Nos bourses, c'est la vie !

Publié le 4 Décembre 2011

Nos bourses, c'est la vie !

Article de l’Humanité du 02 décembre.

Alors que Laurent Wauquiez relativisait, mercredi, les retards de bourses qui affectent actuellement les étudiants les plus précaires, les syndicats restent aux abois et invitent à poursuivre les mobilisations devant des Crous exsangues.

« Oui, il y a à peu près une dizaine de jours de retard et j’en suis désolé. Et c’est un sujet que je ne prends pas à la légère parce que c’est vrai que quand on est étudiant boursier et qu’il y a dix jours de retard, ça fait des vraies difficultés à l’arrivée sur le compte en banque. » Interpellé mercredi matin par une auditrice de France Inter sur les retards de bourses du mois de novembre, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a encore une fois abusé des euphémismes : pour les étudiants les plus malchanceux, celles-ci ne sont en effet pas tombées avec dix jours mais bien trois ou quatre semaines de retard. Ce que Laurent Wauquiez ne semble pas comprendre, trop affairé à draguer les « classes moyennes », c’est que pour les enfants des classes populaires, les « vraies difficultés » ne sont pas de simples soucis d’argent de poche, mais une impossibilité de payer le loyer, de se nourrir correctement, voire de se soigner. diminution de budget pour 21 Crous sur 28 !

« La couleuvre est un peu dure à avaler au moment où l’immense majorité des étudiants se trouve plongée dans une situation sociale et sanitaire dramatique », s’étrangle Marion Guenot, de l’UEC, qui rappelle au passage le récent suicide d’un étudiant « en grande détresse » dans une chambre de cité U. Mercredi, les rassemblements devant les Crous se poursuivaient dans plusieurs villes pour réclamer des garanties quant aux bourses de décembre. A Bordeaux ou à Reims, ils dénonçaient également la promesse d’un 10e mois de bourse, qui, non seulement n’a pas été tenue, mais n’a fait que décaler les versements : octobre en septembre, novembre en octobre, etc.

Pour l’Unef, ces délais élastiques n’ont rien d’un dysfonctionnement provisoire, puisqu’ils sont la conséquence logique du projet de loi de finances 2012, « qui prévoit une diminution de budget pour 21 Crous sur 28 ! » « Nous sommes extrêmement inquiets pour décembre, il n’y a que 50 millions d’euros, ce n’est pas assez », confirme Emmanuel Zemmour, le président du syndicat majoritaire, qui entend d’ores et déjà organiser la solidarité sur les campus pour assister les étudiants dans le besoin. Selon lui, il est intolérable que les étudiants fassent les frais de la rigueur. « Il vaudrait mieux économiser sur les exonérations d’impôt aux entreprises liées au crédit impôt recherche, qui affichent 1,7 milliard d’euros de hausse entre 2007 et 2012. » Une suggestion dont le ministre ne prendra pas acte, puisque, selon lui, « la situation est réglée ».

Publié dans #Université

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