domination des multinationales par un retour à la libre concurrence, voire aux petites entreprises familiales, caractéristiques d'un stade antérieur du capitalisme. Le retour au capitalisme de libre concurrence est juste une question d’échelle, non de classe : elle n’éliminerait pas l’existence de l’exploitation dans les rapports de production, et porterait ainsi intrinsèquement le danger d’un retour à terme à une phase impérialiste.

Nous dénonçons l'opportunisme de ceux qui défendent la paix sans lutter pour le socialisme. La guerre étant une conséquence inévitable des rivalités entre impérialismes pour le repartage du monde, il s'ensuit que le seul moyen d'en finir avec la guerre c'est d'œuvrer à remporter la guerre des classes par la révolution socialiste.

Nous reconnaissons dans certaines tendances opportunistes du mouvement ouvrier un sous-produit de l'impérialisme : les profits élevés des monopoles permettent à la classe dominante de corrompre une partie de la classe ouvrière (l’aristocratie ouvrière) et de la rallier à la bourgeoisie, dont elle épouse désormais les antagonismes.

 

Avec la financiarisation croissante de l'économie, quelques évolutions récentes caractérisent à l’heure actuelle le capitalisme et, par conséquent, l'impérialisme. Elles sollicitent une analyse renouvelée de la part des communistes :

- L’émergence de nouvelles puissances, à l'image des BRICS ;

- La régionalisation du capitalisme, à l'instar de l'UE, de l'ASEAN et de l'ALENA ;

- Une justification théorique de l’impérialisme basée sur le choc des civilisations ;

- Une justification de l'impérialisme par la démocratie ;

- Un militarisme toujours croissant.

Les caractéristiques générales de l’impérialisme demeurent dans la forme de la domination de grands monopoles internationaux, la domination subséquente de grandes puissances sur d'autres pays et une division internationale du travail inégalitaire. Une sorte de pyramide impérialiste se crée cependant, avec des puissances qui essayent de maintenir leur position dominante et leurs acquis et d’autres qui essayent d’émerger mais sans remettre en cause le système lui-même.

 

OTAN et militarisme

L’OTAN est une alliance militaire contre-révolutionnaire comme d’autres dans l’histoire. Elle est née historiquement pour s’opposer au bloc communiste et fonctionne depuis toujours comme un instrument pour consolider la domination du grand capital. Les interventions étrangères – sous l’égide d’alliances militaires ou de l’ONU -, même si elles servent à la satisfaction des besoins des grandes entreprises, sont maquillées sous le masque de l'importation de l'état de droit et de la démocratie.

Les communistes œuvrent pour la sortie de l’OTAN de chaque pays membre ainsi que pour sa dissolution complète. Nous ne sommes pas dupes : seulement un État prolétarien pourra décréter de manière efficace et définitive la sortie de l’OTAN, ainsi que réaliser une nouvelle alliance d’États prolétariens sans buts impérialistes, au service du peuple et non des guerres.

L’OTAN n’est pas le seul facteur de l’escalade militariste contemporaine. Les dépenses militaires continuent à croître, d’une manière absolue dans les pays de l’Asie de l’Est ou du Moyen-Orient, mais d’une manière relative dans d’autres parties du globe comme en France, où les budgets militaires sont réorientés et des coupes de personnels moins nécessaires laissent place à une modernisation plus importante. Avec la fin du service militaire obligatoire dans nombre de pays, c’est la professionnalisation de l’armée qui se généralise. Avec la mainmise de l’appareil militaire sur les nouvelles technologies, ce sont des armées hi-tech qui servent le grand capital. Le militarisme n’est pas une cause mais une nécessité et une conséquence de l’impérialisme, et son arrêt ne sera possible que par l’instauration du pouvoir prolétarien.

 

Blocs régionaux

Tous les États capitalistes aspirent à une position de force dans les rapports politico-économiques internationaux. Cela mène au partage du globe : hier à travers la colonisation, aujourd’hui à travers la construction de sphères d’influence dominées par des blocs politico-économiques régionaux en concurrence pour prendre le plus de parts de marché. Il s’agit de polarisations régionales non homogènes, des alliances de blocs entre puissances anciennes et émergentes, créées afin de consolider la domination du capital dans chaque pays membre et d'organiser le capitalisme à des échelles supranationales. Elles fonctionnent comme de puissants trusts, exerçant une ingérence au sein des pays membres et prônant des contre-réformes structurelles pour ouvrir des marchés d’exportations au sein de ces pays. La dynamique des blocs préfigure ainsi un nouveau partage du monde à caractère impérialiste.

Si ces alliances tendent chacune vers la création d’un État fédéral – malgré la fausse propagande progressiste qui entend ces macro-États comme une forme de dépassement des égoïsmes nationalistes – cela serait fait toujours dans les intérêts du capital en termes d’unification des marchés. Par ailleurs, au sein de ces macro-États il serait plus difficile l’organisation prolétarienne sur cette nouvelle base plurinationale, et donc plus difficile l’insurrection.

 

Union européenne

L’UE est l’un des blocs politico-économiques régionaux qui se partagent la planète en sphères d’influence. L’UE est une arme efficace contre la souveraineté populaire. Son mode de fonctionnement, et notamment l’unanimité requise pour modifier ses Traités fondateurs, est une forme de chantage pour que rien ne change dans un sens favorable aux travailleurs, pour qu’aucun État ait la force de changer son fonctionnement de l’intérieur. La démocratie de l’UE ne l’est que de façade, puisqu’en réalité c’est une technocratie néolibérale qui décide de tout. Sa propagande sur la paix – dont elle serait garante – est idéologique : dans la réalité, l’UE mène une guerre sociale dans chaque pays membre, jusqu’à y soutenir des gouvernements néofascistes (Hongrie), et participe aux déstabilisations impérialistes à l’extérieur (Ukraine/Donbass).

Les communistes se battent pour une sortie révolutionnaire de l’UE et de l’euro, à réaliser par la prise de pouvoir de la classe ouvrière et de ses alliés dans chaque pays membre. Nous remplacerons l’UE – bloc régional capitaliste – avec une union mondiale d’États prolétariens fondée sur des bases de coopération mutuelle et d’égalité.

