La transphobie tue, elle commence à l'université ! - Appel unitaire

Publié le 22 Novembre 2016

La transphobie tue, elle commence à l'université ! - Appel unitaire

L'Union des Etudiants Communistes de Strasbourg est signataire et soutient l'Appel unitaire "La transphobie tue, elle commence à l'université !" :

 

La transphobie tue, elle commence à l'université !.

Le 20 novembre, c'est la Journée internationale de la mémoire transgenre.

Cette journée, nous nous recueillons pour les victimes de transphobie assassinées ou poussées au suicide par un système excluant.

Nous nous recueillons pour des personnes qui meurent toute l'année.

Nous nous recueillons pour y penser tout le temps, et pour pousser encore un cri d'alerte pour les années à venir.

Combien de victimes encore pour réagir ?

La transphobie commence au niveau politique : par l'État, les collectivités ; et se perpétue dans les autres institutions et sphères sociales.

L'Université de Strasbourg EST concernée, en tant qu'institution et sphère sociale.

Parce que les étudiant.e.s trans sont plus sujet.te.s à être victimes de harcèlement au sein de leurs facultés, à abandonner leurs études.

Il n'y a qu'à regarder les nombreuses études à ce sujet, et parmi celles disponibles de nombreuses aux États-Unis notamment.

Parce qu'en France 69% des jeunes trans de 16 à 26 ans auraient déjà pensé au suicide, selon un rapport d'Homosexualité Et Socialisme daté de 2014, d'après une enquête réalisée en ligne.

Dans la vie d'un.e étudiant.e trans, la transphobie est un problème quotidien.

La politique universitaire actuelle mène au mégenrage, à l'outing forcé (la révélation publique de la transidentité d'une personne), à la mise en cause de la légitimité de l'identité de genre des étudiant.e.s, des prénom et pronom utilisés quotidiennement dans leur vie sociale, etc.

 

Nous profitions des élections du CA de l'Université pour passer cet appel.

Nous exigeons...

  1. le respect du prénom d'usage de tout.e étudiant.e, sur simple demande, sur tous les documents administratifs, pédagogiques ou autres (dossier étudiant, listes d'appel, résultats d'examens, carte étudiante, etc.),

C'est une mesure si simple à mettre en place. Elle ne gêne en aucun cas la reconnaissance administrative des étudiant.e.s, et des mesures similaires sont déjà mises en place dans des universités à travers le monde sans avoir à attendre les changements législatifs sur la mention du genre à l'état civil.

Elle facilite et allège le processus de transition. Elle évite une confusion qui peut survenir à tout moment quand l'étudiant.e et/ou son interlocuteur.rice est confronté.e à une identité qui n'est pas la sienne, alors même qu'on l'utilise quotidiennement, l'obligeant souvent à s'expliquer, à être confronté.e au regard des autres, pouvant ainsi mettre son intégrité physique et morale en danger, la réduisant toujours au genre qu'on lui a assigné à la naissance.

 

  1. la formation et la sensibilisation du personnel administratif et pédagogique de l'université en contact avec les étudiant.e.s aux problématiques trans,

Si doute il y a sur l'identité de genre des étudiant.e.s, éviter les « Monsieur/Madame », éviter de genrer, sinon demander les prénoms à utiliser. Préférer un contact inclusif, non-genré, non-discriminant. Être préparé.e à recevoir des étudiant.e.s trans, à les orienter vers les procédures qui pourraient les concerner comme le changement de prénom.

 

  1. la demande à tou.te.s les étudiant.e.s par leurs professeur.e.s, au moins à chaque début d'année, du pronom qui leur correspond le mieux,

Pour signifier à tou.te.s les étudiant.e.s, quelle que soit leur identité, que nous sommes les bienvenu.e.s en tant que nous-mêmes. Pour offrir un espace sécurisé, en désarçonnant dès le début les préjugés potentiels des classes sur l'identité de genre, et une ouverture aux personnes trans qui n'osent pas faire leur scolarité sous l'identité de genre qui leur correspond et en souffrent. Ce pronom est ensuite respecté par l'ensemble des professeur.e.s, sauf bien entendu rectification de la part d'un.e étudiant.e quant au pronom à utiliser.

 

  1. la formation et la sensibilisation des responsables associatifs aux problématiques des étudiant.e.s trans, pour garantir une vie associative inclusive,

Les événements associatifs où les rôles de genres sont caricaturés, cloisonnés, et autres événements sexistes, homophobes, biphobes, transphobes, etc., sont oppressifs pour les personnes trans, binaires ou non-binaires. Il est nécessaire d'informer sur les mots, les comportements, les règles à suivre, les représentations qui seraient le relai de cette oppression.

 

  1. la mise en place de toilettes neutres sur le campus,

À l'Université comme partout, les étudiant.e.s transgenres et les personnes non conformes dans le genre en général, comme les autres, ont besoin d'utiliser les toilettes, mais se retrouvent souvent à ne pas pouvoir soit par crainte du regard que vont porter les autres sur le genre (réel ou supposé) qui leur a été assigné à la naissance, soit parce que ce sont personnes assignées garçon à la naissance mais d'une identité ou expression de genre féminine qui souhaitent utiliser des urinoirs, soit parce que ce sont des personnes non-binaires qui ne se reconnaissent ni d'un côté ni de l'autre...

Il existe des toilettes neutres dans de nombreux lieux publics. Nous ne demandons pas la construction d'autres toilettes, encore moins la désignation de toilettes « pour personnes trans ». Nous ne demandons à ce qu'on réfléchisse à ne plus genrer les toilettes : pourquoi pas toilettes avec urinoirs et toilettes sans urinoirs ? Avant de se poursuivre ainsi avec les toilettes collectives, en même tant qu'on sensibiliserait sur l'enjeu d'une telle mesure pour éviter les réticences, cela peut commencer très simplement par les toilettes individuelles ; et en attendant garantir l'accès à tout le monde aux toilettes de son choix.

 

  1. les développement des études de genre et plus largement des études culturelles, postcoloniales, etc., en elles-mêmes et dans l'ensemble des filières universitaires.

L'enseignement et la recherche ne doivent pas céder face aux illuminé.e.s de la « théorie du genre ». Elle doit ouvrir ses disciplines aux aspects analytiques et critiques des études de genre, pour prendre conscience de la construction des genres, du rôle du genre dans tous les domaines de la vie sociale, même à l'Université. L'enseignement du genre à l'Université doit également pouvoir décentrer le regard de la binarité du genre occidentale pour voir les rôles et les identités de genre ailleurs dans le monde, mais également l'intersection entre genre, race et classe.

 

À l'attention de l'Université de Strasbourg et de ses composantes,

un appel du Collectif Copines avec Support Transgenre Strasbourg

Publié dans #LGBT+, #Université

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