Fermeture de la bibliothèque Blaise Pascal : les grands projets à l'heure de l'austérité à la fac

Publié le 20 Janvier 2017

Fermeture de la bibliothèque Blaise Pascal : les grands projets à l'heure de l'austérité à la fac

Prochainement, la bibliothèque des sciences Blaise Pascal va fermer ses portes afin d’être démolie. Ces travaux ont pour but l’érection d’un nouveau bâtiment, le Studium. Cela aura des répercussions sur tous les étudiants de l’Université, qui sacrifieront leurs conditions d’études pour un projet que, théoriquement, devrait améliorer celles des futurs étudiants. Cependant, l’investissement de sommes colossales dans ce projet soulève d’autres contradictions : pourquoi lance-t-on de telles constructions onéreuses tout en diminuant les ressources allouées à l’éducation supérieure ?

 

Le premier facteur évident de désagréments suite à la fermeture de cette bibliothèque est la dispersion de centaines d’étudiants dans les autres bibliothèques, U2/U3 et BNU notamment. Il était déjà difficile de trouver une place en bibliothèque aux heures de pointe, on anticipe donc avec envie les heures que nous passerons désormais pour trouver une place afin de simplement pouvoir travailler. Des espaces de travail, individuels ou en groupe, sont essentiels pour la réussite de nos études. Ils sont mêmes indispensables pour de nombreux étudiants n’ayant pas les moyens d’avoir un hébergement proche du campus, ne pouvant donc pas rentrer chez eux entre deux cours, du fait de la longueur des trajets et de leur dépendance aux transports en commun. De cette augmentation de la concentration d’étudiants dans les bibliothèques, et de la suppression temporaire de la bibliothèque des sciences, découle une nouvelle augmentation des trajets, renforçant l’isolement de nombreuses facultés par rapport aux lieux propices au travail.

Un autre problème réel est celui des vacataires (souvent étudiants) travaillant dans les bibliothèques. La suppression temporaire d’un lieu de travail va disséminer le personnel contractuel de Blaise Pascal dans les autres bibliothèques, et créer un surplus de force de travail… qui entraînera très probablement à des suppressions de postes d'étudiants-vacataires. Ces postes sont pourtant des opportunités pour éviter aux étudiants de sombrer dans la précarité, et s’avèrent d’un certain secours en cas de difficultés financières. Mais bien évidemment la direction de l'université est disposée à dépenser des sommes absurdes pour rénover un bâtiment mais non pas à subvenir à la précarité étudiante et sécuriser des emplois.

 

Il faut toutefois noter que des solutions temporaires ont évidemment été mises en place pour compenser la perte de Blaise Pascal ; en témoigne par exemple l’aménagement du troisième étage de la bibliothèque U2/U3. Ces désagréments valent-ils le coup d’attendre qu’une bibliothèque soit remplacée par une autre bibliothèque ? C’est ce que laisse entendre l’Université, puisque le projet Studium est d’envergure (https://www.unistra.fr/index.php?id=parc_central#c110079). Permettant jusqu’à un millier d’étudiants d’y accéder en même temps, sur 6630 m², le nouveau bâtiment offrira aussi 37 salles de travail. A titre de comparaison, la bibliothèque U2/U3 n’offre que 450 places sur 3000 m², et la BNU 617 places. Plus qu’une bibliothèque, le Studium s’inscrit dans la liste de plus en plus longue des Learning Center, ayant pour but de créer un pôle centralisé d’informations, de recherches et de travail pour les étudiants au sein des universités. On y trouvera ainsi aussi bien le Service de la Vie Universitaire (SVU), les Presses Universitaires de Strasbourg (PUS), que des espaces de travail.

 

Mais ne nous leurrons pas ici : un grand projet implique de grandes dépenses. En l’occurrence, le projet Studium a un coût de 30,2 millions d’euros. Nous sommes en droit de nous demander si un bâtiment comme celui-ci vaut vraiment une telle dépense : même si ce projet permettra d’obtenir un bon cadre de travail pour les étudiants, cela vaut-il vraiment le coup d’investir une telle somme pour au final relocaliser et centraliser des services déjà existants ? La bibliothèque Blaise Pascal, malgré certains défauts, remplissait correctement sa fonction de lieu de travail pour les étudiants. La question de l’intérêt d’une telle dépense se pose surtout au vu des politiques d’austérité qu’a subi l’université ces dernières années. Rappelons par exemple le budget 2014 (http://uecstrasbourg.over-blog.com/2014/01/les-20-de-trop-message-d%E2%80%99alerte-de-l%E2%80%99intersyndicale-de-l%E2%80%99universit%C3%A9-de-strasbourg.html), qui a provoqué un grand mouvement de contestation, à cause par exemple de la diminution de 20 % des dotations des composantes, ou des dizaines de gels de postes. Rappelons que les budgets 2015 (http://uecstrasbourg.over-blog.com/2014/12/bloquer-le-conseil-d-administration-de-l-universite-de-strasbourg-seule-solution-face-a-un-budget-inacceptable.html) et 2016 (http://uecstrasbourg.over-blog.com/2015/11/de-l-assemblee-generale-publique-du-9-novembre-a-une-reelle-mobilisation-etudiante-contre-le-budget-2016.html) ont étés incapables de redresser véritablement la tendance. Rappelons les effets catastrophiques des lois LRU et Fioraso de ces ces dernières années (http://uecstrasbourg.over-blog.com/2014/01/la-loi-fioraso-dans-l%E2%80%99impasse.html). Quel est l’intérêt de dépenser des dizaines de millions dans une bibliothèque si c’est pour d’un autre côté promouvoir des budgets désastreux ? Pourquoi construire un learning center ultramoderne si c’est pour supprimer des TD et étudier dans des amphis délabrés ?

 

Nous avons besoin de lancer des véritables politiques de redressement de l’Université publique. L’argent investi dans l’Université n’est pas perdu, bien au contraire : investir dans l’Université, c’est directement investir dans le futur de toute la société, pour le progrès des connaissances. L’Union des Étudiants Communistes de Strasbourg appelle à un réinvestissement massif d’au moins 3 milliards d’euros dans l’enseignement supérieur, pour que nous puissions tous profiter d’un apprentissage de qualité dans des conditions de travail optimales, et pour que des projets de rénovation n'aient pas des conséquences néfastes sur nos études !

 

Union des Étudiants Communistes de Strasbourg – cellule Sciences

Publié dans #Université

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