Les communistes dénoncent les projets d’une UE politique fédérale, qui serait par ailleurs un frein au développement du pouvoir prolétarien dans un ou plusieurs pays. Nous considérons que plus il y a de pays, le plus il y a des potentialités révolutionnaires. Pour cela, nous œuvrons à la conjugaison de l’autonomisme régional révolutionnaire avec les aspirations socialistes, pour que l’autodétermination nationale constitue un pas en avant vers la réorganisation socialiste des relations entre les peuples. Seuls des peuples pleinement indépendants pourront s’unir sur une base d’égalité dans une république socialiste à vocation mondiale.

Les communistes dénoncent également le caractère impérialiste du Conseil de l’Europe, à dissoudre par le même processus révolutionnaire. Les initiatives de cette institution, purement déclaratoires, sont inutiles pour les intérêts des travailleurs. Le Conseil fonctionne comme un instrument pour « exporter la démocratie » à coup de privatisations et de casse sociale dans l’ancien bloc socialiste. Il s’agit également d’une institution explicitement contre-révolutionnaire : l’article 2 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (1950) permet le recours à la force, et la suspension du « droit à la vie », pour réprimer des émeutes ou des insurrections.

 

BRICS

Le simple « anti-américanisme » n’est pas un anti-impérialisme suffisant. Si certains peuples sont portés à accepter l’ingérence des BRICS (bloc non homogène constitué par des pays très différents les uns des autres et pétris de contradictions internes), c’est souvent suivant une logique de chantage, la logique du « moins pire ». Nous comprenons la volonté de vouloir faire barrage au danger impérialiste américain, qui est le plus urgent, mais nous ne devons pas oublier l’objectif de véritable indépendance économique des peuples. Pour cela, il est essentiel de ne pas préférer un impérialisme à un autre. Les alliances de certains peuples avec les blocs économiques « les moins pire » ne sont pas à tenir coûte que coûte.

 

ONU

L’ONU est un fourre-tout pléthorique et inefficace. Il n’arrive pas à empêcher guerres et massacres, lorsque ce ne sont pas directement ses Casques Bleus qui commettent des abus, ou que des guerres impérialistes sont menées sous son égide. Il émet des sanctions tout au plus inutiles, notamment vis-à-vis des États qui peuvent compter sur des alliances solides. Ses dispositions peuvent être court-circuitées à tout moment par le pouvoir régalien de l’État.

Le Conseil de Sécurité de l’ONU est tout simplement à éliminer. Quant à l’Assemblée, nous pouvons l’utiliser comme un lieu pour imposer la transparence aux États et pour faire pression pour une indépendance véritable des pays. En même temps, nous devons poser la question du dépassement de l’ONU : nous ne pouvons pas nous contenter du statu quo d’un ONU fonctionnant sur une logique d’États-nations en querelle perpétuelle – c’est en ce même principe de fonctionnement que réside la cause intrinsèque de son inefficacité – ; nous devons aller plus loin et construire en parallèle et dès que possible l’union mondiale des États prolétariens, prélude au communisme.

Fondamentalisme

Toutes les religions au cours de l’histoire ont eu une visée fondamentaliste internationale, masquant des motivations économiques au profit des classes dominantes. Aujourd’hui encore, confrontée à un état de guerres et déstabilisations quasi permanentes, l'idéologie dominante tente de masquer la réalité de l'impérialisme usant des différences religieuses et utilisant à ses fins le fondamentalisme : elle propage l’idéologie du « choc des civilisations ».

L’impérialisme incite directement le fondamentalisme là où leurs intérêts sont convergents (Afghanistan 1979-1989), ou bien il en favorise indirectement la montée dès lors qu’il multiplie les interventions armées. Alors que certains États déclarent dénoncer les fondamentalismes, les trafics entre ces derniers et les multinationales continuent en toute tranquillité, puisque dans le système impérialiste les capitaux doivent circuler coûte que coûte. Le fondamentalisme se veut anti-impérialiste, mais conclut régulièrement des contrats avec des multinationales et des puissances régionales, et cela puisque le fondamentalisme utilise la question religieuse – interclassiste par définition – pour cacher sa défense des intérêts de la classe dominante.

Face au cercle vicieux impérialisme/fondamentalisme, les tâches des communistes sont :

- De lutter pour que dans chaque pays impérialiste la classe dominante soit renversée : un État prolétarien cessera les interventions armées (via une politique de paix) et les politiques racistes (via une laïcité passive) qui favorisent la montée du fondamentalisme ;

- De lutter pour que dans les pays gangrenés par le fondamentalisme son point de vue interclassiste soit brisé par un renouveau de la lutte de classes, pour renverser à la fois l’oppression des classes dominantes locales et des pays impérialistes ;

La fin des guerres économiques et religieuses n’est possible qu’avec la construction du socialisme : le seul paradis à construire est celui sur terre.

 

Patriotisme et nationalisme

Les prolétaires n’ont pas de patrie : les prolétaires sont la patrie. Il n’y a pas d’« intérêt général » de la patrie mais exclusivement des intérêts de classe, et le plus universel est celui du prolétariat. Sa libération du joug capitaliste libérera toute l’humanité et réalisera la vraie et seule patrie possible : le socialisme mondial. La « patrie socialiste » existe déjà, elle dépasse les frontières et les nationalités, elle inclut tous ceux qui luttent partout dans le monde pour construire la république socialiste mondiale, qui éliminera les classes et sera la patrie de tous. La patrie socialiste casse ainsi toute barrière de nationalité.

La bourgeoisie a utilisé le patriotisme à des fins militaristes (la défense de la patrie lors des guerres mondiales), et elle s’appuie sur le nationalisme pour réaliser l'Union sacrée des exploités avec leurs exploiteurs, et préserver le système. Au contraire, nous affirmons que l’ennemi principal est dans notre pays : c’est la bourgeoisie. Le vrai patriotisme, la vraie lutte de libération nationale, est celle qui se fait contre la domination de la bourgeoisie, car c’est la bourgeoisie qui est antipatriotique dès lors qu’elle envoie les travailleurs mourir pour elle, dès lors que ses concitoyens sont frappés par un fondamentalisme qu’elle-même a produit. Ce sont les travailleurs qui bâtissent les pays, donc c’est eux la patrie.

Quant au nationalisme, nous distinguons le nationalisme des pays dominants à celui des pays dominés : le premier est par définition chauvin, réactionnaire et impérialiste ; le deuxième peut être révolutionnaire seulement s’il est porteur d’aspirations socialistes (Kurdistan, Pays basque, Irlande du Nord, Donbass, Palestine, Chiapas).

Pour un internationalisme de classe

L’internationalisme de classe – ou prolétarien – est la seule forme de solidarité capable de dépasser le cadre étatique et national, par l’union des prolétaires de tous les pays. La défense d'intérêts communs aux prolétaires implique de s'opposer au capitalisme et à l’impérialisme, ainsi qu’aux idéologies nationalistes et chauvines, causes des guerres entre les peuples. Le marxisme permet de cibler quelles sont les causes des conflits internationaux : ce n’est pas le manque de constitution républicaine ou d’un cadre juridique commun à l’échelle mondiale, mais bien au contraire c’est l’affrontement entre les intérêts économiques des différents États, défenseurs de leurs propres entreprises, qui les implique dans des situations de conflit. Ces conflits où des prolétaires meurent pour les intérêts des classes dominantes nationales. L’internationalisme est une nécessité du mouvement ouvrier. Nécessité économique, puisque la mondialisation rend impossible tout modèle autarcique viable. Nécessité politique, puisque toute révolution dans un pays exigera la solidarité du reste des travailleurs du monde pour ne pas échouer face à l’isolement et aux agressions de l’entourage capitaliste. La révolution socialiste, même si elle peut démarrer dans un pays, doit nécessairement à terme se développer à l’échelle mondiale, ou elle sera vouée à l’échec. Ce qui implique que le mouvement ouvrier révolutionnaire doit être internationaliste ou il ne sera pas.

 

Pour une nouvelle Internationale Communiste

Pour coordonner les efforts du prolétariat international face à la recrudescence des logiques impérialistes, nous nous prononçons pour la constitution d’une nouvelle Internationale Communiste. Elle devra servir non seulement au partage d’expériences, mais surtout à constituer un instrument collectif qui donne des directives générales à appliquer en accord avec les partis concernés (via un droit de veto effectif), avec comme objectif final l’insurrection et comme tâche immédiate la réorganisation de partis de classe partout.

 

3. Féminisme de classe

 

 

Le patriarcat

 

Le patriarcat est un ensemble de mécanismes par lesquels un homme ou la société toute entière se rendent propriétaires des femmes. Ces mécanismes se sont développés historiquement dans la plupart des sociétés, avec des caractéristiques particulières en fonction des modes de productions. La classe dominante a toujours eu deux besoins : le cadre de la famille (avec la place dominée de la femme) et la prostitution.

Pour maintenir le patriarcat il y a eu besoin d’idéologies justificatrices. D’abord la religion : les choses sont comme elles le sont parce que Dieu l’a décidé ou parce que tel prophète l’a dit. Ensuite, une certaine anthropologie qui affirme que toute société humaine a toujours reposé sur la division de travail entre les hommes et les femmes telle qu’on la connaît, et qu’il s’agit d’une constante sans laquelle aucune société n’a jamais été possible. De plus, le discours sur la « civilisation européenne » affirme que notre civilisation a toujours reposé sur la répartition actuelle des rôles entre les hommes et les femmes dans la famille, et en particulier sur la domination masculine dans le mariage. Enfin, l’idéologie guerrière propage une vision viriliste qui considère la femme étrangère comme un butin de guerre et la femme en général comme un terrain de conquête.

 

 

Capitalisme et patriarcat

 

Avec l’essor de la production marchande, le sort de la femme est cantonné au rôle de production et de reproduction de la marchandise fondamentale du capitalisme : la force de travail des hommes, en permettant qu’ils puissent le lendemain retourner travailler. Cela advient notamment pour la question des tâches ménagères et domestiques, faites majoritairement par la femme.

 

La mise en place des mécanismes d’exploitation des femmes connaît un long processus historique. Sans aborder ici l’exploitation des femmes dans l’Antiquité, nous nous contenterons d’analyser comment celle-ci s’est articulée avec l’essor du capitalisme. En effet, entre les XVe-XVIe siècles, la bourgeoisie doit créer une nouvelle division du travail, rendue nécessaire par la production manufacturière et les prémisses de l’industrialisation : il va falloir écraser les femmes pour les mettre toutes entières sous l’autorité de leur famille, et en réalité des hommes de leur famille.

On commence par les déposséder de toute propriété et de toute existence juridique : c’est au XVIe siècle qu’elles perdent le droit de se représenter elles-mêmes et de toucher de l’argent sans l’accord de leur mari. Elles y perdent également la copropriété qu’elles exerçaient jusqu’alors sur les terres familiales. On continue au XVIIe siècle en détruisant les métiers indépendants jusqu’alors occupés par des femmes : les sages-femmes sont inquiétées par l’Inquisition (accusation de sorcellerie) alors que leurs domaines de compétence se réduisent à la faveur de chirurgiens masculins ; les herboristes sont remplacées par des pharmaciens et les brasseuses de bière sont exclues par les corporations. Les seuls métiers qui leur sont autorisés (hors du domaine religieux) sont les plus déconsidérés : domestiques ou ouvrières à domicile.

Tout au long de cette période, les exigences d’obéissance à leur rôle dans la famille se durcissent. L’adultère est puni de mort, la contraception et l’avortement (largement pratiqués au Moyen Âge au moyen de préparations d’herbes) également ; en France, un Édit royal de 1556 condamne à mort les femmes qui font des fausses couches ou dont les enfants meurent avant le baptême. De même, les femmes qui ne sont pas mariées, qui ne sont pas au service d’un homme, sont persécutées : elles sont considérées comme des prostituées, il est licite de les violer et toute personne qui leur donne refuge est déclarée hors la loi. C’est la période où le mariage devient la prison des femmes : il fixe un rapport d’exploitation entre une femme et son conjoint, et il est impossible d’en échapper.

Dans le même temps, la chasse aux sorcières, qui commence aux XVIe-XVIIe siècles, atteint des proportions de masse : il s’agit de terroriser, de torturer et d’exécuter toutes celles qui ne se plient pas aux nouveaux règlements. Les métiers indépendants exercés par les femmes (herboristes notamment) sont identifiés à la sorcellerie ; l’avortement et la contraception également ; de même que toutes les infractions à la domination fixée par le mariage, comme l’adultère ou le célibat. On estime qu’entre 1550 et 1650 seulement il y a eu 200 000 procès et 10 000 exécutions en Occident : c’est un massacre de masse, analogue dans ses proportions aux massacres commis dans la même période outre-mer pour soumettre les peuples indigènes à l’économie coloniale. On s’imagine que cette vague de terreur est simplement l’expression de la superstition populaire : là aussi, c’est faux, elle est méthodiquement organisée par les États et par les autorités ecclésiastiques. C’est une Bulle du pape qui lance la campagne de chasse aux sorcières en 1484, et qui sera suivie tant dans le monde catholique que, par la suite, dans le monde protestant. La Bulle est accompagnée d’un manuel en deux parties, la première attribuant la sorcellerie aux femmes, la seconde expliquant comment procéder à leur capture, instruire leur procès, organiser leur détention et leur élimination. En un mot, la division du travail et l’exploitation des femmes telles que nous les connaissons n’ont pas toujours existé, et le système capitaliste a même fait couler du sang pour l’imposer, parce qu’elle est nécessaire pour dégager du profit.

Avec l’essor de l’industrialisation, du passage de la manufacture au machinisme, le capital s’approprie des forces de travail supplémentaires : le travail des femmes et des enfants. La machinerie rend superflue la force musculaire, car c’est la machine qui accomplit le procès de fabrication du produit, reléguant le travailleur aux fonctions d’actionnement et de contrôle. Elle devient alors un moyen d’employer des travailleurs qui ont moins de force musculaire (femmes), ou dont le développement corporel n’est pas arrivé à maturité ce qui rend leurs membres plus souples (enfants). Avec le développement de la machinerie, on assiste donc à l’entrée massive de femmes et d’enfants dans les grandes industries, ainsi qu’à un embrigadement de tous les membres de la famille ouvrière sous la dépendance immédiate du capital, sans distinction ni de sexe ni d’âge. Il en résulte une situation très convenable pour le capitaliste en termes de dévaluation de la force de travail. La machinerie, en élargissant le matériau humain exploitable, élève en même temps le degré d’exploitation. Les femmes allant dans la grande industrie, elles ne peuvent plus s’occuper de toute une série de travaux qui à l’époque relevaient du « travail domestique ». Ces travaux doivent donc désormais être remplacés par l’achat de produits manufacturés. À la diminution de la réalisation de travail domestique correspond donc une augmentation de la dépense d’argent. Les coûts de production de la famille ouvrière s’accroissent donc et compensent l’augmentation de recette, qu’a lieu lorsque tous ses membres rentrent dans le marché du travail et perçoivent un salaire. La machinerie révolutionne la médiation formelle du rapport capitaliste : le contrat. Avant, le capitaliste et le travailleur étaient face à face en tant que personnes libres et possesseurs de marchandises indépendantes, mais avec la machinerie le travailleur vend au capitaliste femme et enfants, dans un rapport de vendeurs et acheteurs d’esclaves. Par l’adjonction massive d’une majorité d’enfants et de femmes dans la combinaison du personnel ouvrier, la machinerie brise enfin la résistance que l’ouvrier homme opposait encore dans la manufacture au despotisme du capital. Cela ne se fait certes pas au profit des femmes, objet de salaires inférieurs (du fait de leur moindre qualification) lorsque ce n’était pas directement le « père de famille » qui percevait leur salaire. En outre, la femme continue à assurer la reproduction de la force de travail, même si de manière différente. C’est là que commence la « double journée de travail » des femmes : travail (sous-payé) à l’entreprise et travail (non rémunéré) à la maison pour reproduire la force de travail de l’homme ainsi que la sienne.

Dans la même logique, certaines avancées sociales sous le système capitaliste n’ont été que le prix à payer comme conséquence de l’entrée des femmes dans le monde du travail, comme la création d’écoles et l’extension des années d’éducation obligatoire. Dans l'ère capitaliste il y a eu des avancées légales pour les droits des femmes - notamment le divorce qui est une liberté - mais qui n’ont pas été accompagnées de mesures sociales et donc n’ont pas résolu les difficultés matérielles des femmes prolétaires (comme pour les familles monoparentales). Chaque avancée de droit qui ne dépasse pas le cadre bourgeois reste donc incomplète parce que la contrainte économique et sociale demeure intacte.

 

Patriarcat et capitalisme sont deux systèmes qui ne peuvent aujourd’hui se passer l'un de l’autre. Pour s’imposer, le capitalisme a pioché ses forces dans le patriarcat déjà présent, et le patriarcat s’y est retrouvé renforcé comme jamais. Aujourd’hui ils sont liés l’un à l’autre et fonctionnent ensemble en se renforçant à chacune de leurs victoires.

Dans la famille à l’heure du système capitaliste, la femme est le prolétaire et l’homme est le bourgeois. Dans une dialectique de maître et d’esclave, le féminisme prendra une portée révolutionnaire avec la prise de conscience du fait que la survie matérielle de l’homme repose sur l’exploitation de la femme.

 

Pour un féminisme de classe

 

Il existe énormément de mouvances qui se définissent « féministes » de l’extrême gauche à l’extrême droite. Nous considérons que finalement il n’y a que deux féminismes distincts : celui bourgeois et celui de classe (ou matérialiste). Le seul féminisme qui est complet est celui de classe, puisqu’il reconnaît le lien désormais indissoluble entre patriarcat et capitalisme. Le féminisme de classe, en luttant pour les intérêts des femmes les plus exploitées, lutte par conséquent pour l’émancipation universelle de toutes les femmes.

 

Quant au féminisme bourgeois, il ne lutte que contre l’oppression qui concerne les femmes bourgeoises. Même lorsque le féminisme bourgeois affirme lutter pour les femmes qui ne font pas partie de sa classe, ce type de féminisme est voué à l’échec, puisque les intérêts de classe ne sont pas les mêmes et puisque les femmes bourgeoises sont incapables de représenter les femmes prolétaires à cause de leur expérience finalement limitée de cette oppression due à leur appartenance sociale. Le féminisme bourgeois ne peut pas voir les causes économiques de l’oppression des femmes prolétaires. Le féminisme bourgeois n’a pas plus de perspectives révolutionnaires que les partis bourgeois, et il n’en est pas question. Aujourd’hui nous sommes dans le devoir de comprendre que le féminisme doit être traité avec un point de vue de classe.

Le patriarcat ne pourra pas être entièrement renversé tant que le système actuel de domination capitaliste reste en place, du fait des liens entre capitalisme et patriarcat. Même dans un improbable « capitalisme matriarcal » il continuerait à exister une exploitation de certaines femmes sur d’autres. La seule voie de libération universelle des femmes est celle qui enlève toute forme d’exploitation, que ce soit capitaliste, patriarcale et capitaliste-patriarcale. La lutte féminisme rentre alors dans le combat général de la classe prolétarienne (hommes et femmes) pour renverser les rapports d’exploitation économique.

 

Il est nécessaire de s’organiser pour combattre le patriarcat partout où qu’il se manifeste. L’abolition de toute division du travail est la seule solution pour dépasser la position contradictoire des femmes dans la société. L’abolition de toute division du travail, c’est précisément le sens profond de la première revendication féministe qui est justement dirigée contre un facteur économique : la fin de la double journée.

Cette revendication sous-entend d’abord qu’il faut en finir avec la coupure entre la maison et l’entreprise, et que les hommes comme les femmes doivent assumer ces différents temps de travail, de manière à ce qu’ils puissent tous être réalisés sans l’exploitation de l’un ou de l’autre sexe.

Quant à la journée de travail dans l’entreprise, il faut s’attaquer à la fois au fait qu’elle soit marquée par une division du travail entre les hommes et les femmes d’une part, entre les dirigeants et les exécutants d’autre part.

Quant à la maison, la lutte contre la double journée de travail présuppose qu’il faut abolir la division du travail dans la famille, marquée par l’inégalité entre la position du chef de famille, qui décide, et de ses subalternes, qui sont à sa disposition. Chaque membre de la famille doit prendre part au travail comme aux décisions, de manière à ce qu’aucun aspect de sa vie ne soit aliéné ; c’est d’ailleurs la seule manière pour pouvoir répondre aux exigences familiales nouvelles que notre société connaît, notamment du point de vue de l’accompagnement des enfants.

Pour abolir cette division genrée du travail, le moyen de lutte prioritaire est la grève dans le but d’une égalité positive : grève économique pour l’égalité sur le lieu de travail, grève politique pour l’égalité des droits sociaux et civils, grève du sexe et des tâches domestiques pour l’égalité dans le cadre familial.

Par rapport aux violences sexistes dans les autres endroits que le lieu de travail et la maison, nous encourageons la constitution d’organisations de femmes dans chaque quartier pour pratiquer de la vigilance avec tous les moyens à leur disposition. La violence de genre que subissent les femmes doit être éradiquée en effet par tous les moyens, même par l’utilisation d’une contre-violence légitime et proportionnelle à la violence reçue. Pour cela, nous encourageons le développement de structures de justice populaire des femmes, qui remplacent dans les faits, et dès à présent, la justice de classe et patriarcale qui demeure incapable de défendre les femmes victimes de violences.

 

Quant à la prostitution, nous reconnaissons qu’il s’agit davantage d’un fléau de la classe prolétarienne : sous la contrainte économique, les femmes prolétaires vendent leur corps comme une marchandise. Dès lors que l’on ne détient aucun pouvoir de choix sur le partenaire sexuel, il s’agit tout simplement d’un viol. La morale bourgeoise condamne et a besoin en même temps de la prostitution, pour sauvegarder les apparences d’intégrité du foyer tout en permettant au père de famille de satisfaire ses pulsions. Nous condamnons toute moralisation et stigmatisation des prostituées, en reconnaissant qu’il s’agit d’une oppression éminemment économique. Tout comme pour la précarité de l’emploi en général, il n’y a pas de perspectives d’amélioration à long terme des conditions de travail des prostituées : la prostitution dictée par des raisons économiques est tout simplement à abolir, comme n’importe quelle marchandisation des relations humaines. Pourtant, parler d’abolition de la prostitution sans parler des causes économiques qui la rendent le seul choix possible pour des femmes ce serait vide de sens : pour abolir la prostitution il n’y a d’autre solution que d’abolir les causes économiques qui la rendent possible. La prostitution ne sera abolie efficacement qu’au cours de la lutte pour la fin de la société de classe et de l'exploitation de l'homme par l'homme, donc au cours de la lutte pour le communisme. Au cours de cette lutte, l’organisation syndicale des prostituées pourrait permettre de pratiquer de la vigilance, de la prévention sur les abus des clients et des maqueraux, mais jamais à légaliser une pratique de viol.

 

Si nous n’oublions pas que la libération des femmes est incomplète si elle ne se fait pas dans le domaine économique et social, nous estimons que la lutte féministe ne s’arrête pas une fois qu’on a rejoint le socialisme. La socialisation des moyens de production ne préserve pas automatiquement les femmes de nombre d’atteintes sexistes qui pourraient perdurer. D’où la nécessité de développer, dans la lutte pour le socialisme et après le socialisme, des nouvelles formes de protection populaire des femmes en conscientisant les prolétaires sur cette nécessité.

Dans le socialisme, toute une série de tâches qui aujourd’hui sont considérées comme domestiques doivent devenir collectives, via la création de nouvelles structures et institutions (crèches, écoles, centres de consultation, centres d’IVG et planning familial, centres d’allaitement, blanchisseries, centres de restauration collective, etc).

 

Les femmes ne sont pas en dehors des inégalités même dans les milieux marxistes. La lutte pour une égalité complète s’impose. D’abord, avec la vigilance la plus stricte au sein de l’organisation contre toute atteinte sexiste et exploitation des camarades femmes. Ensuite, si les camarades femmes en ressentent le besoin, elles peuvent se retrouver en réunion non-mixte tant qu’il y a une unité d’intentions politiques – et donc d’intention révolutionnaire – avec l’organisation dans son ensemble.

4. Antiracisme

 

 

Les origines du racisme

 

Le racisme existait déjà sous certaines formes avant la Colonisation. Nous pouvons penser à l'Egypte, à la Grèce Antique, à l'Empire romain ou encore durant la période médiévale, où des formes de racisme particulièrement réfléchies existaient déjà. Le racisme a été utilisé par toutes les classes dominantes (politiques et religieuses) pour leurs intérêts, et en vue de maintenir leur emprise, que celle-ci soit économique ou religieuse.

Toutefois, le racisme tel que nous l'observons actuellement trouve son origine dans la colonisation. À l'époque, il fallait pour les État capitalistes, et en l'espèce impérialistes, justifier en interne les politiques de colonisation menées envers d'autres peuples et tout ce qui s'en est suivi (massacres de masse voire génocides dans certains cas, assimilation culturelle, conversion religieuse, etc.). Il y a donc eu une mutation vers un racisme culturel : les peuples colonisés seraient intrinsèquement inférieurs, leur culture serait inférieure à la culture occidentale, leurs mœurs seraient dépassées par rapport à ceux des sociétés occidentales. Dès lors, il serait légitime de leur imposer ce modèle occidental. Nous observons ainsi une corrélation entre le développement des échanges commerciaux et la complexification du racisme. En outre, le racisme suit également le développement et le progrès scientifique (positivisme, etc.).

 

Aujourd'hui, nous vivons encore les répercussions de ce racisme culturel, quelques centaines d'années plus tard ou quelques dizaines d'années si l'on considère la Décolonisation et les flux migratoires qui s'en sont suivis. Les notions d’essentialisation envers les groupes ethniques sont ancrées dans notre société. Par exemple, tous les hommes africains seraient homophobes, toutes les femmes maghrébines seraient nécessairement soumises par leur conjoint ; tous les asiatiques seraient forcément introvertis et hyper-respectueux, etc. Ces globalisations n'ont aucun fondement scientifique, ni géographique ni ethnique. Il y a évidemment une hétérogénéité au sein de tous les groupes ethniques, que ce soit au niveau des valeurs mais également du point de vue de la classe sociale.

 

Nous avons la nécessité d'étudier scientifiquement le racisme - via des données démographiques et des statistiques s'appuyant sur des critères précis tels que le lieu de naissance -, plutôt que de se référer à des catégories floues et essentialistes.

 

 

Les formes actuelles du racisme

 

Pour commencer, nous pouvons parler d'un racisme ordinaire. Nous pouvons considérer qu'il s'agit d'une conséquence logique du phénomène de xénophobie. Néanmoins, il ne faut pas nier son importance, les proportions qu'il peut prendre et les conséquences concrètes qui peuvent en résulter. Il est important de le prendre en considération car ce type de racisme peut vite dégénérer vers le fascisme. Le racisme ordinaire se combat principalement par l'éducation et plus généralement l'instruction.

 

Ensuite, nous pouvons considérer le racisme en tant que phénomène social et politique. Cela signifie que le racisme ne se limite plus à des comportements individuels plus ou moins organisés, mais est véritablement inscrit dans la société, dans les mentalités et même dans les institutions. Ainsi, en s'intéressant à la répartition des statuts sociaux ou à certaines mesures politiques mises en place par l’État, nous remarquons que certains groupes de personnes sont systématiquement désavantagés voire discriminées vis-à-vis d'autres ; à savoir que dans une situation donnée, une personne « racisée » sera nécessairement défavorisée. Les exemples sont aussi nombreux que variés : discrimination à l'embauche basée parfois sur le seul nom de famille ; contrôles au faciès ; composition de certains métiers tels que la ménagerie ou la sécurité ; identité des postes à haute responsabilité au sein des entreprises ; identité des personnes se retrouvant dans des lieux définis par un critère de privilège (espaces VIP, zone première classe, etc.).

 

 

Pour un antiracisme de classe, contre les logiques communautaristes

 

Nous reconnaissons l'existence du racisme à tous les niveaux de classe. En revanche, c'est le degré du racisme qui va différer selon la classe sociale. Les personnes racisées appartenant à la bourgeoisie vont échapper à certaines formes de racisme. Ainsi, nous portons le point de vue des personnes racisées appartenant au prolétariat, en tant que point de vue universel préalable à l’émancipation révolutionnaire de tous.

 

Nous admettons la possibilité de réunions non-mixtes dès lors que celles-ci répondent à une demande ou à un besoin, par exemple si des camarades l'estiment nécessaire. Ces réunions doivent se faire au sein de l'organisation et il faut parallèlement mettre en place des lieux d'échange communs sur ces questions.

 

Il est important de ne pas empreindre une voie qui aurait pour conséquence de fractionner les travailleurs, en menant des luttes communautaires suivant la logique de « chacun dans son coin, chacun avec ses propres revendications ». Il faut se résoudre à unifier toute la classe des travailleurs pour lutter contre le capitalisme, système qu’en premier lieu utilise l'instrument de la division. La logique communautariste est la solution de facilité : elle consiste à mener une lutte aux causes certes légitimes, mais souvent dépourvues de toute vision de classe. C'est la raison pour laquelle les discours post-modernes au sujet du racisme structurel finissent toujours par se contredire ou par être incohérents : soit parce qu'ils excluent de facto certains groupes ethniques pourtant considérés comme racisés, soit parce qu'ils oublient de tenir compte de la réelle considération des personnes concernées - à savoir, du point du vue du racisme, un traitement égal voire une indifférence, et du point de vue social, une émancipation de l'oppression capitaliste -. La seule manière de tenir un discours cohérent est d'inscrire le racisme dans une réflexion de classe, et ainsi d'inclure réellement les personnes visées dans un combat émancipateur général.

 

5. Antifascisme

 

Le fascisme est un produit du capitalisme et en constitue l’une des formes possibles. Le fascisme prône l’unité de classe au nom d’une nation ou d’une religion. Il apparaît lors des moments de crise économique du capitalisme et est utilisé par la bourgeoisie pour sa survie en tant que classe : le fascisme est alors la branche armée du capital. Il accède au pouvoir de manière plus ou moins violente et faussement insurrectionnelle, mais déchaîne toujours un degré élevé de répression contre ses ennemis politiques et notamment les organisations de la classe prolétaire. Le fascisme porte une visée impérialiste et s’allie en fonction de ses besoins avec telle ou telle classe, jouant notamment sur les contradictions internes de la classe dominante (bourgeoisie industrielle, agraire, noblesse et clergé).

 

Nous portons un antifascisme communiste et non pas moralisateur, et cela implique que nous donnons une explication de classe à l’antifascisme. Il est nécessaire de former les militants sur ce qu’est le fascisme ainsi que sur les dérives fascisantes de certains discours (trolling, complotisme, etc). Nous devons assurer la formation physique des militants puisque nous ne devons pas oublier que nous nous trouvons face à une milice du capital qui a déjà fait preuve des violences qu’elle entend nous faire subir.

Dans le combat antifasciste, la violence est un outil comme un autre. Les possibilités offertes par la démocratie bourgeoise sont un autre outil. Nous ne disons pas « oui » ou « non » à priori, mais nous étudions la stratégie d’opposition au fascisme en fonction des conditions matérielles. Notamment pour s’opposer aux événements fascistes, nous devons tout faire pour obtenir leur annulation et, si cela ne fonctionne pas, décider de l’utilisation d’autres outils d’opposition hors du cadre de la démocratie bourgeoise. Nous devons nous opposer à la propagation du fascisme par tous les moyens.

 

Face au fascisme, il peut être nécessaire de conclure des alliances interclasses – et pas nécessairement électorales – si nous n’avons pas les moyens d’opposer au fascisme un antifascisme clairement de classe. Le FN ne répond plus à la définition du fascisme stricto sensu, il n’est plus la branche armée du capital mais peut la redevenir. À l’heure actuelle, il n’est donc pas nécessaire de participer à un « front républicain » avec le reste de la bourgeoisie non-fasciste pour combattre le FN.

 

6. Alsace

Le « sentiment alsacien » est à géométrie variable et difficile à évaluer, il peut faire l'objet de plusieurs réponses possibles. Chacun peut avoir sa propre interprétation du fait de sa subjectivité intrinsèque. Des critères plus objectifs (géographiques, linguistiques, ethniques, culturels, etc.) ne suffisent pas non plus à définir l'Alsace et les Alsaciens.

Communistes en Alsace, nous nous adressons de manière prioritaire aux classes laborieuses qui sont dans les rapports de production en Alsace, peu importe le degré de sentiment régional, leur origine, leur langue et leur culture.

Il est difficile de combler 20 ans d’abandon de la question alsacienne par le mouvement communiste par magie. Nous sommes résolus à entamer à nouveau des débats et analyses sur ce sujet. Nous voulons structurer nos réflexions notamment autour de la question de l’autonomie de l’Alsace, pour œuvrer à la conjugaison de l’autonomisme régional révolutionnaire avec les aspirations socialistes, pour que l’autodétermination nationale de l’Alsace constitue un pas en avant vers la réorganisation socialiste des relations entre les peuples. Nous voulons montrer les avancées sociales qu’une telle autonomie pourrait constituer pour l’ensemble des travailleurs d’Alsace.

Ainsi nous revendiquons :

  • Court terme : bilinguisme appliqué dans l’enseignement (français/allemand-alsacien), promotion de la langue et de la culture régionale, réappropriation des symboles alsaciens par le mouvement communiste (drapeau rouge et blanc, etc.), maintien du droit local (notamment en ce qui concerne l’assurance maladie), abolition du Concordat par référendum.
  • Moyen et long termes : autonomie avec auto-détermination du peuple alsacien (référendum pour une indépendance, etc).

Notre mot d’ordre : « Pour une Alsace libre et dans les mains de ses travailleurs ».

7. Principes d'organisation

La Fédération du MJCF 67 prend place au sein de l’organisation nationale qu’est le MJCF. Les textes issus de la Conférence fédérale sont complémentaires des textes du Congrès national.

 

L'adhésion

 

Le premier acte de tout militant est celui de l'adhésion. Cet acte est primordial pour le renouvellement de l'organisation et sa cohésion.

L’adhésion ne peut être anodine et ne doit pas être prise à la légère. Elle doit respecter une certaine procédure afin d'éviter tout entrisme par des éléments ennemis et parasitaires. L’un des problèmes du MJCF autant au niveau national qu'au niveau local est l'adhésion inactive dite « fantôme ». Ainsi, toute personne voulant adhérer au MJCF 67 se verra rencontrer un membre du Comité politique fédéral lors d'une entrevue visant à présenter l’organisation au nouvel adhérent et en savoir un peu plus quant à ses motivations et attentes en intégrant l’organisation.

Chaque adhésion doit être validée à l’unanimité par le Comité politique fédéral. Ce n'est qu'une fois l'adhésion validée que le nouvel adhérent se verra confier sa carte.

 

Droits et devoirs

 

L'adhérent a le droit de se présenter à toute élection interne comme candidat à des responsabilités. Il a le droit de vote et peut exprimer son opinion en interne.

Les devoirs sont notamment politiques : l'adhérent doit s'acquitter de sa cotisation, sinon il ne peut être considéré adhérent. Un adhérent ne pouvant payer sa cotisation à cause de difficultés financières peut payer en plusieurs fois, ou bénéficier d’une aide de l’organisation.
Son devoir le plus important est d'être communiste à tout moment possible. Il doit mener la lutte des classes partout. En temps de répression la lutte devient clandestine : ceux qui sont victimes de répression continuent la lutte mais dans la clandestinité.

L’adhérent doit s'efforcer autant que possible aux différentes formes de militantisme (manifestations, diffusions de tracts, travail de production idéologique dont articles, formations, etc).

La camaraderie est un devoir : l'adhérent doit respecter ses camarades et faire preuve de solidarité et de fraternité.

Si l'adhérent a une responsabilité, il doit accomplir sa tâche du mieux que possible. S'il ne peut pas accomplir cette responsabilité que l'organisation lui a confiée, il est dans l'obligation de la quitter.

Les secrétaires de secteur (lycéens, UEC) et de cellules ont le devoir d'appeler régulièrement à des réunions dans leur secteur, auxquelles tous les membres de ce secteur/cellule doivent être conviés. Ces réunions doivent être préparées à l'avance, et peuvent traiter de n'importe quel sujet.

 

Discipline et cohésion du groupe

 

La discipline est l’un des points les plus importants pour toute organisation révolutionnaire qui prétend lutter pour sa classe. L'indiscipline, le laxisme, l'individualisme et tout comportement petit-bourgeois ne peuvent pas être tolérés au sein de notre organisation. Afin d'éviter ce type de dérives, la cohésion et la discipline sont obligatoires.

Des stages de formations continus tout au long de l'année doivent être faits dans la mesure de nos capacités financières. Les stages consistent à des formations de plusieurs jours ou mi-journées où les adhérents apprennent et discutent sur la science marxiste-léniniste, sur les pratiques militantes (diffusion de tracts, tenue d'une table, prise de parole, etc.) et sur la discipline dans les moments politiques externes (sécurité, tactique et prise de décisions lors d'une manifestation, grève, insurrection). Ces stages doivent permettre la création d'un climat de camaraderie et de fraternité, et des pratiques sportives et d'auto-défense doivent être proposées.

Lors des tractages, boîtages, tenues de tables, porte-à-porte, etc., si le secrétaire à l'organisation n'est pas présent lors de ces activités, il doit déléguer un militant comme responsable de l'activité. Ce dernier aura comme responsabilité la réussite de l'activité. Il devra se procurer le matériel, s’assurer de sa bonne diffusion, de la formation des nouveaux militants pour l'activité, et sera apte à prendre la décision de l'arrêt de l'activité si des circonstances empêchent sa bonne tenue.

Lors d'une manifestation, une discipline de fer doit inspirer nos rangs. La manifestation est un moment politique important pour l'expression de notre idéologie et une démonstration de notre rapport de force face aux autres organisations. Elle doit inspirer l'exemplarité pour le peuple. Les militants ne peuvent pas être éparpillés lors d'une manifestation : nous devons être un bloc, car la visibilité de notre organisation est primordiale et encore plus primordiale est la sécurité de tous les camarades. Un responsable de la manifestation devra prendre les décisions s’il y a une situation de danger : le responsable sera le secrétaire fédéral ; s'il est absent, ce sera donc le secrétaire UEC, et en dernier recours le secrétaire à l'organisation. Un autre responsable sera chargé du Service d'Ordre. Celui-ci veille à la sécurité de chaque camarade, il doit rester près du responsable de la manifestation pour exécuter ses ordres. Si affrontements physiques il y a, le responsable SO doit déléguer des militants pour mettre en retrait tout camarade non-apte.

Afin de répondre au manque de cohésion, un signe distinctif sera donné aux adhérents. Un foulard rouge permettra de distinguer les jeunes communistes des autres organisations, il devra être porté lors des événements externes. Il sera remis lors d'une AG aux nouveaux adhérents et devra être reçu solennellement.

Lorsqu'un adhérent est mandaté pour une réunion avec d'autres organisations, il est dans l'obligation de donner l'avis et les exigences de notre organisation. Sa deuxième obligation est l'envoi d'un compte-rendu sur les décisions prises, les exigences des autres organisations et son appréciation personnelle sur les rapports de force.

 

Malheureusement, notre organisation n'est pas imperméable aux dérives bourgeoises et à l'entrisme. Lorsqu'un camarade est témoin d’un acte ou entend des propos inacceptables pour l'éthique communiste, il se doit de faire un rapport au Comité politique fédéral, afin qu'il puisse enquêter sur l'adhérent en question et, s'il est nécessaire, prendre les mesures adéquates.

 

Centralisme démocratique

 

Dans la mise en œuvre des décisions des organismes du Mouvement, les jeunes communistes observent une discipline librement consentie qui résulte de l'acceptation et de l'adhésion volontaire aux règles du fonctionnement démocratique du Mouvement. Cette discipline est un devoir pour tous les membres et toutes les organisations du Mouvement. Elle suppose la libre discussion des opinions et un travail persévérant d'explication et de conviction politiques auprès de tous les communistes. Après discussion, un adhérent peut conserver un point de vue différent ou un désaccord, sans mettre en cause l'application commune des décisions de la majorité.

 

Cellules et instances de direction locale

 

La cellule est l'instance souveraine de l'organisation. Elle se constitue dans le lieu de travail, de formation ou d'habitation des militants. Elle doit avoir un maximum de 7 adhérents. Tout adhérent doit être responsabilisé et doit avoir une tâche. Il y a trois responsables obligatoires dans une cellule : un secrétaire de cellule, un secrétaire à l'agitation et à la propagande, un trésorier.

La cellule doit assurer de manière permanente : la formation idéologico-politique des adhérents ; la connaissance et l'étude des réalités objectives où la cellule se déploie ; l’application des campagnes nationales et fédérales, si nécessaire en les adaptant aux réalités locales. Des campagnes internes à la cellule peuvent être faites et doivent rester dans le cadre de la ligne nationale et fédérale.

La cellule, en tant qu’instance souveraine, choisit ses responsables et s'en dote selon ses besoins. Le mandat est d'un an, sauf s'il y a de violation des autres principes d'organisation ; chaque responsable est révocable si la cellule le décide.

S'il n'y a pas de cellule dans l'endroit de travail, de formation ou d'habitation d’un adhérent, celui-ci a le devoir d'en constituer une. Tout l'aide matériel et humain doit lui être fourni par la Fédération afin qu'il réussisse dans cette tâche.

 

L'organe de direction fédérale est le Comité politique fédéral. Celui-ci doit être élu durant une Assemblée Générale fédérale annuelle sur une liste de 7 personnes ; tout camarade ayant plus de 6 mois dans l'organisation et ayant à jour sa cotisation peut prétendre à cette responsabilité. Le Comité politique fédéral choisit à son tour le Secrétaire fédéral, le Secrétaire à l'organisation, le Secrétaire à la propagande et le trésorier. En absence d'AG de la fédération, le Comité politique fédéral a l’autorité de prendre des positions en cohérence avec la ligne démocratiquement choisie et en suivant les enseignements de Marx, Engels et Lénine. Le Comité politique fédéral peut créer des collectifs ou des espaces démocratiques et souverains selon les réalités de la lutte.

 

Mesures disciplinaires

 

Tout adhérent peut tomber dans les déviations bourgeoises anti-communistes. Pour cela, des moyens doivent être mis en place pour conserver la cohésion de l'organisation.

Trois mesures disciplinaires sont possibles : le blâme, le retrait de responsabilités, l'exclusion. Ces mesures sont temporelles, l'adhérent puni peut être réintégré sur demande écrite au Comité politique fédéral. Ces mesures sont progressives sauf les cas les plus graves (viol, harcèlement, agression, vol à l'organisation) et doivent faire l’objet d’une enquête après le rapport de dénonciation.

Pour le blâme, c'est le Comité politique fédéral qui décide à la majorité suite à un rapport d'enquête réalisé par deux responsables. Le blâme consiste en une accusation et une présentation des faits lors d'une AG. L'adhérent en question se voit déchoir son droit à participer aux activités dans nos rangs et à porter le foulard lors des manifestations. C'est le Comité politique fédéral qui détermine la durée de la peine.

Pour le retrait de responsabilités, une Commission de conciliation présente les accusations et les propose en AG. Le vote doit être à la majorité.

Pour l'exclusion qui ne vient pas d'un cas grave, une Commission de conciliation présente les accusations et les propose en AG. Le vote doit être à la majorité. Pour la réintégration après exclusion, l'individu doit être coopté et sa réintégration doit être ratifiée par le Comité politique fédéral.

Textes d'orientation adoptés à la Conférence fédérale des Jeunes Communistes du Bas-Rhin (Strasbourg, 30 septembre 2017)

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